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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°24, 16 juin 2008  >  Pourquoi les Allemands doivent «marcher au grondement des canons» [Imprimer]

Pourquoi les Allemands doivent «marcher au grondement des canons»

km. Le Lieutenant général britannique Richard Shirreff, commandant de la Force de réaction rapide (Allied Rapid Reaction Corps) de l’OTAN et le ministre de la Défense allemand Franz Josef Jung sont d’accord pour que les troupes de l’OTAN et la Bundeswehr allemande restent encore au moins 10 à 15 ans, peut-être plus longtemps, en Afghanistan. Jung a fait cette annonce après l’expédition là-bas de 1200 soldats allemands supplémentaires. A ce sujet, le 3 juin, le gouvernement allemand a déclaré fièrement: «Parmi eux se trouve le 250 000e soldat de la Bundeswehr qui participe à une intervention à l’étranger.» Dans cette déclaration on peut lire plus loin que l’Allemagne «détruirait l’œuvre de reconstruction internationale en Afghanistan» si elle retirait ses soldats du pays.
Cette «œuvre de reconstruction» est caractérisée comme suit par Zoya, spécialiste afghane dans le domaine des droits de la femme, dans un entretien avec le journal «junge Welt» daté du 5 juin: Dans le gouvernement afghan, «il y a des barons de la drogue et des gens qu’une grande partie de mes compatriotes aurait préféré voir devant le tribunal des crimes de guerre. […] La vie quotidienne n’est pas devenue plus facile et nous avons à faire avec les mêmes ennemis qu’avant l’occupation. Les troupes étran­gères sont complètement superflues. Elles n’ont apporté ni la démocratie ni plus d’électricité dans notre pays. Elles n’empêchent pas non plus que des êtres humains meurent de faim ou de maladies pourtant curables. D’autres vendent leurs filles parce qu’ils ne peuvent pas les nourrir.»
L’ambassadeur russe en Afghanistan, Zamir Kabulov, dit: «Il n’y a pas une seule erreur de l’Union Soviétique que la communauté internationale ne commette pas ici en Afghanistan.» (cité d’après www.onlinejournal.com du 3 juin) Il parle d’une sous-estimation de la nation afghane due à une opinion erronée de l’Occident concernant sa propre supériorité, à une méconnaissance des structures sociales et ethniques du pays, de même qu’à un manque de compréhension vis-à-vis des traditions et de la religion. Les occupants ne connaissent pas du tout la vie quotidienne des Afghans et se retranchent derrière leurs fusils dans des véhicules blindés. Avec l’extension de l’engagement d’armées privées qui ne tiennent plus aucun compte des principes de droit, les nouveaux occupants sont même encore pires que l’armée rouge. Et: Il n’y a aucune aide réelle pour la population souffrante.
Le ministre de la Défense allemand Jung a déclaré que l’engagement des soldats allemands en Afghanistan est une intervention à haut risque, «avec danger de mort». Rune Solberg, commandant de la troupe d’intervention rapide norvégienne jusqu’à la fin juin qui doit être alors relayée par une troupe d’intervention allemande, confirme que l’armée allemande doit «s’attendre à un nombre plus élevé de victimes en Afghanistan». (Südwest­deutscher Rundfunk SWR du 4 juin)
Le Pakistan doit également être combattu et les accords conclus avec les Afghans sur le territoire pakistanais situé à la frontière afghane doivent être brisés. Selon un porte-parole de l’OTAN à Kaboul, les activités des «Talibans» en Afghanistan auraient doublé depuis ces accords. C’est l’agence de presse russe RIA Novosti qui a transmis ces propos le 5 juin. Le nouveau commandant de la troupe de la FIAS en Afghanistan, le général américain David Mkkiernan, commandant des troupes américaines au début de la guerre illégale contre l’Irak, donc un criminel de guerre, n’a pas seulement annoncé de manière énergique une attitude plus rigoureuse contre l’Afghanistan, mais aussi une expédition prochaine au Pakistan. Le Pakistan est déjà bombardé maintenant par l’armée aérienne américaine contre la volonté du nouveau gouvernement pakistanais. Cela suit d’ailleurs la ligne exprimée par le candidat américain à la présidence Barack Obama (cf. «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 3/8/07).
De plus, le général britannique Shirreff est certain que les soldats allemands sont prêts à augmenter leur engagement dans la guerre: «Je sais que mes camarades allemands, en tant que véritables soldats, marcheraient volontiers au grondement des canons.» (cité d’après blog.focus.de/wiegold/)
Déjà en janvier 2007, le porte-parole de la direction de la deuxième banque allemande, la Commerzbank, Klaus-Peter Müller, a déclaré devant le Nationalen Lehrgang für den Generalsstab-/Admiralstabsdienst (LGAN) [cours national du service de l’Etat-major et des Amiraux]: «Celui qui démantèle des camps de formation pour terroristes dans l’Hindou Kuch», diminue également la «prime générale d’insécurité dans l’économie et sur les marchés financiers» («Sicherheit und Finanz­märkte – Überlegungen zur wirtschaftlichen Bedeutung eines öffentlichen Gutes; in: FüAk [Führungsakademie der Bundeswehr] – Reflexionen no 9, février 2008).
Le porte-parole de la direction, portant la décoration du plus haut rang de la Bundeswehr, a ouvert le 4 juin un congrès ayant pour devise: «Economie et politique aux côtés de la Bundeswehr». On y a débattu des interventions de la Bundeswehr à l’étranger. En fait, le thème aurait dû s’intituler: «La politique et la Bundeswehr aux côtés de l’économie». Mais on se serait trop nettement rendu compte du plaisir que les Allemands avaient à marcher au grondement des canons et à réapprendre à tuer et à mourir.    •