Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°5, 9 fevrier 2009  >  Droits de l’homme et lutte contre les discriminations [Imprimer]

Droits de l’homme et lutte contre les discriminations

par Curtis Doebler, professeur de droit à l’Université nationale An-Najah de Naplouse, Palestine

La Déclaration universelle des droits de l’homme est une déclaration d’intention qui fixe des objectifs communs minimaux pour l’ensemble de l’humanité aujourd’hui. Elle ne garantit pas que nous nous traitons parfaitement les uns les autres, mais seulement que nous faisons preuve d’un minimum d’humanité, condition sine qua non d’un monde meilleur.
Bien que lorsque l’on a adopté les dispositions de la Déclaration il y a 60 ans, le monde ait compté deux fois moins d’Etats qu’aujourd’hui, bien qu’à l’époque, beaucoup d’entre eux aient été en train de se libérer du fléau du colonialisme, la plupart desdites dispositions ont été reconnues par la majorité écrasante des Etats en tant que droit coutumier international.
Je voudrais proposer quelques réflexions au sujet d’un de ses principes fondamentaux, celui de non-discrimination. Il repose sur l’idée essentielle que tous les hommes et toutes les femmes, quels que soient la couleur de leur peau, leur race, leur nationalité, leur ethnie, leur confession, leur orientation sexuelle, leur langue, leur culture, leur milieu socio-économique et le régime politique sous lequel ils vivent sont égaux en droits et devraient par conséquent être traités de la même manière.
Dans le monde actuel, ce principe est violé par le racisme et d’autres formes de discrimination comparables. Il est violé par les inégalités sociales et économiques qui font que plus de la moitié de la population mondiale vit avec moins de deux euros par jour. Il est violé par notre indifférence à l’égard de ces inégalités. Et il est violé quand nous sommes trop timorés ou trop pleins d’autosatisfaction pour agir en vue de mettre fin à ces inégalités. Il est important que nous nous engagions dans la lutte contre les discriminations dissimulées et larvées.
Dans ce contexte, il est très regrettable que certains pays aient renoncé à participer à la Conférence de suivi de Durban qui aura lieu du 20 au 24 avril 2009 à Genève et qui doit examiner les progrès de la lutte contre le racisme et les formes de discrimination apparentées. Les Etats – et les ONG – qui sont opposés à cette Conférence et au Forum des ONG ne sont-ils pas disposés à lutter contre les discriminations?
L’année même où les Etats-Unis ont brisé la barrière de la couleur de peau au plus haut niveau du pouvoir politique, il est tout à fait contradictoire que ce pays fasse partie de ceux qui envisagent de ne pas participer à la Conférence et que la célèbre organisation américaine de défense des droits de l’homme Human Rights Watch s’oppose à un Forum des ONG qui accorde aux ONG d’Afrique et d’autres pays du Sud le statut de participants à part entière.
Les questions litigieuses que ces opposants mettent en avant sont apparemment la condamnation de la discrimination des Palestiniens par Israël, les réparations pour la politique esclavagiste officielle du passé qui a condamné de nombreux pays africains à des siècles de pauvreté et les discriminations fondées sur la confession. Ils craignent en particulier que les ONG de pays du Sud, en particulier d’Afrique, évoquent ces sujets. Mais au lieu de redouter le débat, ils devraient peut-être s’efforcer d’offrir des réparations et de mettre fin aux discriminations.
La Conférence constitue une occasion importante pour nous tous d’examiner nos opinions à propos du racisme et des formes de discrimination comparables. Sommes-nous prêts à faire face à ce défi? J’espère qu’après la Journée internationale des droits de l’homme au cours de laquelle nous avons commémoré les 60 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, nous allons tous aborder cette question. Ce document nous montre avec force ce que nous avons déjà acquis et les défis qu’il nous reste à affronter.    •

(Traduction Horizons et débats)