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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2014  >  No 27, 10 novembre 2014  >  Courrier des lecteurs [Imprimer]

«Tous les Suisses devraient soutenir le référendum»

Tous les Suisses devraient soutenir le référendum et ainsi freiner la nouvelle dévaluation de la monnaie par le secteur bancaire. L’idée que le franc suisse devrait être chapeauté par le dollar comme monnaie de réserve est ridicule. De ce côté de l’Atlantique, on considère que le dollar n’est pas une couverture, qu’en réalité il ne vaut rien.
Ni or, ni argent, ni les moindre actifs réels (hard assets, tels que l’immobilier ou les matières premières) ne soutiennent le dollar. Il n’est même pas couvert par les dettes, comme il l’était récemment encore, par les pétrodollars de Henry Kissinger, depuis QE 1, 2, 3 et 4 (assouplissement quantitatif), il n’est plus du tout couvert. Le papier sur lequel sont imprimés les dollars vaut plus que les couvertures si souvent vantées.

Dr. Adrian Krieg, Floride

L’or et la liberté économique sont inséparables

Le patron de la FED Alan Greenspan aurait déclaré en 1966: «Une hostilité presque hystérique contre l’étalon-or rassemble tous ceux qui préconisent l’intervention de l’Etat. Ils semblent remarquer plus clairement et plus sensiblement que beaucoup d’autres partisans de l’économie du marché libre que l’or et la liberté économique sont inséparables.» Greenspan a alors changé son fusil d’épaule. Est-ce volontairement, par opportunisme ou sous pression de la haute finance? Et J.?P. Morgan aurait déclaré: «L’or c’est de l’argent, tout le reste, c’est du crédit.» Avec une telle déclaration, il devrait avoir raison. Comme indiqué précédemment, l’ancien conseiller national Hans Kaufmann a défendu son avis dans le bulletin «Goldstück»: «Sauvons notre or suisse» avec de bonnes raisons. Le fait qu’aujourd’hui le gouvernement et la majorité du Parlement rejettent résolument l’initiative sur l’or est significatif. Il semble qu’on ne veut pas admettre qu’on se soit trompés après avoir arnaqué le «peuple» lors de l’«actualisation» de la Constitution fédérale quant à l’étalon-or. J’ai perdu toute confiance dans les élites, y compris la Banque nationale suisse.
Selon les sondages, le vote sur l’initiative «Sauvez l’or de la Suisse» est en suspens. Lorsqu’il s’agissait de se prononcer sur cette question, le peuple a toujours mis le Conseil fédéral et le Parlement en minorité et les a laissés en pan. Espérons qu’il sera cette fois aussi possible de convaincre la majorité des citoyens que l’étalon-or est important et qu’il s’impose.

Kurt Jean Bolli-Tanner, Beringen

Le conseil fédéral Berset doit rentrer dans le rang

La conférence intitulée «Réflexions fonda­mentales sur la situation culturelle de la Suisse» que J.R. von Salis tint en 1955 à Lucerne lors de la réunion des délégués de l’Association suisse des enseignants (Horizons et débats no 26 du 27/10/14) est toujours d’actualité. Elle est d’une précision et d’une profondeur sans pareilles de nos jours. J. R. von Salis met l’accent sur l’essentiel et donne une ligne directrice permettant de s’orienter quand il s’agit de comprendre et de classer les événements politiques en Suisse et d’agir en tant que citoyen. Par la suite, je mettrai en évidence quelques idées centrales de la conférence pour examiner sur cette base certains évènements politiques des semaines passées:
La Suisse est une communauté de volonté collective qui ne se définit pas par un espace linguistique et culturel commun comme les Etats nationaux voisins. La Confédération réunit différentes religions, plusieurs espaces linguistiques et culturels sous un même toit. Selon la région, ce n’est pas seulement la langue qui est différente mais aussi l’expression de la forme, de la mentalité, de la sensibilité. C’est pourquoi l’église, l’instruction publique, les sciences et la culture sont de la compétence des cantons.
La Confédération ne peut que veiller sur les libertés essentielles pour la vie culturelle: la liberté de l’exercice des pratiques religieuses, la liberté de l’opinion politique et de la vision du monde, la liberté d’expression et d’information et la liberté de l’emploi de la langue.
Seul la structure fédéraliste et la démocratie directe permettent une coexistence pacifique et enrichissante dans la diversité, car chacun peut résoudre les problèmes à sa manière sur le plan communal et cantonal. Il faut prendre soin de cette Suisse multiforme.
Le conseiller fédéral Berset fait pourtant juste le contraire. Il dépasse le cadre de ses fonctions en lançant une «politique culturelle nationale», en voulant dicter à tous les cantons le nombre de langues étrangères à enseigner à l’école primaire, en planifiant un centre de compétence national de la santé publique etc. Pourtant tous ces domaines relèvent de la compétence des cantons. Le conseiller fédéral Berset doit rentrer dans le rang.
Des organismes sans légitimation démocratique qui ne sont pas autorisés à donner des directives tels que la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CPID) œuvrent également dans ce sens: avec le Plan d’études 21 on envisage d’«harmoniser» et de niveler l’école primaire dans tous les cantons suisses alémaniques selon les standards de l’OCDE. Tous les cantons devraient introduire l’enseignement précoce de deux langues étrangères selon le modèle 3/5 (5/7 Harmos) et les médias fomentent une véritable «guerre des langues». C’est faire l’addition sans le souverain.
La résistance s’organise. Dans différents cantons, on vient de lancer des initiatives qui exigent que l’introduction du Plan d’études 21 soit adoptée par le parlement cantonal. Cette décision sera formellement soumise au référendum. Par conséquent, le peuple peut, au cas échéant, avoir le dernier mot. La «politique culturelle nationale» de Berset rencontre également de la résistance, car nous n’avons pas besoin d’un «prévôt culturel».

Susanne Lienhard

Les Etats-Unis toléreraient-ils un Mexique sous influence de la Chine?

Celui qui a suivi la crise ukrainienne dans la presse quotidienne devait supposer que la Russie et notamment le «méchant» Poutine soient les seuls responsables. Dans l’optique occidentale extraire la Crimée de l’Ukraine est une infraction contre le droit international. Mais n’oublions pas le véritable développement! En 1991, après la réunification de l’Allemagne, de hauts politiciens occidentaux avaient assuré à la Russie la non-expansion de l’OTAN vers l’est, alors que maintenant les trois pays baltes, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie – Etats de l’ancienne Russie et tampons entre le bloc de l’est et le bloc occidental – sont intégrés dans l’OTAN. De même l’Ukraine devrait être relié à l’Ouest et un accord commercial avec l’UE existe depuis peu. Les troubles du Maïdan largement influencés par les Etats-Unis y sont pour quelque chose et il est vivement recommandé de lire l’entretien téléphonique de Kiev entre la Ministre des Affaires étrangères Nuland et l’ambassadeur des Etats-Unis Pyat (publié intégralement sur Réseau Voltaire et dans Horizons et débats du 16/9/14). Il s’agit de savoir comment hisser les politiciens ukrainiens dans des fonctions supérieures.
Il est facile à comprendre que Poutine ne puisse tolérer un Etat de l’OTAN dirigé par les Etats-Unis à ses frontières. Les Etats-Unis toléreraient-ils un Mexique sous influence de la Chine? Il va de soi que Poutine se batte avec acharnement.
Le plan d’intégrer l’Ukraine dans l’EU et dans l’OTAN témoigne d’une politique de force des Etats-Unis et de l’UE et non pas d’une géopolitique occidentale qui tient compte des intérêts russes. Il s’agit d’une véritable menace pour la Russie.
Les sanctions économiques prises par la Commission européenne contre la Russie pourraient se développer en boomerang. Bien des milieux économiques craignent les répercussions. Les Etats-Unis en sortiraient gagnants, ils seraient contents d’une Union européenne affaiblie. Quant à moi j’adopte l’idée du professeur John Mearsheimer: une Ukraine neutre ne représentant aucune menace pour la Russie et ayant des relations commerciales aussi bien avec l’est qu’avec l’ouest.

Ingo Kersten, Friltschen