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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°35, 7 septembre 2009  >  L’économie doit promouvoir la dignité humaine et le bien commun [Imprimer]

L’économie doit promouvoir la dignité humaine et le bien commun

Un appel de l’Œuvre Kolping Suisse à une nouvelle orientation

«La richesse économique d’un peuple ne résulte pas seulement de l’abondance globale des biens, mais aussi et plus encore de leur distribution effective suivant la justice»
Encyclique Mater Magistra (1961)

L’association sociale Kolping Suisse se réfère au prêtre et réformateur social allemand du XIXe siècle Adolph Kolping. Il fait aujourd’hui partie de l’Œuvre Kolping internationale qui s’engage socialement dans plus de 60 pays. Le Kolping Europe est une ONG représentée au Conseil de l’Europe. De même, le Kolping International est représenté à l’Organisation internationale du travail (OIT).
Nous nous fondons sur la vie et l’œuvre d’Adolph Kolping ainsi que sur la doctrine sociale de l’Eglise catholique d’où nous tirons nos principes. A partir de cela, le Kolping Suisse fait observer ce qui suit au sujet de la crise économique mondiale:
C’est avec une grande inquiétude que nous observons l’évolution des marchés mon­diaux, en particulier le fait que l’économie financière ait développé une dynamique propre avec ses règles à elle et qu’elle ne soit plus liée à l’économie de marché. Selon la doctrine sociale catholique, l’homme reste toujours au centre des réflexions. «Dans la vie économico-sociale aussi, il faut honorer et promouvoir la dignité de la personne humaine, sa vocation intégrale et le bien de toute la société. C’est l’homme en effet qui est l’auteur, le centre et le but de toute la vie économico-sociale.» (Gaudium et spes, 1965). Il est également clairement demandé que l’homme participe aux bénéfices, ne serait-ce «que» grâce à la sécurité de l’emploi. Un autre principe important de la doctrine sociale catholique est le bien commun. Elle ne cesse de souligner que le fait d’amasser de l’argent et de la puissance est un signe d’injustice. Ainsi, l’encyclique Quadragesimo anno, rédigée à la suite de la crise économique de 1929, précise ceci: «Ce qui, à notre époque, frappe tout d’abord le regard, ce n’est pas seulement la concentration des richesses, mais encore l’accumulation d’une énorme puissance, d’un pouvoir économique discrétionnaire, aux mains d’un petit nombre d’hommes qui d’ordinaire ne sont pas les propriétaires, mais les simples dépositaires et gérants du capital qu’ils administrent à leur gré.»
Le concept de base de l’économie sociale de marché se situe à l’opposé de cela: Une législation et un ordre social pénétrés de justice sociale et rigoureusement imposés et protégés par les pouvoirs publics doivent imprégner l’économie en toutes circonstances. La recherche du bien commun doit remplacer celle du bien individuel. L’Etat doit respecter et promouvoir les droits de l’homme. Il doit veiller à ce que le progrès social soit lié au progrès écono­mique, car la justification du pouvoir de l’Etat repose uniquement sur le bien commun.
De même, nous sommes étonnés et même choqués de voir avec quelle facilité des milliards peuvent être dégagés pour des «solutions» et des «soutiens». Et face à cela, il y a l’ancienne revendication concernant l’effacement de la dette des pays en voie de développement qui n’aurait représenté qu’une petite partie des sommes investies maintenant; des initiatives comme le fait de porter l’aide au développement à 0,7% du PNB; le travail des œuvres d’entraide comme le Kolping Suisse qui s’engagent depuis des années déjà, avec des moyens dérisoires, en faveur d’un monde plus juste pour permettre au gens d’assurer leur existence dans leur pays plutôt que de devenir des réfugiés. Un grand risque de cette crise consiste à oublier les plus pauvres et à ignorer que c’est entre autres grâce à l’aide au développement, aux exportations et aux intérêts que les Etats industriels de l’Occident ont acquis leur prospérité.
C’est pour ces raisons que le Kolping Suisse demande:
• aux partis, avant tout à ceux qui se disent chrétiens, de s’engager davantage en faveur des droits de l’homme et du bien commun et de mettre en application de manière vigoureuse la doctrine sociale catholique en ce qui concerne l’économie.
• à l’Etat de ne plus se plier aux seuls intérêts de l’économie, de respecter les droits de l’homme et lorsqu’ils sont en danger (aussi économiquement), d’intervenir pour le bien commun et pour une économie sociale de marché et une société plus juste.
• aux représentants de l’économie de considérer l’homme comme un sujet et non comme un objet et de faire profiter les travailleurs des fruits de leur travail (aussi sous forme d’emplois!) car sans les hommes, il n’y aurait pas d’économie.
• aux établissements financiers, surtout à ceux qui ont reçu un soutien de l’Etat, d’investir à l’avenir leurs bénéfices au profit du bien commun et d’un monde plus juste, de créer plus d’emplois et de renoncer aux bonus absurdes versés à des managers qui gagnent déjà bien leur vie, de créer des mécanismes de contrôle meilleurs et plus transparents et de prouver de la sorte qu’ils sont conscients de leurs responsabilités envers la société.
• aux Eglises chrétiennes et à leur personnel de participer aux débats en tant que représentants de la doctrine sociale catholique et de formuler leur requêtes publiquement et de manière audible.
• à chacun de rendre possible, par son attitude, par son style de vie, une économie socialement juste, de lutter contre l’exploitation et la recherche unique du profit et de promouvoir un monde plus juste en se montrant solidaire.

Déclaration adoptée lors de la conférence centrale de l’Œuvre Kolping Suisse et par les délégués des familles et des régions Kolping Lucerne, le 6 juin 2009.    •

Source: www.kolping.ch

Les débuts des associations de compagnons en Suisse

En Suisse aussi, Adolph Kolping s’est engagé en faveur du développement des associations de compagnons. Il a entretenu plusieurs correspondances et a visité trois fois la Suisse: en 1855 à Ror­schach, en 1859 à Bâle pour la fondation de l’association de compagnons et en 1863 en Suisse orientale et centrale (entre autres aux lieux de pèlerinage de Maria Einsiedeln et de Nicolas de Flue au Ranft).
A sa mort, le 4 décembre 1865, on comptait en Europe 420 associations de compagnons. En Suisse, il n’avait réussi à en créer que de neuf: en 1853 à Appenzell, en 1854 à Rorschach, en 1855 à Saint-Gall, en 1859 à Bâle et à Fribourg, en 1861 à Lucerne et en 1863 à Soleure, Zurich et Schaffhouse. Les trois premi­ères ont été dissoutes mais elles ont pu être créées à nouveau en 1866 et en 1871.
Après la fondation d’associations à Berne, Wil et Coire (toutes en 1867), il en existait onze lorsque président général Georg Schäffer nomma le président de l’association de Saint-Gall, le chancelier épiscopal Wilhelm Linden premier président central de Suisse.
Au début de la Première Guerre mondiale, en 1914, plus de 2000 des 3000 compagnons de Suisse ont été mobilisés dans leur pays. Ainsi, beaucoup d’associations ont presque complètement fondu. Sous la direction du président central Claudius Hirt, on a profité de l’occasion de donner une forme suisse à l’association, ce qui l’a sauvée. Ce fut une bénédiction pour l’ensemble de l’Œuvre Kolping.

Source: www.kolping.ch