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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°23, 14 juin 2010  >  Bien gérer le budget familial en temps de déclin économique [Imprimer]

Bien gérer le budget familial en temps de déclin économique

ew. Même en Suisse prospère, les gens peuvent devenir chômeurs de façon imprévue en raison de fermetures d’entreprises ou de maladie, il y a des réductions de salaires, des indemnités de vie chère réduites ou même supprimées. Sans en être responsable, les revenus ne couvrent plus les dépenses et les factures ne peuvent plus être payées, et le budget familial se retrouve dans une situation précaire. Dû à la crise financière, l’endettement de nombreux pays a considérablement augmenté et aura des conséquences sur les sa­laires et caisses de pension dans un proche avenir. Mais il y a aussi les coups du destin qui, comme une séparation ou un décès, réduisent souvent le revenu.
Cependant même dans des moments difficiles, il y a toujours une marge de ma­nœuvre qui permet de garder la situation bien en main, d’apporter soi-même une contribution à l’assurance de l’existence. Les gens savent faire beaucoup plus qu’ils ne le pensent, accomplir des travaux, fabriquer des produits ou effectuer de petites réparations. Une grande partie de ce qui était autrefois évident pour nous a disparu aujourd’hui.
Mettre la main à la pâte pour bien gérer le budget familial en temps de crise peut être une source de loisirs et un enrichissement non seulement pour ceux qui sont touchés par le chômage ou le chômage partiel, mais aussi pour la population active. Pendant son temps libre, la jeune génération fait l’expérience d’un travail exemplaire en collaboration avec d’autres, ce qui peut être particulièrement important en vue d’un avenir professionnel qui s’avère souvent moins rassurant.
Pour un enfant, il n’y a pas de meilleure préparation à des périodes plus difficiles dans la vie que de voir comment mère et père travaillent ensemble au jardin, effectuent de petits travaux de rénovation dans la maison ou ailleurs, et font participer l’enfant selon son âge.

Des travaux pratiques sont source de satisfaction même hors des temps de crise

Un ami me racontait souvent comment il avait aidé son grand père à donner des coups de marteau, à clouer et à peindre quelque chose. Il était patient et veillait à ce que le travail soit bien fait. Ensuite, tous deux réchauffaient des saucisses sur un vieux fourneau. Aujourd’hui encore, il a recours aux expériences d’alors, en demandant conseil aux collègues ou autres artisans, et il est capable de réfléchir et d’agir lui-même, ce qui lui permet de faire des économies et lui procure en plus pas mal de plaisir.
Beaucoup de lecteurs pourraient y ajouter des exemples similaires. Il est bien d’ap­prendre ces choses-là avec une certaine «passion» quand le besoin n’est pas encore trop grand. Nous pourrons alors y avoir recours en cas de besoin.
J’aimerais bien vous raconter un exemple de mon travail professionnel. Lorsque la première guerre d’agression de l’OTAN a eu lieu sur sol européen, il était clair que cela allait changer la vie pour nous tous dans les années à venir. En 1999, le Kosovo fut attaqué. J’ai proposé, avec deux autres enseignantes en économie familiale, un cours de cuisine de base qui s’adressait essentiellement aux femmes adultes – il y avait aussi un homme participant – qui n’avaient pas eu l’occasion – ni dans leur famille ni lors de leur formation – de suivre une introduction systéma­tique au savoir-faire culinaire. La plupart des participants avaient fait des études universitaires, faisaient leur preuve dans la vie professionnelle et disposaient de certaines expériences de vie en communauté, mais, quant à la gestion du ménage, ils avaient besoin de rattrapage.
Au cours de sept soirées, nous avons introduit les participants aux divers thèmes tels que soupes, tartes, plats divers à base de céré­ales, pommes de terre, légumes, fruits, vi­ande, lait et produits laitiers. Bien sûr, tout était pré­paré de fond en comble, nous n’avions pas recours aux produits finis ou semi-finis. Toutes les trois, nous discutions à fond la préparation des cours et étions très attentives à ce que toutes les techniques de base de la cuisine, la plupart des pâtes à gâteaux, etc. soient faites sur place et que tous les participants reçoivent le maximum d’«outils» pouvant être transférés à de nombreux autres plats.
Encouragées par le «succès», nous avons proposé à plusieurs reprises un cours d’un jour pour apprendre la conservation des fruits et légumes. Toutes les méthodes de conservations furent présentées et mises en œuvre. Après chaque cours, les participants rentraient avec un sac plein de petites bouteilles, de petits sachets ou de verres remplis de confiture stérilisée à chaud ou de fruits secs, de lé­gumes marinés dans du vinaigre ou de l’huile, de sel aux légumes et de sauces tomates. Les conserves faites à la main et ornées de belles étiquettes servaient de provisions ou de petits cadeaux utiles.
Il est à espérer que dans le domaine de l’économie familiale une approche diffé­rente se fasse jour. Dans le canton de Zurich, le soi-disant «Obli» (un cours d’économie famili­ale obligatoire) qui avait été supprimé dans le cadre de mesures d’économie, a dû être réintroduit sous la pression de la population. Avec satisfaction, j’ai lu dans Horizons et débats n° 21 que, dans divers cantons, des motions ou interpellations ont été déposées pour promouvoir l’enseignement de l’économie familiale.     •