Un pas en avant

L’interdiction des bombes à sous-munitions est envisagée

thk. Le 28 mai, 109 Etats se sont prononcés pour l’interdiction totale des armes à sous-munitions à Dublin. C’est un succès remarquable, même si les plus grands producteurs d’armes à fragmentation, notamment la Chine, la Russie, les USA, Israel, l’Inde et le Pakistan n’ont pas participé à cette conférence et ne veulent pas reconnaître le traité. Néanmoins, cet accord est un succès et montre que beaucoup de pays prennent ce sujet très au sérieux. Même la Grande-Bretagne, qui a joué un rôle déplorable dans les guerres en Irak et en Afghanistan, a participé à la conférence pour – selon le Premier ministre britannique Gordon Brown – ouvrir la voie en espérant que d’autres Etats suivront son exemple.
Quand 30 Etats auront ratifié ce traité, l’interdiction entrera en vigueur. Cet accord exige que les Etats signataires cessent l’usage, la production et le commerce de ces armes et qu’ils aient détruit leurs stocks dans les 8 ans. Outre cela, les Etats s’engagent à aider les victimes.

En quoi consistent les bombes à sous-munitions?

Lors de la guerre du Vietnam, et déjà lors de la guerre de Corée, les USA ont utilisé des bombes à fragmentation. Ces bombes se présentent sous la forme d’un conteneur dans lequel sont logées des centaines voire des milliers de sous-munitions. Ces «mini-bombes» ou bomblettes, dont la taille est similaire à celle d’une canette de Coca, sont larguées par avion ou hélicoptère et sont souvent dotées d’un parachute pour qu’elles touchent le sol dans la bonne position. Elles peuvent aussi être larguées au moyen de canons ou lance-roquettes.
De cette façon, elles sont répandues sur des surfaces étendues explosant de façon incontrôlée et détruisant ainsi des objectifs au hasard. Si ces bomblettes n’éclatent pas au contact du sol, elles s’enfoncent dans le sol et deviennent de vraies mines antipersonnel dont la dangerosité est supérieure en raison d’une charge explosive beaucoup plus forte. Les victimes sont avant tout des civils. Encore aujourd’hui, plus de 30 ans après la fin de la guerre, des hommes, des femmes et très souvent des enfants meurent au Vietnam suite à l’explosion de telles munitions.
En 2006, pendant les derniers jours de la guerre au Liban, Israël a largué plus d’un million de bombes à sous-munitions, transformant ainsi de larges surfaces en champs de mines meurtriers qui posent encore aujourd’hui de grands problèmes à la population civile. Plusieurs centaines de per­sonnes, avant tout des enfants ont été tués par ces bomblettes.
Bien sûr que ce traité a encore des la­cunes, bien sûr que cela pose problème que les grands pays producteurs de ces munitions meurtrières ne soutiennent pas ce traité. Toutefois il faut agir. Faut-il attendre que les «grands» soit prêts à collaborer ou vaut-il mieux agir sans eux? Cette munition a fait de tels dégâts et provoqué de telles souffrances qu’il n’y pas de temps à perdre avant d’agir de façon conséquente et unie. Un pas important a été franchi.    •

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