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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N° 9, 16 mars 2009  >  Kaspar Villiger ne veut pas savoir … [Imprimer]

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Question parlementaire sur l’or de la Banque nationale suisse

me. La lecture d’une question parlementaire de mars 2003 montre que la confiance doit être rétablie durablement. Le conseiller national de l’époque Paul Günter voulait savoir si l’or de la Banque nationale suisse se trouvait à Fort Knox, ou peut-être dans d’autres pays, et dans quelles conditions il pouvait être retiré. La réponse du conseiller fédéral Kaspar Villiger est éloquente. En revanche, les propos de Günter étaient prophé­tiques, bien que la réalité soit encore pire aujourd’hui. Voyez vous-même:

Heure des questions. Le conseiller national Paul Günter s’enquiert de l’or suisse aux USA

Numéro d’objet: 03.5038
Date de dépôt: 10/03/2003

1.    Est-il vrai qu’une part importante des réserves d’or de la Suisse se trouve à Fort Knox aux Etats-Unis?
2.    Existe-t-il à d’autres endroits et dans d’autres pays d’importantes réserves d’or de la Suisse?
3.     Dans quels délais et quelles circonstances l’or peut-il éventuellement être retiré, et par qui?

Réponse de Kaspar Villiger, conseiller fédéral:

Ce pays a plein de problèmes et je suis content que ce domaine-là soit un des rares où, à mon avis, il n’a pas de pro­blèmes. Mais comme cela semble préoccuper l’opinion, je suis tout disposé à donner quelques précisions.
La Banque nationale stocke ses réserves d’or en partie en Suisse et en partie à l’étranger et cela notamment aux fins de diversification. Les raisons en sont les suivantes:
Les réserves d’or stockées en Suisse ont un caractère particulier. Elles se distinguent de toutes les autres réserves monétaires en ce qu’elles représentent l’unique moyen de paiement. Ensuite, elles ne peuvent pas être bloquées ou leur disponibilité limitée par des décisions d’autorités étrangères. Cette garantie de pouvoir y puiser en tout temps est une raison de conserver une part importante de ces réserves en Suisse.
Mais il existe également de bonnes raisons d’en conserver une partie à l’étranger. Il s’agit tout d’abord de répartir les risques et donc de répartir au mieux les réserves dans différentes régions du monde. Naturellement, on ne peut jamais exclure qu’en temps de crise, peut-être de menace terroriste, le dépôt le mieux gardé puisse être en quelque sorte endommagé. Aussi est-il important de répartir l’or.
En outre, il est important qu’au moins une partie des réserves se trouve dans des pays où existe un important marché de l’or, plus important que le marché suisse. Si on veut le réaliser, on a besoin d’un marché. On peut ainsi remettre la main sur ces réserves sans grande perte de valeur ni frais de transport. Cet aspect a déjà gagné en importance avec les opérations de «gold-lending» et encore davantage au début des ventes d’or par la Banque nationale.
Il existe donc de bonnes raisons militant à la fois en faveur du stockage en Suisse et à l’étranger. Différents aspects jouent un rôle dans le choix des pays où stocker notre or. N’entrent en considération que ceux qui ont une grande stabilité politique et économique. En outre, même dans les situations de crise, nous devons pouvoir accéder facilement à nos réserves. Un critère important est également que le pays en question protège le mieux possible l’immunité des avoirs de sa banque centrale. Ces caractéris­tiques peuvent naturellement se modifier dans le temps. C’est pourquoi la Banque centrale examine périodiquement la répartition des réserves d’or et l’adapte à l’évolution de la situation. Et il va de soi que l’on tient également compte de modifications géopolitiques, par exemple la chute du Mur.
Mais je ne peux malheureusement pas dire où se trouvent ces lingots parce que je ne le sais pas, que je ne suis pas censé le savoir et que je ne veux pas le savoir. En effet, si je le savais et que je boive un verre de vin avec quelqu’un, cela pourrait m’échapper.
Pourquoi ne doit-on pas le savoir? C’est qu’il existe encore des aspects sécuritaires particuliers. Je peux vous donner un exemple. Imaginons que nous ayons une liste des lieux de stockage de l’or de la BNS et des pourcentages, toute adaptation de cette liste, que nous devons effectuer périodiquement, attirerait l’attention du monde entier: Pourquoi quittent-ils ce pays? Pourquoi viennent-ils ici? Et les transports d’or, qui sont assez délicats, ne pourraient plus guère être effectués discrètement, p. ex. si en raison d’événements politiques, un débat avait lieu pour savoir s’il est temps de transférer une quantité d’or donnée de A à B.
C’est pour ces raisons que toutes les banques centrales ainsi que d’autres qui possèdent d’importantes réserves d’or procèdent de la même manière. Elle n’indiquent jamais comment et où elles les ont réparties. C’est pourquoi il me paraît indiqué et sage de laisser à la Banque nationale le soin de décider de la répartition des réserves et de leur transfert éventuel.

Paul Günter:

Je constate que vous n’avez pas répondu à mes questions 1 et 2. Vous n’avez pas répondu non plus à ma question 3 par laquelle je vous demandais qui pourrait, le cas échéant, retirer l’or et dans quelles circonstances.
Avez-vous vraiment le sentiment que c’est une question de sécurité qui impose le secret? Je ne comprends pas pourquoi le peuple suisse ne doit pas savoir qu’une grande partie de notre or se trouve aux Etats-Unis. Cela ne vous inquiète-t-il pas que notre or se trouve dans un pays qui mène une guerre d’agression, dans un pays fortement endetté? Aux USA, l’endettement par habitant est deux fois plus élevé qu’en Suisse et il continue d’augmenter très rapidement. L’économie américaine est en crise. Vous avez parlé de stabilité. Le président des Etats-Unis est un fanatique religieux et son entourage matraque ses amis et alliés quand ils ne font pas ce qu’il veut. Dans un autre contexte, nous avons parlé du chantage exercé sur la Suisse. Ne craignez-vous pas que ce gouvernement américain ne pense qu’à ses intérêts et qu’il puisse profiter sans scrupule du fait que, manifestement, une très grande partie de notre richesse nationale repose aux Etats-Unis.
Je vous ai simplement demandé si une grande partie de l’or était oui ou non là-bas. Les raisons que vous avez avancées ne répondent pas à ma question. Vous n’avez qu’à dire oui ou non.

Kaspar Villiger:

Je pense effectivement que cette question doit être envisagée sous son aspect sécuritaire. Je constate que vous profitez de cette anodine «question de l’or» pour vous exprimer sur un régime, un homme politique et un pays. Je n’ai pas à critiquer cette opinion. Je ne sais pas si nous avons de l’or en Amérique. C’est pourquoi vous ne pourrez pas me faire dire quoi que ce soit par ce moyen indirect.
Mais au cas où il y aurait quelques kilos d’or aux USA, je présumerais que ce pays continue d’être un Etat de droit où l’or serait aussi en sûreté que dans d’autres pays où nous pourrions avoir de l’or. Mais comme j’ai employé le conditionnel, il n’est pas prouvé qu’il y ait de l’or là-bas.

Source: Amtliches Bulletin Nationalrat
2003 N 156
(Traduction Horizons et débats)

me. Soit dit en passant, j’ai calculé en gros que les 1100 tonnes d’or qui ont été vendues 250 dollars l’once valent trois fois plus maintenant car le prix se situe aux alentours de 1000 dollars.