Les réformes de l’OCDE, les stratégies pour les imposer et leur réalisationrh. L’OCDE vise à changer les systèmes d’éducation de leurs Etats membres. Dans ce but, elle recommande des réformes aux Etats depuis une décennie. Le but visé s’appelle «Innovative Learning Environments» (les environnements innovateurs de l’apprentissage) et leur justification n’est que d’ordre économique. On veut réaliser des performances maximales pour les «21st century competences» dont on aura besoin pour la nouvelle «knowledge-based economy» (une économie basée sur le savoir). Les techniques traditionnelles d’apprentissage y seraient inadaptées. Au lieu de cela, on doit tenir compte de quatre principes de base: Les buts des réformesLes buts des réformes qui découlent soi-disant des résultats de PISA («best practice models» – les meilleurs modèles pratiques) selon l’OCDE et qu’elle propose depuis des années à ses Etats membres sont les suivants (le rejet du système scolaire structuré à différents niveaux s’y trouve au centre; l’OCDE le met au même rang que l’«exclusion»): Les stratégies pour imposer les réformes: créer de la pressionDe par la réalisation permanente des évaluations comparatives des performances des écoles et la publication des résultats (PISA), l’OCDE exerce une pression («soft power») sur les Etats nationaux. Des gouvernements des Etats nationaux ont été mis sous pression, à cause de leur rang sur la «liste des résultats», pour changer leur système de formation. Pour cela, ils se sont orientés selon les modèles recommandés par l’OCDE. Une pression de conformité et une contrainte de légitimation sont apparues, si par exemple on ne voulait pas participer ou si l’on avait d’autres idées. Ceci a mené au fait que les pays se sont mis à copier les modèles recommandés par l’OCDE. La réalisation – une comparaison entre la Suisse et les Etats-UnisSi l’on compare ces deux pays, une curiosité saute aux yeux: Pendant que la Suisse réalisait nombre de propositions de réformes, accompagnées par un cirque médiatique gigantesque – malgré ses résultats excellents dans les études de PISA – aux Etats-Unis personne ne tenait compte de PISA en dépit du fait que les USA avaient obtenu de très mauvais résultats lors des trois enquêtes. Les médias se taisaient et il n’y avait aucun projet de réforme. La raison en est: dans les écoles américaines, tout est déjà organisé selon les recommandations de l’OCDE pour l’Europe! Source: Tonia Bieber et Kerstin Martens: The OECD PISA Study as a Soft Power in Education? Lessons from Switzerland and the US, in: European Journal of Education, Vo. 46, No. 1, 2011, Part I ConclusionEn 1981, la «National Commission on Excellence in Education» a dénoncé, dans son rapport «A Nation at Risk», le système américain d’éducation mauvais comme étant inacceptable et elle a constaté: «Pour Gaby Cohn-Bendit, l’école c’est ‹de la merde›!»27«Gaby fera entendre la voix des Cohn-Bendit: ‹Je ne suis pas de ceux qui disent que les enseignants sont des gens formidables. Je n’aime pas mon pays! Cette école qui crée les nationalismes! Je n’aime pas l’école parce qu’elle n’est pas aimable! Les enseignants, ils ont des primes pour venir enseigner en ZEP [zones d’éducation prioritaire]. Qu’est-ce que ça veut dire! Il y a peut-être 15% de profs qui se donnent à leurs élèves …›»27 27 Soubrouillard (Régis), «Pour Gaby Cohn-Bendit, l’école c’est de la merde ! Marianne 2 du 10/1/10. Source: Paul Ariès, Florence Leray: Cohn-Bendit, l’imposture. Paris 2010, p. 46 sq. Un empire informel dont le centre de gravitation se trouve seulement à WashingtonLe professeur américain pour l’histoire, technologie et société au Georgia Institute of Technology démontre dans son étude sur «L’hégémonie américaine et la reconstruction de la science en Europe après la guerre» un facteur de base dans la politique étrangère des Etats-Unis par rapport à l’Europe: Il s’agissait de la construction d’un régime d’hégémonie de création nouvelle: soit un empire informel, basé sur l’accord, et qui naît dans une sorte de «coproduction». Pourtant son centre de gravitation se trouve seulement à Washington. Pour cela, il ne fallait pas seulement «la collaboration active des élites nationales qui partageaient les ambitions économiques, politiques et idéologiques des Etats-Unis, et qui disposaient de suffisamment de légitimité et de pouvoir pour forcer ceux qui pensaient différemment à accepter leurs idées du chemin que l’Europe devrait prendre. Il fallait également la modification subtile de l’identité européenne, une implantation progressive des normes américaines et de leurs méthodes.» John Krige. American Hegemony and the Postwar Reconstruction of Science in Europe, The MIT Press, Cambridge 2006, p. 255, |