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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°3, 21 janvier 2008  >  Courrier des lecteurs [Imprimer]

Courrier des lecteurs


Le sol, entité non agrandissable, objet convoité de la spéculation

La terre, l’air et l’eau sont les trois fondements de la vie des humains, des animaux et des plantes. En Suisse, un quart de toute la surface de la Suisse est cultivée, dont 483 000 hectares étaient jadis de la surface d’assolement (division des terres labourables en surfaces ayant chacune une culture différente). Mais cette surface se réduit dans une proportion inquiétante: actuellement, chaque seconde qui passe voit un mètre carré de terre cultivable changer d’affectation. Cela représente quarante kilomètres carrés à l’année! L’économie pratique ce changement d’affectation sans hesiter tout en se référant de plus en plus à des investisseurs étrangers; comme s’il s’agissait d’un supermarché où on remplit les étagères avec des marchandises.
Ce phénomène, appelé «revalorisation écologique» affecte surtout les terres arables du Mitteland, où chaque année on supprime 6500 hectares de terre cultivées pour y promouvoir l’essor de la branche économique  «nouvelle nature et écologie». Cette suppression de ressources pour l’approvisionnement agricole s’accompagne d’une immigration annuelle de 30 000 à 50 000 personnes, ce qui revient à déséquilibrer substantiellement le rapport entre les ressources naturelles et la population, aux frais des générations prochaines.
Sur le plan du développement économique la protection de la terre est un sujet triste dont on ne parle pas. Les lois visant à protéger le sol ne valent rien si le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication et le Département fédéral de l’intérieur ne font pas de la protection du sol une priorité politique. Malheureusement, les intérêts économiques apparaissent actuellement plus importants que le maintien de la terre cultivée et des surfaces d’assolement.
La politique de traitement des sols, dite durable, qui a prévalu jusqu’à présent et qui a fait ses preuves, n’existe plus qu’en théorie. Les surfaces d’assolement sont remplacées sur les écrans des planificateurs par des zones livrables sans contraintes à l’économie.
Les prises de vue par satellite permettent pourtant de dresser une carte d’exploitation et de faire apparaître notre concept de l’espace. Il faut y recourir, pour démontrer aux citoyens le système écologique de haute valeur que l’agriculture suisse a patiemment mis en place au cours du temps. On doit aussi rendre transparente, publiquement, la situation de la surface entière et montrer quelle part du sol les développements projetés consommeront. Des experts de l’environnement doivent établir un rapport sur la compatibilité des développements projetés avec les ressources du sol disponibles. Cette notion de proportion et celle de «consommation de la terre» doivent être admises et intégrées dans la planification.
La protection de l’environnement ne doit pas seulement s’engager dans la protection écologique de la nature. Nous devons déterminer quelle surface de sol et combien d’espace vital restent encore pour la population. Obnubilés par la croissance, beaucoup de gens oublient que le traitement désinvolte de la terre nous mène au dilemme: l’opulence amenant obligatoirement la pénurie ou le respect de la terre et un développement mesuré. Dans les deux cas, et malgré les promesses de la mondialisation, c’est la terre qui fixera en définitive ce dont nous disposerons pour vivre. Alors défendons et sauvons notre terre avant que les spéculateurs, inconscients des enjeux à long terme, ne créent des conséquences irréversibles ou forcent l’Etat à imposer de nouveau à l’agriculture le devoir de garantir l’approvisionnement de la population!
Werner Grimm, Herrenschwanden BE


Chômage en Allemagne de l’Est

Je voudrais remercier chaleureusement les auteurs Maria et Georg Koch, pour le réalisme de leur article (Horizons et débats, n° 44 du 12/11/07).
Selon les médias la cause du chômage en Allemagne de l’Est, ce sont les chômeurs eux-mêmes. Comment peut-on dire cela, quand même les employés des agences de travail ne peuvent rien proposer: des places de travail, il n’y en a pas!
Je travaille comme femme de chambre à l’hôtel décrit dans l’article, malheureusement seulement à temps partiel. Bien que j’aie quatre formations professionnelles, et en dépit de beaucoup de candidatures, il n’y a pas d’emploi à plein temps à l’horizon. Il n’y en a même pas en tant que femme de ménage. Je suis heureuse d’avoir au moins un mini-travail dans cet hôtel.
Si l’évolution se poursuit selon l’Agenda 2010, les Länder de l’Allemagne de l’Est seront la maison des pauvres de l’Allemagne. Je ne vois aucun avenir positif dans notre région pour mes 4 enfants.
Monika H., Bad Muskau (D)



Il n’existe pas de projet de Grande Hongrie

hd. Nous reproduisons ci-dessous deux ­lettres de lecteurs, la première parue dans notre édition allemande Zeit-Fragen no 47 du 26/11/07 et la deuxième dans Zeit-­Fragen no 3 du 14/1/08.

L’article de Karl Müller intitulé «L’Allemagne et l’Europe du Sud-Est – Qui se trouve à l’origine du projet allemand de reconnaissance unilatérale du Kosovo?» paru dans Horizons et débats no 43 du 5 novembre 2007 contient des affirmations que nous, Hongrois, devons réfuter. Consacré en grande partie aux efforts d’indépendance du Kosovo et à la politique allemande qui les favorise, il tient trop peu compte de la Hongrie.
Je voudrais tout d’abord revenir sur l’affirmation selon laquelle la Hongrie joue un rôle particulier dans les projets d’organisation du continent eurasien dans l’esprit de la politique américaine. Nous ne pouvons pas confirmer cette idée. Au contraire, les grands classiques de la stratégie américaine, tels Spykman, ­Brzezinski ou Huntington, ne mentionnent même pas la Hongrie dans les livres où ils analysent les intérêts à long terme de l’Amérique. Cela concorde avec ce que le sénateur Tom Lantos, le président de la Commission des Affaires étrangères, a déclaré récemment à Viktor Orbán, président de la Fidesz, c’est-à-dire que Washington «ne pense pas beaucoup à la Hongrie». Les Etats-Unis sont la seule superpuissance mondiale à avoir des intérêts globaux. Ils se préoccupent peu de la Hongrie parce qu’ils s’intéressent surtout à la Chine, à l’Inde, à l’Iran, à l’Irak, à la Russie et à leurs relations avec l’Union européenne. En revanche, la Hongrie devrait plutôt ­craindre l’influence croissante de la Russie et l’actuelle politique pro-russe du gouvernement hongrois. Contre les solutions de l’UE, ­Ferenc Gyurcsayáni essaie de soutenir la construction des gazoducs russes.
Selon Karl Müller, la Slovaquie est une victime des actions germano-américaines. Le 8 octobre, la Frankfurter Allgemeine Zeitung a publié un article si critique à l’égard de l’actuel gouvernement slovaque que l’ambassade de la République de Slovaquie s’est vue obligée de répliquer par une mise au point détaillée. Toutefois, il est légitime de critiquer la politique slovaque des minorités lorsqu’elle agit de manière vraiment inadmissible à l’égard de la minorité hongroise. Les autorités slovaques ont traité de manière très étrange l’affaire Malina Hedvigs, étudiante hongroise de Neutra qui a été rouée de coups. Elles ont commencé par dire qu’elle avait menti et n’ont pas cherché à interroger certains témoins ocu­laires. Les journalistes qui ont enquêté n’ont pas pu s’exprimer sur les chaînes de télé­vision. Et maintenant que l’on a appris, une année après, que certains détails des rapports de police n’avaient pas été pris en compte, la police et certains ministères avouent qu’ils ont commis une erreur. De plus, la Slovaquie n’est pas disposée à abroger les décrets Beneš qui dénient collectivement tous droits aux Hongrois de Tchécoslovaquie et aux Allemands et constituent, avec d’autres dispositions, une partie importante de la législation tchécoslovaque. Ni la Slovaquie ni la République ­tchèque ne sont disposées à abroger ne serait-ce qu’une partie de cette législation. Au contraire, les deux Etats renforcent ces lois par d’autres décrets parlementaires. Ce sont des questions qui compliquent également la collaboration avec l’Union européenne, si bien que nous devons affirmer qu’il existe de bonnes raisons de critiquer la Slovaquie.
En outre, l’article contient des allusions à des efforts de suprématie de la Hongrie et à ses projets irrédentistes1. D’après l’auteur, des désordres seraient fomentés en Vojvodine, au nord de la Serbie, dans le but de recréer l’ancienne Grande Hongrie. Ce n’est naturellement pas exclu. Mais ce qui est exclu, c’est que ces désordres aient attiré l’attention de la Hongrie et de la communauté internationale. En réalité, la minorité hongroise de Vojvodine est la seule qui n’ait pas fait de démarches sérieuses pour se détacher de la Yougoslavie ou de la Serbie alors que même le Monténégro a déclaré son indépendance bien qu’aucune raison religieuse ou linguistique ne le sépare de l’ancienne Serbie. Ni les minorités hongroises de Vojvodine, de Roumanie, d’Ukraine, de Slovaquie, d’Autriche ou de Slovénie ni la politique officielle de la Hongrie ne contiennent d’aspects irrédentistes. Même l’extrême droite n’a pas ce genre d’objectifs dans son programme, à la différence d’autres pays.
Je voudrais également réfuter l’affirmation selon laquelle la Hongrie a été autrefois la plus importante alliée de l’Allemagne nazie en Europe du Sud-Est. On parle souvent de la Hongrie comme du dernier partenaire de l’annexion et de l’Autriche comme de la première victime. Pourtant des centaines de milliers d’Autrichiens ont salué l’annexion. Un million de soldats sont entrés dans la Wehrmacht et, jusqu’à la fin de la guerre, ils n’ont même pas essayé de s’en détacher. En revanche, la Hongrie a été occupée par les Allemands, avant tout parce qu’elle s’opposait à la guerre. Nos tentatives de médiation en politique étrangère n’ont pas été reconnues par les pays occidentaux et la puissance occupante a empêché notre tentative de rompre avec l’Allemagne.
Cependant Karl Müller a sans aucun doute raison quand il écrit que «toute alternative à la politique de grande puissance doit être examinée et soutenue le cas échéant». Je suis tout à fait d’accord avec ses conclusions et je pense que l’on ne peut pas prendre des décisions arbitraires et trahissant l’ignorance concernant le destin d’un pays, comme ce fut le cas au XXe siècle. Cela ne vaut pas seulement pour la Serbie mais également pour le Kosovo. L’attachement de la Serbie à son berceau historique, qui joue un rôle clé dans l’identité serbe, est compréhensible. Pourtant on ne peut pas négliger le fait qu’en­viron 90 % des habitants du Kosovo sont des Albanais qui ont droit à l’autodétermination. C’est une question délicate et je donne raison à Karl Müller: elle doit être réglée dans le cadre de conventions de paix et en vue de la stabilité. Elle ne doit pas être sacrifiée à la politique de puissance des Etats-Unis, de l’Allemagne ou de la Russie. Certes, il est possible que le Kosovo proclame son indépendance. La question est de savoir si la Serbie peut manifester son mécontentement, si les regrets, la douleur des citoyens du Kosovo ou de la Serbie sont justifiés. Ou ne peut-on pas considérer ces efforts comme de l’irrédentisme, dont on accuse depuis quatre-vingts ans les Hongrois en Serbie, en Roumanie, en Slovaquie et maintenant aussi en Suisse?
Il serait indiqué d’intervenir en faveur de la paix, en toute indépendance et contre la politique des grandes puissances qui ne cesse de se modifier et ignore totalement les intérêts des petits peuples. Peut-être faudrait-il considérer à nouveau l’étude que j’ai présentée en 2005 au congrès de Mut zur Ethik à Feldkirch et qui était intitulée Paix dans le bassin des Carpates. Le texte de cet exposé pourrait compléter le présent article et celui de Karl Müller. Je suis persuadé que la réalisation du concept formulé par écrit pourrait nous rapprocher de la paix, indépendamment, voire à l’encontre des intentions des grandes puissances. Cela nous aiderait du moins à dire les choses comme elles sont et à favo­riser une vision politique claire.
C’est l’objectif du congrès de ­l’Atelier national des enseignants, qui aura lieu du 22 au 24 février 2008. Ce congrès, soutenu notamment par le groupement européen Mut zur Ethik, aura pour thème les rapports entre l’Etat et l’éducation. Ont été invités, entre autres, des intervenants de Roumanie et de Slovaquie, Etats voisins, pour approfondir les questions d’identité et de paix.
Károly Baranyi, Budapest

1 Dans son sens général, le terme d’irrédentisme «qualifie l’attitude politique nationaliste qui considère comme souhaitable l’annexion de certains territoires appartenant à un ou plusieurs autres Etats et ayant autrefois fait partie de leur Etat, ou dont la population est considérée par ces nationalistes comme ethniquement ou linguistiquement apparentée à la population majoritaire dudit Etat, ou encore comme devant ‹légitimement› y être rattaché.» (Wikipedia)



La place du Kosovo dans la politique hongroise

La lettre de lecteur de Kàroly Baranyi «Il n’existe pas de projet de Grande Hongrie» ressemble fort à une réponse polémique qui devrait mettre en doute l’affirmation de Karl Müller sur les répercutions internationales d’une éventuelle déclaration d’indépendance unilatérale du Kosovo et de ses conséquences pour la Hongrie (en fait la République magyare) et les pays voisins. Dans l’ensemble les conclusions sont considérées comme des futilités; on y insère des arguments insignifiants et d’aspect secondaire, donc non convaincants.
L’auteur prétend que l’avenir du Kosovo ne présente aucune relation avec la Hongrie. C’est non seulement faux, mais induit en erreur. La Hongrie a suivi attentivement les négociations internationales concernant le Kosovo (en 2006, la ministre hongroise des Affaires étrangères, Ginga Könc s’est rendue au Kosovo), soutient ouvertement l’idée d’un Etat du Kosovo indépendant, cela malgré les préjudices causés à la minorité magyare en Voïvodine, où se sont installés les Serbes chassés du Kosovo, modifiant ainsi la composition ethnique de la région.
Le parti de la minorité hongroise en République slovaque SMK (parti de la coalition magyare) se tient en attente et s’en remet à la prise de position des organes internationaux, la représentation politique slovaque ayant pris une position de refus. L’éventuelle déclaration d’indépendance du Kosovo – qu’elle soit unilatérale ou avec le soutien de la communauté internationale – provoquerait un précédent aux conséquences internationales dans la question des frontières d’un Etat souverain. On retrouverait le cas de Munich lorsque les quatre grandes puissances décidèrent, en 1938, au nom de la sauvegarde de la paix, de céder au Reich allemand une partie du territoire tchécoslovaque, ce qui aboutit à une révision des frontières, fixées dans les traités de paix conclus après la Première Guerre mondiale.
Aujourd’hui, il s’agit de la première modification de la mise en place territoriale en Europe après la Seconde Guerre mondiale (lors de la formation des nouveaux Etats en Europe centrale et du sud-est en 1989, il s’agissait d’une séparation interne, sans rapport avec l’étranger). La déclaration d’indépendance du Kosovo provoquera une radicalisation de la politique hongroise des minorités.
Köver, l’un des représentants du parti Fidesz [dont Viktor Orban, leur chef, fut Premier ministre hongrois et se trouve aujourd’hui à la tête du plus grand parti hongrois d’opposition] déclara, il y a quelques années, qu’une politique des minorités modérée n’avait aucune chance d’aboutir et que les minorités qui avaient combattu les armes à la main avaient arraché des droits plus importants.
Dans ce contexte, il faut souligner que le peuple albanais a déjà fait valoir son droit à l’autodétermination (cf. l’existence de la République albanaise); de ce fait, la partie de cette population sise au Kosovo ne peut plus revendiquer ce droit.
Au travers de la question du Kosovo se dessine, sans conteste, une radicalisation de la politique du parti de la minorité hongroise en Slovaquie (SMK), une tension voulue dans les relations entre la Hongrie et la Slovaquie, de même que la formation d’une troupe paramilitaire des extrémistes de droite en Hongrie, la dénommée Garde hongroise; cela avec le soutien masqué du parti d’opposition Fidesz. C’est avec des organisations de volontaires du même type et les détachements «Szabadcsapatok», formés sur le modèle des «corps francs» des Allemands des Sudètes, que le peuple slovaque se trouva confronté sur son propre territoire en 1938, alors que la Hongrie se préparait à agresser la Tchécoslovaquie.
La plus grande désinformation, destinée à tromper les lecteurs, consiste à prétendre qu’il n’existe pas de tentative de faire renaître la Grande Hongrie et que l’irrédentisme1 ne trouve pas de terreau favorable en Hongrie. Le traumatisme causé par le traité de Trianon2 est maintenu bien en vue. Après 1990, on rénova les monuments, érigés contre le traité de Trianon, avec les inscriptions originales, au caractère irrédentiste. Une large littérature, de caractère révisionniste et de diffusion internationale, est de nouveau publiée. Des films sont présentés, dans lesquels on montre des soldats hongrois installés dans des régions des pays voisins dans les années allant de 1938 à 1941. On ne cesse de parler de frontières justes (Victor Orban mentionne souvent le fait que les frontières officielles ne correspondent pas aux limites ethniques, il évoque la possibilité de réunir la nation hongroise au-delà des frontières) et de l’intégration graduelle dans l’Etat hongrois de la partie du peuple qui se trouve à l’étranger. Le passé de la Grande Hongrie est idéalisé; on en utilise les symboles et une terminologie datant d’avant-guerre pour l’ensemble de ce territoire, de même que des cartes de cette époque. L’éducation scolaire donne également dans cet esprit. On voue un culte à l’ancienne Hongrie et les nouvelles frontières du traité de Schengen sont considérées comme un acte de suppression des frontières d’après guerre et le début d’un rétablissement de celles d’avant 1918. Est-ce que cela suffit?
Le cas de Hedviga Malinovà est à considérer dans un ensemble. Une campagne anti-slovaque ciblée fut engagée déjà en mai 2006 avant les élections parlementaires en République slovaque. On y utilisa les méthodes qui avaient fait leur preuve en Voïvodine et en Transsylvanie: accusations comme quoi il y aurait eu des slogans anti-hongrois peints aux murs, réactions désagréables de la population envers la langue hongroise, attaques physiques contre des ressortissants de la minorité hongroise, une limitation des droits civiques de la minorité hongroise, entre autres. Puis, apparut, dans un vidéoclip sans signature, la mise à feu d’un drapeau hongrois et l’on peut s’attendre à ce qu’il apparaisse dans les stades de football des panneaux aux inscriptions anti-slovaques et exaltant la Grande Hongrie.
Dès le cas de Hedviga Malinovà, l’ensemble de la presse hongroise, de même que l’opinion publique, prétendit qu’il s’agissait d’un signe d’intolérance et de haine avec en arrière plan une insinuation anti-hongroise, tout cela uniquement du fait que Hedwiga Malinovà parle hongrois (alors que la langue hongroise est largement parlée à Nitra). L’intervention énergique des organes politiques slovaques a empêché que cet incident ne provoque une tension; de ce fait, toute cette campagne anti-slovaque artificielle prit fin du jour au lendemain.
En ce qui concerne la culpabilité collective, ainsi que les décrets Beneš, ce sont les grandes puissances de la coalition anti-hitlérienne qui ont décrété le principe de la culpabilité collective en 1945 et elle fut utilisée non seulement en Tchécoslovaquie, mais aussi en Hongrie contre la minorité allemande. Les fameux décrets Beneš furent inclus après la guerre dans le système légal du nouvel Etat tchécoslovaque, ils étaient la conséquence de cette guerre et ils sont maintenant «caducs» par rapport au droit, ils ont succombé à la force du temps. Ils ne comptent plus dans le système de droit actuel, ni en République tchèque, ni en Slovaquie, ce que l’UE avait constaté lors de l’adhésion des deux pays.
Le gouvernement hongrois et le parti SMK ont tout intérêt à obtenir la restitution des biens qui ressortent des décrets Beneš mais qui furent réglés il y a longtemps. Les questions de droit de propriété ont été réglées en 1945 par le traité concernant l’armistice, en 1946 par l’accord sur l’échange de populations, par le traité de paix avec la Hongrie dans la même année et par des négociations entre les gouvernements tchécoslovaques et hongrois qui furent conclus en 1949 et auxquels on mit fin définitivement en 1964.
Ladislav Deák*

*Le professeur Ladislav Deák, docteur en sciences, historien et savant slovaque, spécialiste des relations slovaco-hongroises.
1 Irrédentisme: mouvement national réclamant l’annexion des territoires où se trouvent des minorités de la même langue.
2 Le traité de Trianon, signé le 4 juin 1920 et ratifié le 13 novembre, consacra le démantèlement de la Grande Hongrie