Un ami des faiblesLes derniers adieux de l’ancien ambassadeur suisse Walter Suter au président vénézuélien Hugo Chávez Frías (1954–2013)par Walter Suter*Berne/Caracas. Maintenant, il nous a quittés – tout en demeurant parmi nous: notre frère et compagnon, Presidente Comandante Hugo Chávez Frías. Le 5 mars 2013, après avoir longtemps souffert d’un cancer supporté héroïquement, il a rendu l’âme tout en s’éloignant dans l’immortalité: «Qui est mort pour la vie ne peut pas être déclaré mort.» (Alí Primera). Personnellement, je n’oublierai jamais la conversation intense et inhabituellement longue à l’occasion de la présentation de mes lettres de créance en tant qu’ambassadeur suisse au Venezuela fin 2003 avec le président au sujet de ses projets révolutionnaires. A la fin de notre entretien, il a pris mon bras, m’a regardé fermement et avec détermination dans les yeux et a dit d’un ton pressant: «Monsieur l’Ambassadeur, je vous le dis, dans ce pays règne la culture de la tricherie; et je vais changer cette culture!» Améliorations pour ceux qui sont privés de leurs droits et exclusEn fait, Hugo Chávez laisse un héritage exceptionnel, caractérisé par son dévouement et ardeur pour ceux qui étaient privés de leurs droits et exclus dans son pays et l’amélioration de leur sort. Tous s’en souviendront. Hugo Chávez aimait son peuple, il lui a donné dignité, respect et estime de soi. Un très grand parmi les grands. «Lutte radicale contre la pauvreté»Le retard dans ce domaine est notamment le prix pour la priorité absolue que Chávez a poursuivie dès le début et dans laquelle il a investi la majorité des revenus pétroliers du pays: la lutte radicale contre la pauvreté. Parlement démocratiquement légitiméAprès des siècles de régime autoritaire, les exclus peuvent maintenant participer politiquement et prendre part aux 30 000 à 40 000 conseils communaux (Consejos Comunales). Ils ne voulaient plus se priver de tout cela. Par conséquent, Chávez a été réélu à plusieurs reprises. Bien que l’opposition dispose encore de la majorité de la presse et de la télévision et ait mené des campagnes des plus agressives, de nettes majorités ont soutenu ses programmes politiques dans 14 élections sur 15 depuis 1999. Des conservateurs reconnaissent les prestations de ChávezL’Archevêque et théologien de la libération brésilien Mgr Hélder Câmara a dit une fois: «Lorsqu’on rêve tout seul, ce n’est qu’un rêve, alors que lorsqu’on rêve à plusieurs, c’est déjà une réalité.» Chávez a montré la voie aussi aux pays d’Amérique latine voisins. De larges parties de la population ont réalisé que des conditions de vie misérables ne sont pas irréfutables. * Walter Suter est membre du Parti socialiste suisse et ancien ambassadeur de la Suisse au Venezuela. gl. La sympathie exprimée par la population du Venezuela et par toute l’Amérique latine à l’occasion de la mort du Président Hugo Chávez est bouleversante. Plus de deux millions de personnes du pays entier ont assisté aux cérémonies funèbres et ont fait la queue des jours entiers afin de pouvoir personnellement dire adieux à leur Président. Mais aussi toute l’Amérique latine pleure un homme d’Etat qui a beaucoup fait pour l’unification et le développement du continent – et qui s’est engagé courageusement et avec bravoure pour la paix mondiale, la souveraineté et l’égalité de tous les Etats. Dans 15 pays du monde, le deuil national a été décrété, dont le Brésil, l'Argentine – et également la Chine. |