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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°26,25 juin 2012  >  «La centrale nucléaire désaffectée de Hamm-Uentrop a-t-elle eu un impact sur l’environnement?» [Imprimer]

«La centrale nucléaire désaffectée de Hamm-Uentrop a-t-elle eu un impact sur l’environnement?»

En 2012, des élèves font des expériences scientifiques

hd. «Jugend forscht» («La science appelle les jeunes»): Dans le cadre du concours régional de Dortmund, la jeune collégienne de 11 ans Samantha Seithe a reçu le deuxième prix en février 2012. Ce prix distingue un travail méritant une attention particulière et devrait influencer l’avenir des prochaines générations dans la région. Avec son mentor, le géologue Achim Hucke, Samantha a découvert des faits que la politique officielle aurait préféré dissimuler.
En 1986 et 1987, une série d’accidents nucléaires ont eu lieu en Allemagne dont les circonstances ne sont toujours pas élucidées à fond. Accident du réacteur à haute température au thorium (THTR) de Hamm-Uentrop le 5 mai 1986, accident du réacteur de la Gesellschaft für Kernenergieverwertung in Schiffbau und Schifffahrt mbH GKSS de Geesthacht le 12 septembre 1986, accident au sein de l’entreprise Nukem (Hanau) en janvier 1987. Ces accidents ont en commun le fait que l’on peut trouver aujourd’hui encore dans les environs des microboulettes qui, selon leur composition, dégagent des rayonnements alpha, bêta ou gamma. Quand elles sont très petites, on les respire avec la poussière sans s’en rendre compte et elles se déposent dans les poumons. Les leucémies et autres cancers indiquent que le rayonnement radio­actif libéré provient d’un mélange spécifique de radionucléides. Grâce au travail de Samantha Seithe, on a découvert pour la première fois également dans les alentours de la centrale nucléaire charbon de Hamm-Uentrop des microboulettes comme celles trouvées il y a assez longtemps à Hanau-Wolfgang, Marschacht, Tespe et Geesthacht.
«Horizons et débats» a demandé à Samantha Seithe et à son mentor de répondre ensemble à nos questions.

Horizons et débats: Samantha, après la catastrophe de Fukushima, tu as décidé de te pencher sur le sujet Centrales nucléaires et environnement. M. Hucke t’a aidé dans ton travail. Vous vous doutiez-vous que ce sujet était une des questions nucléaires les plus brûlantes en Allemagne, c’est-à-dire celle des microboulettes découvertes dans les environs des centrales nucléaires?

Samantha Seithe et Achim Hucke: Non, jusqu’à leur découverte, nous ne savions absolument pas comment se présentait le combustible nucléaire et qu’il y avait eu des accidents dans les centrales nucléaires allemandes. Le seul problème nucléaire que nous connaissions par les médias était celui de l’élimination des déchets radioactifs. On pense toujours que chez nous en Allemagne, tout est bien surveillé, que tout va bien.

Avant de choisir ce sujet, étiez-vous, ainsi que vos connaissances, déjà au courant du problème de l’augmentation des cas de cancers aux alentours de la centrale de Hamm-Uentrop?

Oui, nous savions qu’il y avait eu beaucoup de cancers dans la commune de Welver et que beaucoup de jeunes en étaient morts. La population les attribue toujours à la centrale et nous supposions qu’on ne nous dit pas tout ce qui se passe dans les centrales.

Samantha, tu as recueilli des données très précieuses sur la durée de vie de 35 000 habitants des communes environnant la centrale. Cette statistique a montré que l’espérance de vie moyenne dans le proche voisinage de la centrale est nettement inférieure. A quoi as-tu pensé lorsque tu as considéré le résultat de ta statistique?

J’ai eu pitié de ces malheureux qui habitaient – et habitent toujours – près de la centrale. Nous avons été effrayés de la clarté des résultats obtenus qui se reflètent sur la maquette.

En mai 1986, quelques jours après Tchernobyl, il y a eu un accident au THTR de Hamm-Uentrop. Cet accident a été évalué de niveau 0 sur l’Echelle internationale des événements nucléaires (INES). Le «Spiegel» a publié un article qui dissimulait l’ampleur de la contamination de l’environnement. 26 ans après, il apparaît que d’étranges microboulettes se sont répandues dans l’environnement, ce qui pourrait expliquer les dommages que nous avons mentionnés. Tu as écrit que ton mentor t’a déconseillé de poursuivre tes recherches en raison des risques. As-tu l’intention de les poursuivre?

Je ne peux ni ne veux poursuivre directement mes recherches sur les boulettes car c’est trop dangereux. Ce sont des résultats effrayants que nous n’avons pas encore publiés. Nous attendons encore le résultat écrit définitif de l’analyse efféctuée à l’étranger qu’on nous a promis pour bientôt.
M. Hucke a effectué pendant une année une étude géologique et procédé à une analyse statistique précise des 35 000 durées de vie. En outre, plusieurs scientifiques et physiciens nucléaires se sont joints au groupe de travail de M. Hucke. Ce qui est ressorti de ces travaux est la constatation d’une contamination considérable.

Avez-vous demandé l’avis de spécialistes sur les boulettes?

Oui. Nous les avons montrées à Mme Schmitz-Feuerhake, professeur de physique, et à l’ingénieur Gabriel. Forts de leur longue expérience à Geesthacht et à Hanau, ils ont tous les deux identifié les boulettes et, grâce à des premières mesures, confirmé leur radioactivité. La direction de la centrale et l’autorité de surveillance nucléaire ont prétendu ne pas les connaître.

Samantha, dans la poursuite de tes recherches sur le sujet, peux-tu compter sur le soutien de la direction de ton collège?

Mon école n’a rien eu à voir avec mon projet. M. Hucke me donne des cours privés de sciences depuis 4 ans déjà et est mon mentor pour Jugend forscht. Nous travaillons en ce moment sur une découverte faite à proximité du THTR que même les spécialistes n’ont pas pu expliquer.

Merci à vous deux et bonne chance!

* * *
[Remarque de la rédaction: Comme certains de nos lecteurs nous l’ont fait savoir, les élèves du 2e cycle du secondaire (lycées, écoles professionnelles, etc.) posent très souvent, depuis la catastrophe de Fukushima, des questions concernant l’impact des centrales nucléaires sur l’environnement. Comme les réponses doivent être scientifiquement correctes et précises et non pas dictées par l’«affectivité» et les préjugés, il faudrait trouver un moyen de transmettre les questions à des scientifiques. Cela pourrait inciter les élèves à choisir de nouveau les disciplines scientifiques grâce à une forte motivation. Avec ses 11 ans, Samantha est encore très jeune, mais quelle performance! Nous la félicitons du sérieux qu’elle manifeste.]    •