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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°20/21, 17 juin 2013  >  Il nous faut un débat approfondi sur les valeurs [Imprimer]

Il nous faut un débat approfondi sur les valeurs Pensées de «Lilienberg»

Le développement de la politique et de la société et les résultats du cycle «Avoir du succès, valeurs humanistes-chrétiennes et d’autres valeurs au sein du patronariat» organisé par le Forum entrepreneurial «Lilienberg» (2012/2013).

Notre monde est devenu confus: Il se laisse emporter par d’énormes développements – telles la mondialisation, la révolution des technologies de l’information ou la crise financière. Par conséquent, il est important que les hommes soient encore plus conscients de leurs valeurs communes afin de pouvoir s’orienter et de trouver du soutien. Cela est particulièrement vrai pour les entrepreneurs ainsi que pour les responsables dans les domaines de l’économie, de la politique et de la société. Mais face aux grands problèmes et défis à venir – par exemple, la sécurisation de l’Etat social face au changement démographique ou la complexité énorme de la cohabitation globale – nous sommes obligés à mener un débat approfondi sur les valeurs: seulement s’il y a un certain consensus concernant les valeurs communes dans le pays et parmi ses habitants, l’avenir pourra être maîtrisé avec succès et la Suisse avec ses richesses et ses prestations de bien-être pourra survivre!

Des avertissements clairs venant du peuple

Ces derniers temps, on a pu observer des signes précurseurs prouvant que le déséquilibre et le mécontentement dans notre pays augmentent. Principalement dans les urnes et en plaçant leur signature sur les feuilles d’innombrables initiatives populaires et référendums, un nombre augmentant de citoyennes et citoyens laissent libre cours à leur mécontentement – mais souvent aussi à leur mentalité d’enfant gâté.
Pensons à l’acceptation des initiatives fédérales «Contre les rémunérations abusives» et «Pour en finir avec les constructions envahissantes de résidences secondaires» ainsi que de l’initiative cantonale «Pour la protection des terres agricoles» ou aux votations futures sur les initiatives fédérales «Pour la protection de salaires équitables (Initiative sur les salaires minimums)» et «1:12 – Pour des salaires équitables» ainsi que sur les initiatives «Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles» et «Contre l’immigration de masse».
Ces initiatives doivent être comprises comme des avertissements de la part du peuple. Avec leur nombre et leur hétérogénéité des contenus, elles dominent la vie politique des dirigeants.
D’une part, elles font tourner encore plus vite la machinerie législative qui tourne déjà à plein régime, ce qui augmente encore davantage le niveau des réglementations dans notre pays. D’autre part, les dirigeants sont devenus pratiquement incapables d’agir. Au lieu de garder les choses bien en main et de prendre soin des intérêts stratégiques et des objectifs de notre pays, ils se laissent porter par les événements sans vue d’ensemble et sans clairvoyance.

Les atouts et les avantages de la Suisse sont en danger

La plupart des initiatives susmentionnées et leurs conséquences augmentent non seulement le niveau de réglementation dans notre pays en risquant d’étouffer les PME, mais elles mettent aussi en danger à moyen et long terme la Suisse et ses avantages concurrentiels dans un monde globalisé.
Notamment la liberté contractuelle et la liberté de salaire, le marché libéral du travail et la libre circulation des personnes sont en danger, bref des éléments-clés de la liberté d’entreprise qui sont essentiels à une économie prospère. En outre, la quote-part de l’Etat qui jusqu’ici était très basse en comparaison internationale, augmente avec la bureaucratisation croissante. L’attaque massive contre le système de milice de la part des opposants à l’armée est un autre risque pour nos atouts spécifiques. Cela met en danger non seulement la sécurité de la Suisse – donc un avantage qu’on ne peut sous-estimer – mais sape aussi un pilier de notre Etat puisque plus personne ne peut être engagé obligatoirement pour un service à la communauté.
Cela correspond à la tendance pour encore davantage de liberté individuelle, mais élimine finalement le sens de la responsabilité envers l’Etat et la société.

La société et l’économie ne s’entendent plus

A première vue cette évolution étonne, étant donné que la Suisse prend une position de leader dans presque toutes les comparaisons internationales et tous les classements internationaux. La prospérité et le bien-être peuvent dans l’ensemble se présenter dans le monde entier.
Mais en y regardant de plus près, on constate que cette tendance pourrait être causée dans notre pays par la lente dissolution du consensus concernant les valeurs qui risque finalement de disparaître. Cette évolution est probablement avant tout en relation directe avec le changement de la compréhension de la liberté: en d’autres termes, on a découplé la liberté de toutes les autres valeurs qui devraient être inextricablement et forcément liées avec elle. Et ce sont exactement ces valeurs qui sont en jeu quand on parle du consensus des valeurs et qu’on demande un débat concernant ces valeurs.
La démesure d’une minorité en ce qui concerne les rémunérations, les attentes exagérées de rendement dans toujours davantage de directions d’entreprises, la mentalité de casino de nombreux acteurs financiers, la séparation active et passive de l’Etat, de l’économie et de la société ont finalement abouti à ce malaise qui se fait sentir depuis longtemps. L’économie et la société, qui s’entendent de moins en moins, en sont affectées de la même manière. Le danger est grand que la réaction de la société à cette aliénation se radicalise de plus en plus et mette ainsi en question les fondements de notre communauté, les ressources humaines, techniques et économiques!
Aujourd’hui et dans un proche avenir, les acteurs de l’économie et les pourfendeurs des atouts spécifiques de la place économique suisse doivent faire face à une longue lignée de campagnes de votation qui seront difficiles à gagner malgré l’engagement énorme de ressources – contre une opposition populaire hétérogène qui ressent le malaise et qui croit avoir les valeurs justes de son côté. Le fait que la réflexion interdépendante et à long terme reste sur le carreau, ne doit pas être explicitement mentionné.

Quelles sont les valeurs qui nous tiennent à cœur?

Les entrepreneuses et entrepreneurs doivent être prêts à discuter les valeurs ou même à initier le débat. Car ils ont sans doute des valeurs importantes à faire valoir et à défendre. Ils devraient simplement en être conscients, les reconnaître et les vivre – en pleine conscience qu’il n’y a pas de recettes pour un débats sur les valeurs dans un ordre social libéral, aussi peu qu’on peut définir un catalogue de valeurs absolues ou homogènes. Il ne faut pas seulement discuter les valeurs individuelles, mais il faut aussi se demander, si et où ces valeurs apparaissent encore et comment on pourrait mieux en prendre conscience.
Nous nous limitons donc à un nombre réduit de ces valeurs, qui ont été nommées au cours du cycle Lilienberg par des entrepreneurs et des leaders de l’économie reconnus – et qui sont vécues et éprouvées dans leur quotidien professionnel.
La liberté: Cette valeur est absolument centrale. Mais elle est liée inséparablement à d’autres valeurs, avant tout à la responsabilité, c’est-à-dire la responsabilité envers le bien-être de l’entreprise, des collaborateurs, des clients, de l’environnement et de la société. En outre, la liberté ne peut pas simplement être comprise de manière négative (être libre de qc.), mais de manière positive (être libre pour qc.): à quoi sert ma liberté et ma «fortune» matérielle et immatérielle? Quelle est ma contribution en faveur de l’Etat et de la société? Et ici on pourrait partir du principe: plus il ya de liberté et de «fortune», plus il y a de responsabilité.
L’intégrité personnelle: ici il en va notamment de la crédibilité, de la sincérité, du respect et de la loyauté envers les collaborateurs, les clients, les partenaires et les investisseurs. Le modèle personnel, vivre les valeurs, est plus important que les gros livres de «compliance» et des conceptions directrices de beau temps. Celles-ci sont surtout précieuses pour les personnes qui les ont réalisées.
Modestie, humilité, humanité: Ces valeurs rendent possibles un traitement soigneux de son entreprise, de ses collaborateurs, de ses clients, de ses investisseurs, mais aussi des grands défis du monde globalisé avec tous ses phénomènes telle la pire misère et la destruction massive des ressources et de l’environnement.
Les entrepreneurs qui au cours de ce cycle de discussion, se sont prononcés concernant leurs valeurs, ont tous beaucoup de succès – même sur les marchés durs et disputés.

Qui est sollicité?

Chaque individu doit prendre conscience que les valeurs jouent un rôle important dans sa vie, chacun doit se décider pour les valeurs qui lui sont importantes. Il faudrait également se poser la question de savoir si l’on n’est pas devenu indolent suite à la prospérité dans laquelle on se trouve et si l’on comprend aussi la valeur intérieure de la liberté et qu’on en profite de manière sensée.
Dans la société les individus doivent se demander, où ils peuvent mettre leur liberté et leurs valeurs au service de la communauté. De cette façon, ils contribuent à la discussion des valeurs. Il en va avant tout, outre la liberté, d’encourager les valeurs qui y sont liées, telles la responsabilité, la modestie et l’humanité.
Les associations économiques ont la possibilité et les ressources d’initier et de soutenir la discussion des valeurs. Cela serait à moyen et à long terme plus «rentable» que des campagnes de votations avec des agents payés.
Les entrepreneurs ont de grandes possibilités: par des actions conscientes et responsables en accord avec leurs valeurs, ils ont beaucoup d’influence sur leur entourage, les collaborateurs, les clients, les investisseurs et la société en général. Mais ce qui est le plus important, c’est que les entrepreneurs reconnaissent leurs valeurs. En outre, un engagement direct en politique (mandats) et dans la société (par exemple dans l’armée ou des travaux bénévoles) est souhaitable, voire nécessaire. De bons liens avec la société aiguisent la conscience pour les valeurs d’autrui.
L’Etat ne doit pas participer directement dans la discussion des valeurs. Les dirigeants doivent tout mettre en œuvre pour retrouver l’initiative et pour bien prévoir leurs activités, afin de reconnaître à temps les difficultés prévisibles qui pourraient survenir.
La fondation «Lilienberg Unternehmer­forum» ne lâche pas ce sujet et lancera prochainement un nouveau cycle dans le domaine de la culture et de l’éthique entrepreneuriales.    •

Source: Lilienberg Unternehmerforum, mai 2013

(Traduction Horizons et débats)