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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°44, 3 novembre 2008  >  Le taux directeur suisse pris en tenailles par l’Amérique [Imprimer]

Le taux directeur suisse pris en tenailles par l’Amérique

«Economic Hit Men» en Suisse?

mbü. Il y a des guerres avec des armes, mais il y aussi des guerres économiques. Comment on les met sur les rails et comment on les mène, John Perkins,* l’a décrit de manière impressionnante. Il s’y connaît bien, étant lui-même un ancien «Economic Hit Man» (assassin financier) qui avait été en route pour la haute finance en Indonésie, au Panama, en Colombie et en Arabie Saoudite. Il était économe en chef et spécialiste économique de la société de consultants Main de Boston qui, depuis, n’existe plus. Il a établi des pronostics extrêmement positifs pour le développement économique de pays émergents du tiers monde. Séduit par la perspective d’un boom économique, ces pays devaient construire des barrages, des centrales énergétiques, des autoroutes, des ports et des aéroports. Comme ils n’étaient pas capables de construire par leur propre force, on leur a offert des crédits généreux de plusieurs milliards. Des entre­prises américaines étaient chargées des travaux. Des membres de gouvernement méfiants ont été soudoyés. Ainsi, ces pays se retrouvaient très vite criblés de dettes et ils étaient prêts au chantage. En faisaient partie: le contrôle de leur voix à l’ONU, la construction de bases militaires ou l’accès à des matières premières importantes. Camouflés en aide au développement, les crédits rendaient les débiteurs politiquement et économiquement dépendants des USA. Aucune goutte de sang n’a coulé, il n’a fallu aucune invasion, ni guerre, ni coup d’Etat sanglant. Vu de l’extérieur, tout se passait tout à fait paisiblement.
John Perkins a fait son travail dans les années 70, il n’en est pas autrement aujourd’hui. Au contraire, les assassins financiers ont encore progressé. Le livre de John Perkins est paru en 2004. Pendant des semaines, il a été en première position sur la liste du «New York Times» des livres les plus vendus. Cette commercialisation ne rend pas justice à ses descriptions, car cela le met au rayon du roman d’action. Ses confessions sont impressionnantes et méritent d’être prises au sérieux. Lisez son livre! On comprend alors pourquoi tant de pays peinent à se relever économiquement, pourquoi les populations deviennent de plus en plus pauvre et pourquoi elles sont toujours plus affamées en raison des prix actuels des denrées alimentaires.

Et aujourd’hui?

Que fait un empire qui mène des guerres coûtant des milliards? Le peuple doit être maintenu dans de bonnes dispositions – avec de l’argent. L’argent coule à flot. Des crédits sont donnés pour la construction de maisons, pour des aménagements, pour des voitures, des crédits pour la formation, pour des voyages de vacances. Ainsi l’économie marche – une économie de guerre. Bientôt ces crédits passent d’une banque à l’autre, changent de nom, sont mélangés, reçoivent un nouvel emballage et deviennent des valeurs structurées à fort rendement. Tout le monde se les arrache pour participer à cette manne financière, car ces nouveaux produits ont un très haut rendement. Des agences de «rating» ont témoigné de leur sécurité. Les banquiers bien formés aimaient les vendre dans le monde entier, ils ont persuadé des clients et ont introduits ces papiers dans les fonds et les caisses de pension. Eux-mêmes se sont également servis de cette manne et ont encaissé des milliards sous forme de bonus. Les banques, avec leur réseau mondialisé, ont diffusé ces papiers dans le monde entier.
Avec ces valeurs dites structurées actuellement sans valeur marchande, le monde entier finance les guerres de l’Amérique. Ces valeurs structurées étaient aussi très prisées en Suisse. Maintenant, elles menacent l’économie nationale. Le Conseil fédéral a décidé de sa propre gouverne de déposer les papiers sans valeur d’une grande banque dans une société aux îles Cayman. La Banque nationale suisse se procure l’argent à la Banque centrale américaine. La Suisse doit donc payer des intérêts pour ce crédit, lesquels sont fixés par les Etats-Unis. Le taux directeur de la Banque nationale suisse se trouve ainsi pris en tenailles par les USA.
Le franc suisse est en danger et une inflation foudroyante peut détruire toute l’économie nationale. La Suisse est soumise au chantage. Elle a, comme les pays du tiers monde, des matières premières de valeur. Elle a de l’eau, de l’eau potable absolument pure. Elle est le château d’eau de l’Europe.
L’eau a aujourd’hui davantage de valeur que le pétrole.     •

*    John Perkins, Les confessions d’un assassin financier – Révélations sur la manipulation des économies du monde par les Etats-Unis, Ed. al-Terre ISBN 2-89626-001-3