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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°27, 7 juillet 2008  >  Une politique contradictoire [Imprimer]

Une politique contradictoire

T.S. Celui qui roule en voiture au travers des Dakotas est rapidement submergé par l’immensité de la prairie. Une région solitaire, qui jusqu’à présent n’offrait que peu de perspectives aux enfants des fermiers établis. Alors que beaucoup de jeunes ont déménagé vers les villes, les fermiers plus âgés se sont débrouillés avec l’afflux de subventions, modeste mais continu, venant de Washington.
Ainsi en est-il de Kerry Dockter du village éloigné de Denhoff, dans le Dakota du Nord. Le Rancher touche environ 22’900 dollars par an pour la mise en jachère de 1,8 km² d’herbages dans le cadre d’un programme de protection de la nature. Mais plus pour longtemps. «Les temps ont changé», explique-t-il à un reporter qui lui demande pourquoi il souhaite à l’avenir renoncer à cette source d’argent.
L’explication est évidente. La pénurie mondiale sur les marchés mondiaux de l’alimentation transforme les récoltes des champs en nouvel or. Selon l’ONU, les prix des céréales ont augmenté au niveau mondial de 80% entre 2005 et 2008. Alors Denhoff va retirer ses terres des programmes de protection de la nature à la première occasion, pour y laisser paître des vaches, pour les cultiver ou bien pour les louer à d’autres. Les lobbys des boulangers, des brasseurs, des éleveurs de bovins et les producteurs d’éthanol se font les promoteurs d’une rapide réutilisation d’une grande partie des 14 millions d’hectares de terres auparavant subventionnés pour être laissés en jachère au nom de la protection de la nature.
Les défenseurs de la nature et les chasseurs espèrent à l’inverse que les 400’000 agriculteurs se laisseront motiver pour renoncer aux plantations lucratives de maïs, de blé ou de soja, en échange de subventions supplémentaires.
C’est une situation paradoxale vis-à-vis des explosions de prix à la bourse agricole de Chicago, Kansas City ou Minneapolis. Les acheteurs américains se retrouvent là en concurrence avec les négociants étrangers qui donnent des ordres d’achats parfois trois fois plus gros qu’auparavant. «Nous voyons parfois en une journée des augmentations de prix que l’on n’a jamais vues en une année entière.» Le négociant en céréales Jeff Voge décrit ainsi l’ambiance folle, qui est de plus surchauffée par des investitions spéculatives de grands fonds.
Des experts d’un institut de Washington, qui analysent la politique de l’alimentation dans le monde entier, déclarent que jusqu’à un tiers de l’augmentation des prix sur le marché mondial des céréales peut être attribué à la production d’éthanol. Selon la Banque mondiale, l’augmentation de la production mondiale du maïs entre 2004 et 2007 à entièrement été résorbée par la production américaine de biocarburants.     •

Source: St. Galler Tagblatt du 21/5/08