La conseillère fédérale Doris Leuthard, le PS et la politique agricole néolibérale

thk. Lors la session extraordinaire du Conseil national sur la question agraire, il est devenu évident, que lentement, une grande partie des parlementaires aborde un changement d’esprit quant à la politique agricole. La responsable et conseillère fédérale Doris Leuthard le ressent également de plus en plus. Sa politique économique néolibérale n’est effectivement soutenue que par une majorité des gauches du Conseil ainsi que par une partie du PLR et de la PDC. Les Verts et des représentants de l’UDC ont reconnu les signaux actuels et s’opposent à la politique néolibérale agricole. Dans les coulisses également, on apprend que ce sont surtout les conseillers nationaux du PDC qui se trouvent dans un conflit de loyauté envers leur conseillère fédérale.
Doris Léotard a fait un exercice de haute voltige en rappelant, dans sa prise de position devant le parlement suisse le 3 décembre, l’importance des petites structures, de l’économie agricole bien ancrée dans la région, tout en avançant en même temps les négociations sur le libre-échange agraire avec l’UE et l’OMC dans ce qu’on appelle le cycle de Doha.
Alors que des experts, qui ont approuvé jusqu’à présent le libre-échange à la manière de l’OMC, estiment aujourd’hui que «ce n’est pas faisable» et que cela entraîne trop de désavantages pour la sécurité de l’approvisionnement de chaque pays participant, Doris Leuthard affirme en personne qui sait mieux que tout le monde: «C’est juste­ment pour cela, en faveur de l’agriculture, que nous manifestons également un intérêt pour le système de l’OMC».
L’argumentation de Mme Leuthard comme quoi les pays en développement bénéficie­raient d’une conclusion des négociations de l’OMC, car, «par les tarifs élevés des préjudices subis par les pays développés», ils seraient désavantagés, cela est depuis long­temps démenti par le rapport mondial de l’agriculture 2008, que la conseillère fédérale devrait connaître. L’agriculture ancrée dans la région est le concept de l’avenir. Ce qui est exigé par Doris Leuthard créera des conditions optimales pour les multinationales agricoles actives au niveau international. Leur but n’est pas l’approvisionnement de la population avec suffisamment d’aliments sains et abordables, mais de générer un bon dividende pour les actionnaires et d’atteindre une hausse des cours boursiers. Pour des buts pareils, la Suisse, en tant que petit pays neutre, social et cosmopolite, n’à pas à tendre la main. C’est d’autant plus absurde que c’est surtout la social-démocratie qui soutient en majorité Doris Leuthard étant en même temps au service du «big business». Le PS a-t-il perdu les pédales?    •

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