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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  Nº32, 6 août 2012  >  Gauck: la carte de parti remplace la qualité … [Imprimer]

Gauck: la carte de parti remplace la qualité …

Le Président allemand veut-il mener une politique anticonstitutionnelle?

km. Le président de la République fédérale, Joachim Gauck, est en passe d’échanger le personnel dirigeant de l’administration de la présidence fédérale datant du temps de ses prédécesseurs, Köhler et Wulff, et d’engager du personnel venant essentiellement des partis SPD et Les Verts.
Dès son entrée en fonction, Gauck avait nommé comme son secrétaire d’Etat David Gill, membre du parti socialiste, Andreas Schulze (Les Verts), comme son porte-parole par intérim et Johannes Sturm, membre du parti socialiste, comme chef de service. Selon le journal «Hamburger Morgenpost» du 17 juillet, il va y avoir de nouvelles décisions dans le cadre de l’administration de la présidence fédérale, allant dans le même sens. Ferdos Forudastan, ancienne militante des jeunes socialistes et actuellement épouse de Michael Vesper, du parti des Verts, est censée remplacer dès septembre le porte-parole ad intérim Schulze. Wolfram Stierle, un proche du socialiste David Gill, doit prendre la direction du service de planification.
Il semble bien que ces changements aient eu lieu à l’insu de la délégation du personnel de cette administration. La délégation du personnel aurait, selon le «Hamburger Morgenpost», précisé que les décisions concernant le personnel nécessitait «dans la plupart des cas de l’accord de la délégation du personnel» et dans T-Online du 20 juillet on peut lire dans la prise de position de la délégation du personnel que «les postes vacants doivent être mis au concours». De plus, le «Hamburger Morgenpost» cite un politicien de la CDU, qui souhaite garder l’anonymat, de la manière suivante: «Le grand nombre de décisions concernant le personnel dans une direction politique donnée donne une mauvaise impression quant à la neutralité de la fonction.»
***
La Loi fondamentale allemande a mis en place des garde-fous en ce qui concerne l’exercice des fonctions du président de la République fédérale. Au sens strict du terme, il n’a pas de devoirs politiques. Son mandat principal est de représenter l’Allemagne, donc tous les Allemands, et ceci notamment à l’étranger. Ces garde-fous ont été mis en place du fait que le pays a fait de très mauvaises expériences avec un chef d’Etat détenant un important pouvoir politique. Le chef d’Etat de la République de Weimar, dont la fonction avait été conçue lors de la fin de l’empire en 1918 comme un remplacement de l’empereur, possédait des pouvoirs dictatoriaux (nomination et révocation du chancelier du Reich, dissolution du Parlement, ordonnances en application des pleins pouvoirs ayant force de loi). Ces pleins pouvoirs ont préparé dès 1930, et pas seulement à partir du 30 janvier 1933, la dictature du parti national-socialiste.
Il semble bien que Joachim Gauck, le nouveau Président de la République fédérale, vise – à l’encontre des limites constitutionnelles imposées à sa fonction – un pouvoir politique qui se situe au-dessus des organes constitutionnels. Il s’est prononcé, non pas au nom du peuple allemand, mais en son propre nom et au nom de cercles intéressés, en faveur de la mondialisation voulue par le néo-libéralisme et en faveur d’une participation allemande aux guerres impérialistes dans le monde entier. Il s’est même permis d’en appeler aux Allemands pour qu’ils cessent «enfin» de s’opposer aux victimes allemandes de la guerre.
Pour l’instant, il s’entoure de plus en plus d’amis politiques.
Paul Ariès et Florence Leray ont démontré dans leur livre intitulé «Cohn-Bendit, l’imposture» (cf. Horizons et débats n° 28 du 9/7/12) que l’agitateur des Verts, Daniel Cohn-Bendit, était devenu «l’un des meilleurs avocats du capitalisme vert», «il est l’homme dont le système a besoin pour imposer ses fausses ‹solutions› à la crise.»
Cohn-Bendit est le «héraut de la mondialisation» et on sait depuis bientôt deux décennies qu’il est un belliciste avoué. Est-ce que Gauck fait lui aussi partie de la cordée Cohn-Bendit-Kretschmann? Qu’on se rappelle, Joachim Gauck avait à l’origine été présenté par Jürgen Trittin (Les Verts) – depuis peu également membre du groupe de Bilderberg – contre le candidat des partis CDU/CSU/FDP Christian Wulff. Ce n’est que suite à la démission de ce dernier qu’il eut sa chance et fut nommé par tous les partis – sauf Die Linke.
Si Joachim Gauck veut faire de la politique, il doit se retirer de la fonction de président de la République fédérale. Vouloir profiter du respect dû à cette fonction comme couverture, pour mieux pouvoir se lancer dans la lutte politique, est une violation évidente de la Constitution. Qui en Allemagne est d’accord d’accepter un tel fait? Qu’en est-il de l’opposition des médias, qui s’étaient tant acharnés contre son prédécesseur?    •