Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°16/17, 26 avril 2011  >  Editorial [Imprimer]

Editorial

ev. Dans son discours mémorable intitulé «Notre point de vue suisse» prononcé le 14 décembre 1914 devant le groupe zurichois de la Nouvelle Société helvétique, Carl Spitteler en appelle à la cohésion nationale à une époque où les conflits politiques entre Etats européens et les prises de parti pour l’un ou l’autre camp menaçaient de déchirer la Suisse. Ce qu’il évoque, ce ne sont pas seulement les arguments de realpolitik de son temps. Il interpelle ses compatriotes à propos de principes fondamentaux pour un pays né non pas à la suite de conquêtes ou de la fondation par la force d’une dynastie mais avant tout de l’esprit des coopéra­tives et des associations volontaires visant à sauvegarder la plus grande autonomie possible. Et cette volonté n’est pas particulière à un des groupes de population – Suisse alémaniques, Romands, Tessinois ou Rhéto-romans – mais générale. Au-dessus des nombreuses différences, il y a le sentiment de cohésion, celui d’appartenir à la Suisse multilingue qui s’est forgée au cours des siècles et la volonté de la sauvegarder. «Voulons-nous ou ne voulons-nous pas rester un Etat suisse, qui, vis-à-vis de l’étranger, représente une unité politique?», demande-t-il et il veut que l’on assume ses responsabilités tout d’abord là où l’on est appelé à le faire en premier lieu, c’est-à-dire dans la famille. Beaucoup des sujets que ­Spitteler aborde dans son discours sont aussi actuels et importants qu’à l’époque. Son appel en faveur de la modestie en matière de politique hégémonique, de l’abandon de cette politique aux grandes puis­sances, est aujourd’hui tout autant un sujet de réflexion qu’autrefois. Dans un monde en bouleversement dans lequel les puissances financières luttent pour un nouvel ordre et où la violence et la guerre continuent de faire partie de l’arsenal de cette politique, l’exhortation de Spitteler à ne pas nous laisser induire en erreur par des arguments partisans parce qu’ils sont liés à tel ou tel parti, à ne pas nous laisser entraîner à approuver le canon de la politique hégémonique, est plus actuelle que jamais. La neutralité est l’expression naturelle d’un petit Etat dans lequel le peuple a le dernier mot et non cette politique hégémonique, Etat dont les principaux objectifs ne sont pas la puissance et le prestige mais avant tout la réalisation des idées républicaines d’un maximum de liberté et d’autonomie de l’individu et d’intérêt général. Aujourd’hui comme alors. Et que personne ne se lamente que la situation actuelle est difficile! La génération de 1914 devaient faire face à de grandes difficultés, et cela dans une situation de pauvreté relative, mais elle s’est montrée honnête. Et nous pouvons le faire aujourd’hui aussi, à condition de le vouloir. Etre plus sincères, plus honnêtes, songer à l’intérêt général, c’est tout ­simple! •

Notre prochain numéro paraîtra le 9 mai.