«L’engagement de la Suisse pour une cohabitation pacifique des peuples»Réunions de travail bilatérales avec les présidents des Parlements russe et suissepar Thomas KaiserLes rapports qu’entretiennent la Suisse et la Russie ont toujours été particuliers au cours de l’histoire. Dans différents livres leur relation est documentée. Dans le livre «Käser, Künstler, Kommunisten»1 [Fromagers, artistes, communistes] les biographies de quelques personnalités sont documentées et il y est décrit de quelle façon ils ont œuvré dans leurs pays respectifs. Une longue tradition d’échange réciproque est née et persiste jusqu’à nos jours. Déjà au XVIIe siècle, Pierre le Grand a nommé le Suisse François Lefort (1656-1699) premier amiral de la marine nouvellement créée. De même, des Suisses ont joué un rôle important dans la formation russe et, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, dans l’économie croissante. Non seulement des Suisses étaient fascinés par la Russie, mais dès le XVIIIe siècle, on observe un mouvement croissant de la Russie vers la Suisse. Surtout Genève devint la capitale russe en Suisse et cette ville offrit à beaucoup de Russes une nouvelle patrie.2 La Russie a soutenu la neutralité suisseLorsque, pendant le Congrès de Vienne de 1814/1815, l’Europe fut réorganisée après les guerres napoléoniennes, la Russie a vigoureusement soutenu l’idée de la neutralité suisse, finalement reconnue par les grandes puissances européennes au niveau du droit international. Le tsar Alexander Ier, «disciple du Suisse Fréderic César de La Harpe»3, y a joué un rôle décisif. Depuis ce temps-là, la Suisse bénéficie jusqu’à nos jours d’un rôle exceptionnel au sein de l’Europe. En tant qu’Etat neutre, entouré d’Etats ayant dû céder une partie de leur souveraineté en raison de leur appartenance à une alliance, la Suisse peut toujours décider de sa propre politique. Grâce à cette situation particulière, divers groupes de personnes persécutées pour des raisons politiques en Europe se sont réfugiées en Suisse au cours du XIXe et XXe siècle. La tradition humanitaire de la SuisseLes révolutionnaires sociaux russes, révoltés contre le régime tsariste et poursuivis par la Tcheka, la police secrète tsariste, se sont souvent réfugiés en Suisse. Là, le système démocratique les protégeait et la tradition humanitaire leur accordait refuge. A cette époque-là, Genève est devenu un centre de révolutionnaires sociaux russes bénéficiant d’une grande liberté en Suisse. Des représentants de l’anarchisme russe tels Piotr Kropotkine et Michael Bakounine agirent un certain temps depuis la Suisse dans leur patrie. Des dirigeants des Mencheviki tel Georgi Plekhanov ou Véra Zassoulitch s’installèrent à plus long terme en Suisse, étant donné que tous ceux qui s’engageaient en faveur de la démocratie étaient poursuivis. La personnalité la plus connue était certainement Vladimir Ilitch Oulianov, nommé Lénine, qui trouva protection à Genève et Zurich devant la police secrète russe, jusqu’à son retour en Russie en 1917. Des investisseurs suisses en RussieAprès la fin de la Seconde Guerre mondiale, les deux pays se sont efforcés à normaliser leur relation. La preuve est qu’ils ont entamé en 1946 des pourparlers diplomatiques. L’année prochaine, la Russie et la Suisse célébreront le jubilé de 70 ans de relations diplomatiques. Medvedev loua le secret bancaire suisseLa qualité des relations russo-suisse s’est manifestée aussi ces derniers temps. La visite officielle de deux jours de Dmitri Medvedev en 2009 était l’expression d’une grande estime envers la Suisse. Dans un de ses discours, il s’opposa aux pressions sur la Suisse de quelques Etats de l’UE et des Etats-Unis, défendit le secret bancaire suisse et le prisa en tant que droit protégeant la personnalité. A l’époque, c’était le seul Etat qui prenait position aussi clairement en faveur de la Suisse. Lors de cette visite le chef d’Etat Medvedev reprit l’idée de Mikhaïl Gorbatchev, d’édifier une architecture de sécurité commune en Europe5, et il invita la Suisse à y participer. Aujourd’hui, les citoyens seraient heureux, vu la crise en Ukraine, s’il y avait en Europe une architecture de sécurité empêchant les conflits ou aidant à les résoudre de manière pacifique. Mémorandum d’ententeLorsque en 2014, la Suisse présidait l’OSCE, elle s’efforça de prendre ce chemin vers davantage de paix en Europe. Grâce à l’acceptation de la neutralité suisse, on a réussi à trouver une conciliation entre les partis du conflit en Ukraine, dont les structures de base étaient aussi le résultat de l’engagement suisse. La Suisse est applaudie de tous pour son engagement, aussi du ministre des Affaires etrangères russe Sergueï Lavrov qui, durant cette période, a entamé à maintes reprises le dialogue avec des représentants suisses, en particulier avec le conseiller fédéral Didier Burkhalter. 1 Käser, Künstler, Kommunisten; éditeurs: Eva Maeder et Peter Niederhäuser, Zurich 2009 Communiqué de presse Relations interparlementaires Suisse-RussieRéunions de travail bilatérales avec le président de la Douma d’Etat et la présidente du Conseil de la Fédération de Russie en marge de la 133e assemblée de l’Union interparlementaire à GenèveLe 20 octobre 2015, le président du Conseil national, M. Stéphane Rossini, s’est entretenu avec le président de la Douma d’Etat, M. Sergueï Narychkine, au sujet des relations bilatérales entre la Suisse et la Russie. La veille, le président du Conseil des Etats, M. Claude Hêche, avait fait de même avec la présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Mme Valentina Matvienko. Genève, le 20 octobre 2015 Services du Parlement |