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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°27, 11 juillet 2011  >  Le «préventionnisme» en matière de santé, nouvel instrument de l’arrogance étatiste [Imprimer]

Le «préventionnisme» en matière de santé, nouvel instrument de l’arrogance étatiste

«Corpus Delicti» de Juli Zeh, roman instructif

Juste avant le débat des Chambres sur la «Loi sur la prévention et la promotion de la santé», un livre a paru qui montre ce qui se passe quand l’Etat croit savoir mieux que chaque individu ce qui est bon ou non pour lui. Ce qui nous menace sous des apparences séduisantes – qui ne veut pas être en bonne santé et s’opposera à la prévention? – se révèle, si l’on y regarde de plus près, être une mainmise totalitaire sur les citoyens.
Les mesures prises lors des grippes aviaire et porcine étaient-elles des essais révélant ce qui attend les citoyens lorsque l’Etat se mêle, par le biais de la «prévention», de diriger notre comportement? Il faudrait étudier à fond dans quelle mesure, pour les protagonistes de l’OMS et les stratèges en chef des autorités sanitaires aux salaires élevés et aux réseaux internationaux, il s’agissait d’argent ou plutôt de mettre en place un nouvel ordre mondial.
Ce qui pourrait nous arriver, Juli Zeh nous le dépeint dans son roman «Corpus Delicti – ein Prozess». Est-ce de la science-fiction? Maintenant peut-être encore. Mais tous ceux qui tiennent à la souveraineté populaire, à la démocratie directe et à la dignité de l’homme seraient bien inspirés de lire ce livre.
Mais avant que le lecteur ne se plonge dans l’article qui suit, encore une remarque: Il est permis de se faire ses propres idées, il est souhaitable d’établir des rapports avec des processus réels, puis de jeter la «Loi sur la prévention» là où il faut, c’est-à-dire au rebut, parmi les «-ismes». C’est un devoir de citoyen!

ts. Avec son roman «Corpus delicti – ein Prozess»,1 l’écrivaine Juli Zeh, née en 1974 à Bonn et vivant aujourd’hui à Berlin, a réussi en quelque sorte à écrire une suite au roman «Le parfum d’Adam» du médecin et diplomate français Jean-Christophe Rufin,2 Alors que dans son roman, Rufin appelle à la vigilance contre les dangers de l’écologie profonde, Zeh attire notre attention sur les dangers qui nous menacent par le biais d’une sorte de dictature sanitaire qui aspire à la gouvernance mondiale grâce au pouvoir anonyme de certaines méthodes. Les autorités sanitaires de chaque pays, avec leurs chefs vaniteux, en constituent la structure de base et s’appuient naturellement sur L’OMS. Il y a quelques années, l’ex-ministre indonésienne de la santé Siti Fadilah Supari3 a attiré l’attention sur les tentatives dangereuses de mainmise des Etats-Unis sur l’OMS. Il est donc temps que les citoyens vigilants regardent ce qui se passe devant leur porte, comme l’écrivain suisse-alémanique Gottfried Keller l’a déjà écrit au XIXe siècle dans sa profession de foi en faveur de la démocratie directe et de la souveraineté populaire.

La lutte contre les maladies dégénère en lutte contre les malades

Alors que Rufin montre comment la lutte contre la pauvreté s’est transformée dans les cerveaux malades des tenants de l’écologie profonde groupés autour d’Arne Naess en une lutte contre les pauvres, comment elle incite à un massacre collectif en propageant le choléra dans le but de réduire l’humanité à un milliard d’humains, Zeh met le doigt sur le risque que la lutte contre les maladies dégénère en une lutte contre les malades. Les deux approches sont totalitaires: Alors que le groupe terroriste des écologistes profonds se met à la place de Dieu et se permet de décider de la vie et de la mort, les dictateurs de la santé, dans le livre de Zeh, font de même à la différence près qu’ils disposent du pouvoir des Etats avec tout leur appareil de surveillance et d’espionnage: Elle décrit une dictature qui, disposant des moyens technologiques actuels, rappelle d’une part le règne des Jacobins avec leur Comité de salut public sous Robespierre «l’incorruptible», mais aussi le Troisième Reich avec son «bon sens populaire», la mentalité délatrice de ses gardiens d’immeubles et sa police secrète tortionnaire. La scène de torture, en revanche, est calquée précisément sur ce qui s’est passé à Abu Ghraib. Elle évoque l’«homeland security», les opérations sous fausse bannière – ou si vous préférez le vocabulaire de la guerre froide – la fameuse directive 1/76 de la Stasi visant la démoralisation des groupements ennemis. Seulement ici, les gens doivent tous porter une puce sous la peau au milieu du biceps, tout est équipé de détecteurs, y compris les cuvettes de WC, pour que la moindre fonction corporelle puisse être enregistrée. Car celui qui ne transmet pas régulièrement ses données risque d’être pris dans les filets d’une machine judiciaire impitoyable et d’être considéré comme un ennemi du système et un danger pour la collectivité. Des puces pour les personnes? Aujourd’hui? Bon, les chiens en ont déjà, les chevaux bientôt et ensuite …?

De la dictature verte à la dictature sanitaire

Mais commençons par le commencement: Comment cette nouvelle société se construit-elle? Le lecteur pourra toujours songer à notre situation actuelle pour évaluer le chemin déjà parcouru dans cette voie totalitaire par le biais des questions de santé.
L’adversaire principal de l’héroïne Mia Holl est l’éditeur du magazine «Le Bon Sens populaire» et porte-parole idéologique du système appelé «La METHODE». Bien que journaliste et donc représentant du 4e pouvoir, il est en même temps une sorte de Grand Inquisiteur, de commissaire à la Santé. (Savez-vous, en tant que Suisse, combien de fonctions celui qui voudrait être notre commissaire à la Santé occupe au niveau international depuis ses séjours aux Etats-Unis?) Dans le roman, ce Robespierre moderne s’appelle tout simplement Kramer. Et c’est lui qui explique aux lecteurs comment le nouveau système est construit: «Notre société est arrivée au but. A l’opposé de tous les systèmes du passé, nous n’obéissons ni au marché ni à une religion. Nous n’avons pas besoin d’idéologies bizarres. Nous n’avons même pas besoin d’une croyance bigote en un pouvoir populaire pour légitimer notre système. […] Nous avons développé une METHODE qui vise à garantir à chacun une vie aussi longue que possible, sans problèmes, c’est-à-dire une vie saine et heureuse, sans souffrances. Dans ce but, nous avons organisé notre Etat de manière très complexe, plus complexe que tout autre Etat avant lui.» (p. 36) Et comme tous les systèmes totalitaires le prétendent, ce système est infaillible: «L’infaillibilité est un des piliers de la METHODE. Comment pourrions-nous expliquer aux habitants de notre pays l’existence d’une règle si cette règle n’était pas raisonnable et valable pour tous les cas, autrement dit infaillible?» (p. 37)

La domination de la METHODE: OMS et OFSP réunis?

La METHODE représente donc un Etat centraliste qui met la main sur chaque individu de façon totalitaire, en l’occurrence en attribuant au corps une valeur absolue. Il n’y a plus ni âme, ni principes éthiques, ni droits individuels, ni séparation des pouvoirs. L’Etat, c’est ce «Comité de salut public» jacobin dans des habits modernes. On se souvient trop bien de l’affirmation selon laquelle «la question n’est pas si, mais quand cela se produira». En réalité, c’est l’OMS qui, ces dernières années, n’a cessé de répéter cette affirmation mijotée dans quelque arrière-salle et concernant une menace de pandémie. Dans le roman de Zeh, c’est un ministre de la sécurité qui utilise cette formulation pour une arme B – sans doute comme manœuvre de diversion et d’intimidation. Pour l’OMS et pour d’autres, il s’agissait manifestement, à la différence du roman, de gros sous (rappelez-vous le Tamiflu qui, suite à l’engagement de Rumsfeld a aussi été appelé Rumiflu).
L’époque historique qui a été suivie de l’installation de la domination de la METHODE, Kramer la décrit de façon à ce que les lecteurs reconnaissent sans difficulté notre époque avec tous ses problèmes. Seulement il oublie de dire que la décadence des sociétés actuelles n’est pas un événement naturel, mais initié par les milieux qui voudraient mettre de l’ordre dans le chaos qu’ils ont causé eux-mêmes en instaurant une dictature. Pourquoi les gens ne s’en rendent-ils pas compte? Parce qu’ils ne croient plus que ce qui est écrit dans les journaux. Voici l’analyse que fait Kramer de l’époque actuelle: «Après les grandes guerres du XXe siècle, une offensive d’information a conduit à une désidéologisation de la société. Des notions comme nation, religion, famille ont rapidement perdu leur signification. Une grande époque d’abolitions a commencé. […] On n’a cessé de parler de déclin des valeurs. On a perdu toute confiance en soi, on a recommencé à avoir peur les uns des autres. La peur déterminait la vie des individus, la peur déterminait la politique. On n’avait pas vu que toute abolition est nécessairement suivie d’une nouvelle création. Quelles furent les conséquences concrètes? Une baisse de la natalité, l’augmentation des maladies dues au stress, des crises de folie meurtrière, le terrorisme. A cela s’ajoutait l’accent exagéré mis sur les égoïsmes privés, la disparition de la loyauté et finalement l’effondrement des systèmes sociaux de sécurité, le chaos, la maladie, l’insécurité. La METHODE a pris en charge ces problèmes et elle les a résolus. Il en résulte logiquement que ceux qui combattent la METHODE sont des réactionnaires. Ils ne s’opposent pas abstraitement à une idée mais concrètement au bien-être et à la sécurité de chacun. L’anti-méthodisme est une attaque belliqueuse que nous combattrons par la guerre.» (p. 88s.) Les campagnes de vaccination et la présentation par les médias de leurs adversaires comme constituant un risque pour la santé n’appartiennent pas au roman mais à la réalité. Et c’est précisément cette proximité entre les événements du roman et ceux du monde réel d’aujourd’hui qui rend la lecture, bien qu’éprouvante, si captivante et instructive.

«Nous sommes tous égaux par notre corps et non par notre esprit»

Kramer explique que les adeptes de la METHODE, comme les fonctionnaires de l’OMS et des autorités sanitaires du pays ne sont finalement que des fanatiques: «J’agis par conviction. Vous devez le savoir. Je suis convaincu que le droit politique à la santé naît de la volonté naturelle de vivre. Je suis persuadé qu’un système ne peut être juste que s’il est lié au corps car nous sommes tous égaux par notre corps et non par notre esprit. Et je suis convaincu que la conception de l’homme propre à la METHODE est historiquement supérieure à toutes les autres.» (p. 180) Le culte de la jeunesse, de la beauté, de la peau de pêche des jeunes mannequins, les liftings des politiciens corrompus qui s’affichent avec des femmes de 50 ans plus jeunes, la dégradation par les médias des humains au niveau d’êtres sans esprit: tout cela appartient-il à la réalité ou uniquement à l’imagination d’un romancier? La citation suivante montre bien que notre monde bafoue de plus en plus des valeurs comme la compassion, l’entraide, le respect de la dignité de chaque être humain, surtout des vieux, des malades ou de tous ceux qui ont besoin d’aide. Et il faudrait ici mentionner les attaques de l’école de Francfort dirigées par des services secrets avec l’agent de l’OSS/CIA Herbert Marcuse, les campagnes de banalisation de la violence menées par l’alliance de guerre Etats-Unis/Grande-Bretagne/Israël, les thèses inhumaines d’un Peter Singer et celles des néo-malthusiens qui poussent comme des champignons, et finalement le fait qu’on ait recours à des systèmes primitifs, mécanistes, réductionnistes et utilitaristes: «Pendant des siècles on a vénéré la faiblesse, on en a fait l’idée centrale d’une religion mondiale. On s’agenouillait devant l’effigie d’un masochiste maigre et barbu portant une couronne de barbelés sur la tête et dont le sang coulait sur le visage. La fierté des malades, la sainteté des malades, l’amour-propre des malades étaient les maux qui dévoraient les humains de l’intérieur.» (p. 180) De la compassion pour les malades? Non, une haine sauvage du christianisme et de sa maxime «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» Or la lutte contre les maladies dégénère en mépris des malades et finalement en lutte contre les malades.

Les «parcs naturels» et les «espaces métropolitains» vous viennent-ils à l’idée?

Dans ce «beau nouveau monde», on ne doit plus pleurer car les larmes libèrent des lipides et des mucines. L’amour est permis uniquement au sein du même groupe immunitaire, sinon on se rend coupable de propager des épidémies. Les gens dépressifs sont dangereux car ils ont des effets démoralisants. «Une fois malade, toujours malade», telle est la devise: Ce qui est enregistré dans les données personnelles ne peut plus être effacé et peut toujours être consulté par la Protection de la METHODE. En tant que mère ou père, n’êtes-vous pas choqué de ce que toute observation sur votre enfant au jardin d’enfants doive être enregistrée dans quelque ordinateur central? Le droit à la résistance, dans le roman de Juli Zeh, n’existe plus, ni pour des groupes ni pour des individus; les partisans de l’idée de liberté personnelle passent pour réactionnaires. Les douleurs ne sont plus une affaire personnelle, mais une affaire d’Etat. Quiconque se respecte habite dans des maisons gardées, certifiées, stériles et bénéficie d’un rabais sur sa facture d’eau et d’électricité. Au-delà des villes hygiéniques, il y a aussi les forêts qui ne sont pas hygiéniques, la campagne qui ne l’est pas non plus, avec ses risques d’infections, ses grosses bactéries à poils et à cornes. Aux frontières des zones se dressent des panneaux de mise en garde: «Fin de la zone contrôlée conformément à l’article 17 de l’Ordonnance sur la désinfection. Quiconque quitte la zone hygiénique est passible d’une sanction administrative conformément à l’article 18 de l’Ordonnance sur la désinfection.» (p. 90) Ceux qui, en lisant cela, pensent aux «parcs naturels» avec leurs zones, leurs portes d’entrée et leurs règlements, ainsi qu’aux «espaces métropolitains» qui auront tout le soutien de l’Etat ne sont pas des adeptes de la théorie du complot: ils ne font qu’observer la réalité.

Le «groupe terroriste» R.A.K. défend le «droit à la maladie»

Qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’une résistance se forme contre ce monde stérile, transparent, sans âme ni cerveau? L’ennemi public numéro 1 est le R.A.K., le groupe du «droit à la maladie» [«Recht auf Krankheit»]. S’y rassemblent des gens qui ne veulent pas renoncer à se promener librement dans la nature, qui veulent tremper leurs pieds nus dans l’eau d’un ruisseau dans la zone interdite, qui veulent aller à la pêche, faire du feu et manger ce qu’ils attrapent, pour qui les poissons un peu roussis et mal vidés ont meilleur goût que toutes les conserves de protéines des supermarchés. (p. 91)
Sans dévoiler l’histoire de l’héroïne et de son frère – ce dernier est condamné pour viol à cause d’une analyse DNA qui devrait être infaillible mais ne l’est pas – mentionnons brièvement qu’un rebondissement surprenant a lieu à la fin. Mais nous citerons un passage caractéristique de l’opposition à ce système meurtrier qui se présente sous couvert de prévention sanitaire. Mia Holl dicte à Kramer, le commissaire à la santé, un véritable manifeste en faveur de la liberté humaine et contre l’asservissement par des instances étatiques:
«Je retire ma confiance à une société composée d’êtres humains mais fondée sur la peur de tout ce qui est humain. Je retire ma confiance à une civilisation qui a trahi l’esprit au profit du corps. Je retire ma confiance à un corps qui ne représente pas ma chair et ni mon sang mais est censé représenter la vision collective d’un corps normalisé. Je retire ma confiance à une normalité qui se définit elle-même comme la santé. […] Je retire ma confiance à une morale trop paresseuse pour se confronter au paradoxe du bien et du mal et qui préfère s’en tenir au critère «fonctionne/ne fonctionne pas». Je retire ma confiance à un droit qui doit son succès au contrôle total des citoyens. Je retire ma confiance à un peuple qui croit qu’une transparence totale ne nuit qu’à ceux qui ont quelque chose à cacher. Je retire ma confiance à une méthode qui préfère croire le DNA d’un individu plutôt que sa parole. Je retire ma confiance au bien commun parce qu’il ne voit dans l’autodétermination qu’un facteur de coût. […] Je retire ma confiance à une politique qui doit sa popularité uniquement à la promesse d’une vie sans risques. Je retire ma confiance à une science qui prétend que le libre-arbitre n’existe pas. […] Je retire ma confiance à des parents pour qui une cabane dans les arbres est un risque de blessures et un animal de compagnie un risque de contamination.» (p. 187)

Seul un Etat totalitaire «sait» ce qui est bon pour les citoyens

En voilà assez pour laisser le lecteur réfléchir à tête reposée: Quel chemin avons-nous déjà parcouru dans cette voie? Nos enfants et adolescents peuvent-ils encore faire de vraies expériences, également avec la douleur, la terre, la boue et des aventures dans une nature réelle? Comment nous alimentons-nous? Que faut-il penser du nombre croissant des allergies chez les enfants des villes? Qu’en est-il de la dignité et de l’autodétermination, et pas seulement de celles des malades? Qu’en est-il de la surveillance électronique?
A la fin de son manifeste, le personnage principal conclut qu’aujourd’hui déjà les commissaires à la santé autoproclamés devront bien se mettre dans la tête ce qui suit: «Je retire ma confiance à un Etat qui sait mieux que moi ce qui est bon pour moi.» Et: «Je retire ma confiance à l’idiot qui a démonté le panneau dressé à l’entrée de notre monde et qui disait: «Attention! La vie peut entraîner la mort!» (p. 187)
Et pour finir, encore une recommandation: Ne lisez pas ce roman avant d’aller vous coucher! Et pour nos parlementaires fédéraux: Après cet ouvrage, lisez «Guillaume Tell» de Schiller!    •

1     Juli Zeh, Corpus delicti – ein Prozess, Frankfurt-am-Main 2009, ISBN 978-3-442-74066-6
2     Jean-Christophe Rufin, Le parfum d’Adam, Paris, Gallimard, 2007, ISBN 978-2-07-034910-4
3    Siti Fadilah Supari, It’s Time for the World to Change, Jakarta 2007, ISBN 978-979-24-3342-5