La «Ceinture verte européenne», mainmise centraliste sur les peuples

mn. Dans ses derniers numéros, Horizons et débats a montré que le concept des quelque 30 parcs naturels a été concocté dans l’officine néolibérale de l’UE, que les directives concernant ces parcs ont été copiées sur le Schéma de développement de l’espace communautaire (SDEC) et que les parcs naturels sont pilotés de manière centralisée par des groupes d’action locale en vue de l’introduction du concept LEADER. Les parcs naturels, de même que d’autres groupes, sont intégrés dans le Réseau européen pour le développement rural (REDR), cela à l’insu de la population suisse.
Dans ce contexte, il est intéressant de savoir que le concept dépasse déjà les frontières européennes. Dès 2004, le Bund Umwelt- und Naturschutz Deutschland (BUND) avait lancé le projet Grünes Band Deutschland qui déclarait réserve naturelle le no-man’s-land de 50 à 200 m de large séparant l’ancienne RDA de la RFA. Le projet Ceinture verte européenne a été lancé en 2004, à Budapest, lors d’une conférence internationale financée par l’Office fédéral allemand de protection de la nature. Ce long ruban situé le long de l’ancien rideau de fer, de la Finlande à la Grèce, a été déclaré réserve naturelle. «L’Initiative elle-même est supervisée par un «coordinateur ceinture verte» au sein de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Le secrétariat de l’Initiative est hébergé dans les bureaux régionaux pour l’Europe à Bruxelles.¹ Le secrétariat de Bruxelles détermine les «principes de fonctionnement» de la Ceinture verte européenne en accord avec les «points focaux nationaux» (c’est-à-dire les coordinateurs régionaux). Pour l’Europe centrale (tronçon RFA-Croatie), il s’agit du bureau d’études BUND.
Les réflexions sur la signification écologique de la Ceinture verte européenne montrent qu’il ne s’agit qu’apparemment de protection de la nature: «En outre, l’initiative vise aussi à mieux harmoniser les activités humaines avec l’environnement naturel, pour un développement socio-économique plus durable et soutenable pour les communautés lo­cales.»² Cette Ceinture verte vise notamment à «relier entre eux les parc nationaux».
Si les loups, les ours et Cie doivent pouvoir se déplacer du nord au sud de l’Europe entre tous les habitats, les humains européens ne risquent-ils pas d’être amenés à vivre dans des réserves, d’être quasiment bantoustanisés? Sous prétexte de protection de la nature, les populations et les Etats souverains tombent sous la coupe du pouvoir central.
L’élève de Heidegger Hans Jonas est l’un des pionniers de ce genre de stratégie. «Une élite avec des loyautés secrètes et des finalités secrètes» devrait, selon lui, instaurer une «tyrannie bienveillante, bien informée et animée par la juste compréhension des choses» qui prenne «des mesures que l’intérêt individuel ne s’impose pas spontanément et qui peuvent difficilement faire l’objet d’une décision dans le processus démocratique.»³
A moins que les citoyens vigilants ne se rebellent contre ce genre de machinations écototalitaires, comme l’ont fait ceux de la Suisse centrale qui ont refusé catégoriquement les parcs naturels par la voie des urnes. Bien avant toute écologie (profonde), par respect pour la Création, la Suisse a développé, dans un esprit de responsabilité et d’indépendance, une politique de protection de la nature qui a fait ses preuves pour le bien des hommes et de la nature et qui ne nécessite aucune modification idéologique, et surtout pas sous cette forme autoritaire qui nous est tout à fait étrangère.    •

1     http://fr.wikipedia.org/wiki/Ceinture_verte_européenne
2    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ceinture_verte_européenne
3    Hans Jonas, le Principe responsabilité. Une ­éthique pour la civilisation technologique, ­Flammarion