Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°51, 10 décembre 2012  >  Grèce – le projet Patoinos, une voie pour sortir de la crise [Imprimer]

Grèce – le projet Patoinos, une voie pour sortir de la crise

Se rappeler ses forces originales, faire revivre l’agriculture paysanne locale et développer un agro-tourisme compatible avec l’environnement

par Josef Zisyadis

hhg. Toute personne qui a voyagé en Grèce pendant les années septante a été impressionnée par l’hospitalité et la richesse des produits artisanaux et agricoles qui permettaient à la population locale de se procurer une base de vie modeste. C’est ainsi qu’à Patmos, l’île la plus au nord du Dodécanèse dans la mer Egée, on cultivait en ce temps-là sur des terrasses divers cépages dont le vin était très prisé en Egypte. Avec le nouvel intérêt pour le tourisme de masse, l’agriculture et la viticulture ont pratiquement été abandonnées.
Avec le projet Patoinos, Josef Zisyadis, double national suisse et grec, théologien et ancien conseiller national, fait revivre ces origines de l’île de Patmos. En collaboration avec quatre vignerons vaudois, il a loué le «Domaine de l’Apocalypse» du monastère local. Il est prévu d’y planter 2000 ceps et d’y créer une école du vin. Grâce à une presse à olives de la Toscane, il sera de nouveau possible de récolter les olives pour en faire de l’huile. En outre, on rassemble des semences locales pour créer une banque de graines insulaires qui sera gracieusement mise à disposition des habitants de Patmos et des îles voisines. Ce magnifique projet comporte aussi le développement d’un agro-tourisme compatible avec l’environnement. Ainsi, avec le projet Patoinos, a débuté avec succès une collaboration au développement féconde entre la Suisse et la Grèce.

Le projet de développement et de réhabilitation de la viticulture à Patmos est en accord avec le renouveau de la viticulture grecque. Riche de centaines de cépages, totalement inconnus en Europe de l’Ouest, la Grèce s’est engagée il y a une vingtaine d’années dans une modernisation de la vinification et un développement de petites propriétés tenues par des vignerons-encaveurs soucieux de conserver le patrimoine viticole national. Cette évolution vers la qualité, vient après celle des autres pays du sud de l’Europe. Mais il est fort probable que ces prochaines années, la viticulture grecque se fera connaître autrement que par des vins standardisés de grandes caves à dimension internationale. Le respect et la conservation de cépages légendaires seront son principal atout dans le futur.?

20 «strèmes» de viticulture biodynamique

Nous avons comme projet global de reconstituer un vignoble. Nous envisageons une superficie totale de 2 hectares ou 20 «strèmes» (selon l’habitude grecque). Les terrains de plusieurs tenants seront loués. L’encépagement serait constitué à deux tiers de cépages blancs et un tiers de cépages rouges.
Ces cépages seront tous autochtones, en priorité le cépage blanc assyrtiko. Il s’agit de se pencher sur les racines insulaires et s’efforcer de vinifier des vins au caractère régional, grâce à des variétés de cépages anciens.
La viticulture que nous développerons sera une viticulture respectueuse de l’écosystème, une viticulture biodynamique.
La mécanisation sera de type légère, telle que nous pouvons la voir dans les vignobles de coteaux en Europe. Cela favorisera aussi la main d’œuvre locale avec l’utilisation des mulets et permettra de réaliser un concept de viticulture la mieux intégrée dans l’île.
Le produit de ces terres permet d’espérer une production annuelle d’environ 10 000 bouteilles aux normes européennes (75 cl), soit 7000 bouteilles de blanc et 3000 bouteilles de rouge. L’aspect primordial est d’aménager une cave moderne permettant l’élaboration de produits de très bonne qualité.
La cave comprendra les locaux de réception de la vendange, les chais de stockage, des locaux techniques, des bureaux, le caveau de dégustation, un local de réception des visiteurs et clients, un musée des traditions populaires, ainsi qu’un pressoir d’huile d’olive. L’architecture sera conforme aux traditions séculaires de l’île, afin d’en faire un ensemble parfaitement intégré au paysage.

A Petra, le projet agro-écologique Patoinos?

Le site choisi est le sud de l’île, à Petra, une vallée verte presque toute l’année, située au bord d’un golfe avec une embouchure assez ouverte qui se prolonge par le rocher de Kalikatsou. Ce choix délibéré doit permettre de créer une image au futur vin. La cave doit être aussi un lieu de communication important qui doit permettre d’accueillir des visiteurs. Ce domaine de 3 hectares au total
est loué au Monastère Saint-Jean-le-Théologien qui a apporté son appui, à travers son Igoumène Antipas, à ce projet agro-écologique.

Des vins de qualité, d’abord pour la consommation locale

La partie œnologique reposera sur la connaissance de la vinification et non sur un excès de technologie. Elle reposera sur la simplicité et la qualité de la cuverie. Il est envisagé de climatiser la cave, notre intention est de développer et rechercher l’utilisation d’énergies renouvelables (énergie solaire et éolienne). La cave doit être dimensionnée suffisamment pour permettre le développement éventuel ultérieur du vignoble de l’île et des îles environnantes, donc d’augmenter le volume du vin. Cette cave disposera de locaux de réception pour la clientèle locale et pour les visites touristiques de groupe.

Une structure de travail modeste

La structure de travail se composera d’un directeur, d’un œnologue qui s’occupera également de l’aspect viticole et d’un ouvrier viticole. Selon les saisons, du personnel auxiliaire saisonnier sera aussi indispensable.

Des coopérations internationales

Le projet entend mettre en place un système de coopération avec une école de viticulture suisse. Cela donnerait la possibilité à des étudiants étrangers de se confronter aux spécificités d’une viticulture insulaire et de pouvoir bénéficier à Patmos d’un certain «know how». Des liens ont déjà été noués avec l’école de viticulture de Changins VD qui s’est aussi déclarée prête à ouvrir ses portes à de jeunes Grecs qui désireraient en profiter pour une formation spécifique.
En outre, une équipe de vignerons vaudois (Suisse) aura en charge un accompagnement œnologique et viticole au projet.??

Un projet agro-écologique d’ensemble

Dernier volet de ce projet local: Nous pensons que l’offre touristique d’une visite de Cave sera un élément de plus dans l’attrait de Patmos. Cela permettra d’organiser des «fêtes des vendanges» et de créer ainsi une animation culturelle, en redonnant vie à des traditions autrefois vivaces. La disparition de l’agriculture sur ces îles a été également un élément de paupérisation de sa population, de ses racines, de ses traditions et une désertification lente de ses terres.
Il est ainsi prévu de créer un caveau de dégustation, faisant connaître les vins de la Cave, mais aussi la diversité des cépages grecs du nord au sud. Ces dégustations seront associées aux produits locaux (fromage, pain, légumes) qui semblent reprendre vie, après des années d’assoupissement.
Un pressoir d’huile d’olive sera implanté. Cela permettra de valoriser les oliviers du domaine de Petra, mais aussi à toute la population de l’île de reprendre le travail de récolte des olives et de production d’huile locale pour les besoins individuels ou la restauration.
Conjointement, un musée des traditions populaires liées à la viticulture, devra permettre aux visiteurs de prendre connaissance d’une réalité disparue, par le biais de quelques instruments retrouvés ou de photos d’époque.
La Cave permettra aux différentes associations écologiques et d’agriculture paysanne d’avoir un lieu de rencontre et de sensibilisation de la population, ainsi qu’une annexe de leur banque de graines insulaires.    •