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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°41, 17 octobre 2011  >  «Si chacun agit au mieux à sa place, le monde se portera mieux.» [Imprimer]

«Si chacun agit au mieux à sa place, le monde se portera mieux.»

Interview de Markus Hausammann, président de l’Association thurgovienne de l’agriculture

hd. Il est de grande importance que la Suisse puisse bénéficier d’une bonne agriculture en pleine santé. Les produits suisses ont acquis un haut standard de qualité. Ce savoir, développé pendant des siècles, est très apprécié dans les efforts de développement et de coopération et permet à notre pays de le transmettre. Dans l’interview qui suit, le président de l’association thurgovienne de l’agriculture («Verband Thurgauer Landwirtschaft»), Markus Hausammann, explique ce qui donne à l’agriculture sa qualité et quelle est l’importance de la famille dans ce domaine.

Horizons et débats: L’agriculture thurgovienne a connu un grand essor. Est-ce dû à la bonne formation des jeunes agriculteurs ou y a-t-il d’autres facteurs?

Markus Hausamman: Les jeunes paysans et paysannes bénéficient en Thurgovie d’une formation moderne et d’avenir. Les maîtres d’apprentissage, l’Association thurgovienne de l’agriculture, ainsi que le centre de formation professionnel BBZ Arenenberg, travaillent en étroite collaboration. Les entreprises performantes sont des modèles pour le développement des domaines agricoles; de plus les jeunes gens peuvent compter sur une aide moderne en matière de conseil. Le fait qu’il se trouve en Thurgovie quelques grandes entreprises de transformation et de commerce entraîne un renforcement mutuel.

Quelle importance attribuez-vous à la famille et à la bonne entente qui doit exister dans cette cellule de base de notre société?

Il est de première importance pour le développement durable de la société que chacun et chacune se sentent en phase avec leur entourage. Une atmosphère de famille intacte en est la meilleure condition préalable; il faut toutefois y travailler constamment.

Comment pourrait-on redonner une force à la jeune génération? Pourrait-on envisager un service rural bénévole pour les jeunes qui y seraient intéressés? Cela leur fournirait des bases pour une éventuelle aide future aux pays en développement; cela leur donnerait dans les faits, et pas seulement dans des leçons apprises par ordinateur, des connaissances dans les soins aux animaux et en général dans l’écologie.

L’association Agriviva offre déjà aux jeunes gens âgés entre 14 et 25 ans des stages bénévoles dans des familles d’agriculteurs. Chaque année environ 2500 jeunes en profitent. Dans le temps, ce service était même obligatoire pour les écoliers du secondaire, ce qui avait un effet multiplicateur. Il est certain que de nos jours une participation des jeunes est particulièrement souhaitable: cela éviterait que certains attendent devant les grands magasins que les poules viennent y pondre leurs œufs. Vous trouverez de plus amples informations sur www.agriviva.ch.

Comment pourrait-on améliorer les rapports entre les populations campagnardes et urbaines, alors que les médias ont causé de forts dégâts à ce sujet au cours de ces dernières années.

A mon avis, les dommages sont moins graves qu’il n’y paraît. Notre paysannerie continue à bénéficier d’un grand respect de la part de la société, du fait de ses performances. Ce n’est pas dû au hasard. Grâce à notre forte productivité, nous sommes en mesure non seulement d’approvisionner largement la population en aliments de haute valeur, mais encore d’assurer des milliers d’emplois en amont et en aval. Nos efforts en matière d’écologie sont également appréciés.

Ne devrions-nous pas reprendre conscience que nous sommes toutes et tous des citoyens et citoyennes de notre pays, de notre canton, de notre commune et pas seulement des producteurs et des consommateurs? Cela signifierait que le dialogue s’installerait de nouveau à un niveau où tout un chacun se sentirait accepté dans sa personnalité?

Assurément! Le franc fort actuel montre bien que nous ne voyons pas plus loin que le bout du nez, tant dans nos réflexions que dans nos actions. Alors que notre pouvoir d’achat est l’un des plus forts du monde, nous délaissons notre propre production et nos biens pour aller en chercher au-delà de nos frontières. Nous n’avons donc pas conscience que nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis et des dégâts que nous causons à notre propre économie. C’est au moment où les emplois seront remis en cause qu’on se réveillera.

Où faudrait-il, selon vous, mettre l’accent? Au début de l’été, vous avez été élu à l’unanimité président de l’Association thurgovienne de l’agriculture.

Dans l’explication et dans l’information. On n’y est toutefois crédible que dans la mesure où l’on sait se comporter correctement soi-même et ainsi montrer l’exemple. Adolph Kolping avait déjà dit au XIXe siècle: «Si chacun agit au mieux à sa place, le monde se portera mieux.»

Nous vous remercions pour cet entretien.    •