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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°25, 23 juin 2008  >  La Corne de l’Afrique [Imprimer]

La Corne de l’Afrique

Les crises majeures – IIe partie: L’Erythrée

par Stanislas Bucyalimwe Mararo

pk. L’auteur centre son analyse, la deuxième sur les zones en crise actuelles du continent africain, sur l’histoire dramatique des frères ennemis: Ethiopie et Erythrée. Il en ressort clairement que l’Ethiopie, après la chute du régime marxiste de Mengistu, est devenue le pion principal des Etats-Unis dans la région. Comme partout ailleurs en Afrique, les grandes puissances ont savamment (et cyniquement) tiré profit des tensions ethniques qui prévalaient dans la région depuis longtemps, des divergences entre les différents clans au pouvoir ainsi que des conséquences néfastes des guerres (souvent fomentées par les grandes puissances mondiales) telles que la dépendance économique, la faim, le manque de soins médicaux, et des ambitions nationales et régionales afin d’assurer la présence américaine dans la région et l’aligne­ment d’«alliés» dans la «guerre contre le terrorisme». Ce qui peut, à première vue, déconcerter par sa complexité s’avère obéir à une logique terriblement simple. L’ennemi de mon ennemi (la Somalie) doit forcément devenir mon allié (l’Ethiopie). Tandis que son gouvernement sympathise avec le bloc soviétique, je fais tout pour l’ébranler: je soutiens donc les forces «autonomistes» érythréennes. Une fois le pouvoir souhaité bien installé et vu les ambitions qu’il nourrit dans la région, je fais tout pour éviter qu’il devienne trop fort (c’est-à-dire que j’encourage de nouveau les aspirations «nationalistes» de l’Erythrée). Cela me permet d’être à cheval sur deux régimes et de favoriser, selon les circonstances, une fois l’un, une fois l’autre.

Colonisation: Italie, Grande Bretagne, ONU, et Ethiopie (1897-1962)

L’Italie s’intéressa à cette région à partir de l’ouverture du Canal de Suez en 18691. Mais, c’est en 1897 (une année après le traité d’Adoua qui consacrait la défaite italienne), qu’un accord est intervenu entre l’Ethiopie de Ménelik II et l’Italie pour recon­naître l’administration italienne sur cette région qui servait de débouché de l’Ethiopie sur la Mer Rouge; cette cession se fit en échange du soutien italien contre les visées expansionnistes de l’Egypte dirigée alors par Méhémet-Ali2. Elle devint la première colonie italienne dans la Corne sous le nom de l’Erythrée (Mer Rouge d’après les Grecs). Lorsque l’Italie fasciste envahit l’Ethiopie en 1935-19363, le territoire érythréen engloba le Tigré éthiopien. Une Erythrée ainsi aggrandie, plus le reste de l’Ethiopie et la Somalie dite italienne constituèrent l’empire africain oriental de l’Italie. A sa défaite en 1941, l’Italie perdit cet empire. La Grande Bretagne prit le contrôle de l’Erythrée qui revint à ses frontières d’avant 1936: «Délivré de la tutelle italienne par les Britanniques, en 1941, le sort du territoire est confié à l’ONU qui décide, en 1952, de le rattacher à l’Ethiopie, par la résolution 390 V»4. En 1952, l’ONU rattacha l’Erythrée à l’Ethiopie dans le cadre d’une fédération. Ce rat­tachement entraîna la mise en place des institutions autonomes et la procamation du tigréen et de l’arabe comme langues officielles. Mais, l’empereur Hailé Séllassié, passant outre ce statut reconnu par l’ONU, transforma petit à petit l’Erythrée en province éthiopienne. Commencée en 1955, cette politique d’étouffement de l’autonomie déboucha sur l’annexion totale de l’Erythrée en 1962 et la prise du contrôle de tous les rouages du pouvoir par les hommes d’Addis Abeba5.

Erythrée et Ethiopie impériale: naissance du nationalisme éthiopien (1962-1974)

La frustration des Erythréens se matérialisa par l’émergence des mouvements nationa­listes qui revendiquaient non pas l’autonomie, mais l’indépendance6. La première opposition armée contre le pouvoir éthiopien fut menée à partir de 1961 par le Front de Libération de l’Erythrée (FLE) qui était à dominante musulmane. Ayant comme slogan «l’Erythrée arabe», bénéficiant de ce fait des appuis de certains pays du monde arabo-musulman et prétendant n’avoir aucun lien avec l’Etat éthiopien, ce mouvement était en lui-même l’expression des divisions religieuses et ethniques, internes à l’Eryhtrée. C’est en 1973 que des chrétiens s’unirent pour former le Front populaire de libération de l’Erythrée (FPLE). Ce dernier «parvint à s’imposer comme le représentant du nationalisme érythréen. Bien que ses dirigeants fussent pour la plupart des chrétiens (ou peut-être précisément pour cette raison), le FPLE insista très fortement sur le caractère à la fois laïc et national de son combat, se réclamant d’une idéologie marxiste dans l’espoir de surmonter les divisions de la population»7. L’union (non la division) fut le maître-mot du FPLE et l’élément catalyseur dans le processus de la formation et de la consolidation du sentiment national durant toute la période de la guerre d’indépendance. Jusqu’à son renversement en 1974, l’empereur Hailé Sélassié a tenté d’endiguer avec un certain succès ce nationalisme érythréen.

Erythrée et Ethiopie marxiste (1974-1991)

Les Ethiopiens et les Erythréens se mirent ensemble pour combattre le régime sanguinaire de Mengistu Hailé Mariam (surnommé le «Négus Rouge»). Cette lutte armée fut menée par plusieurs groupes dont le plus important fut «le Front Populaire de Libération du Tigré (FPLT) qui réunissait les deux dirigeants actuels, Issayas Afeworki (Erythrée) et Mélès Zenawi (Ethiopie)»8. Celui-ci fut le parti dominant au sein du Front Démocratique Révolutionnaire du Peuple éthiopien (FDRPE). L’élément régional (Tigré) et ethnique (Tigréen) a sans doute pesé beaucoup dans ce rapprochement. Le FPLT eut gain de cause en 1991 lorsqu’il remporta une victoire décisive sur les troupes de Mengistu et s’empara de la capitale, Addis-Abeba; ce dernier dut fuir le pays en laissant l’Ethiopie entre les mains de ses tombeurs. Mélès Zenawi lui succéda à la tête du pays alors qu’Issayas Afeworki s’installait à Asmara.

Indépendance et affrontement des intérêts nationaux avec l’Ethiopie (de 1993 à nos jours)

André Dulat et ses amis parlent «d’une indépendance aux lendemains amers»9. C’est ce parcours périlleux de l’Erythrée indépendante qu’il faut faire ressortir ci-après en suivant quatre étapes distinctes. Après avoir conquis l’indépendance par les armes, l’Erythrée doit assurer sa survie en tant qu’Etat par les armes contre le puissant voisin, l’Ethiopie, et dans un environnement international tumultueux.

1991-1993: phase intermédiaire

Contrairement aux nationalistes éthiopiens, Issayas Afeworki et ses compagnons d’armes érythréens ne voyaient dans la chute de Mengistu qu’un tremplin vers l’indépendance de l’Erythrée qui était la principale préoccupation depuis 1962. Des négociations entre les deux parties s’engagèrent immédiatement après la victoire militaire; à la fin, Addis-Abeba s’inclina face à l’inéluctabilité de l’histoire en acceptant cette indépendance en 1993, mais avec rancœur, surtout du fait qu’elle perdait les ports d’Assab et de Massawa et se retrouvait du coup enclavé10. L’accord d’amitié et de coopération signé à cette occasion n’est resté que lettre morte car le cordon ombilical s’est coupé dans l’espace de cinq années.

1993-1998: débuts de la construction d’une nation

En 1993, l’Erythrée fut reconnue comme Etat indépendant à l’issue d’un référendum d’autodétermination organisé sous les auspices de l’ONU (avril 1993)11 et admise au sein de celle-ci et de l’OUA. «L’accent fut mis sur l’unité acquise dans le combat pour l’indépendance. Un seul parti fut autorisé, le FPLE, rebaptisé Front populaire pour la démocratie et la justice (FDPJ). Il prit en main les rênes de l’Etat et transposa ses méthodes centralisées héritées de la guerre dans l’administration. Une nouvelle législation agraire qui était clairement favorable aux populations chrétiennes de la Montagne fut mise au point. Sous bien des aspects, le nouveau pouvoir et le nationalisme qui l’inspirait furent imposés d’en haut»12. Malgré les difficultés du début, le nouveau régime d’Asmara s’embarqua dans des revendications territoriales le long de ses frontières: frictions avec le Yémen (îles de la Mer Rouge), prétentions sur la République de Djibouti et guerre ouverte avec l’Ethiopie (au sujet de la frontière entre l’Erythrée et le Tigré)13. Ce nouvel Etat affichait des ambitions expansionnistes qui furent un nouveau ingrédient dans une région déjà très instable. L’Erythrée devint l’alliée stratégique des Etats-Unis dans toute l’Afrique Orientale et Centrale à côté de l’Ethiopie de Mélès Zenawi, l’Ouganda de Museveni et du Rwanda de Paul Kagame: «Les deux pays (Erythrée et Ethiopie) dirigés par les deux cousins, Mélès Zenawi et Issayas Afeworki, étaient la clé de la stratégie américaine visant à isoler le régime intransigeant du Soudan, dirigé par le général Omar al-Béchir… Avec une présence militaire renforcée des Américains et de leurs alliés dans la région, officiellement pour combattre Al-Qaïda et ses appuis, la plupart des pays de la Corne sont engagés dans une compétition pour bénéficier du soutien américain»14.

1998-2000: guerre ouverte avec l’Ethiopie

Pour diverses raisons, un conflit sanglant éclata entre les deux pays en 1998 (c’est l’Erythrée qui envahit la première le territoire éthiopien)15. Il s’agit des rivalités entre Mélès Zenawi et Issayas Afeworki et entre les clans Tigréens d’une part: «L’unité des Tigréens répartis des deux côtés de la frontière est toute relative. Société aristocratique, elle est traversée de rivalités entre nobles, au sein même de chacun des deux Tigré (nobles d’Adoua rivaux de ceux d’Axoum en Ethiopie, par exemple, et l’antagonisme entre Tigréens d’Erythrée, colonie italienne, et Tigréens d’Ethiopie est ancienne. Le sentiment de supériorité des Tigréens d’Eryhtrée est réel, sans toutefois s’accompagner dans le Tigré éthiopien d’un sentiment d’infériorité»16. La deuxième raison est l’antagonisme entre deux nationalismes: d’un côté, Mélès Zenawi, à la tête d’un Etat multiséculaire et fier de son passé, qui rêve le retour de l’Erythrée dans le giron éthiopien et ce dans le cadre d’une confédération et de l’autre côté, Issayas Afeworki qui, conscient de la faiblesse de son jeune Etat, tient à renforcer et à faire asseoir un nationalisme érythréen radical. En effet, après un long combat pour l’indépendance (1952-1993), le leadership érythréen est engagé, sur le plan interne, dans la construction d’une histoire et d’une identité nationales. Jean-Louis Peninou parle plutôt d’un «nationalisme pluri-éthnique des Erythréens qui s’accordait mal à celui, plus mono-éthnique, des Tigréens d’Ethiopie qui rêvent du Grand Tigré»17. La troisième raison est d’ordre économique: d’un côté la lutte pour le contrôle des richesses éparpillées le long de la frontière éthipio-érythréenne, de l’autre côté, la question d’accès à la Mer Rouge: «L’Ethiopie ne veut pas se passer d’une façade maritime et, pour qui l’usage du port de Djibouti s’avère très onéreux»; elle «ne veut en outre pas se priver des capacités économiques de son ancienne province»18. La quatrième raison est liée aux enjeux géopolitiques et géostratégiques: les grandes puissances manipulent les conflits internes aux Etats et les conflits inter-étatiques dans la région pour pouvoir les maintenir sous contrôle ou les maintenir fragilisés en vue de les faire accepter les injonctions, meme les plus amères à avaler. Les Etats-Unis, l’Italie, le Rwanda, l’OUA, l’Autorité Intergouvernementale pour le Développement (IGAD) se sont engagés dans un ballet diplomatique en vue de réconcilier les deux leaders et mettre fin à un conflit qui devenait de plus en plus très meurtrier (près 80 000 morts, rapporte-t-on)19. Comme résultat, le traité de paix fut signé le 12 décembre 2000 en Algérie: fin des combats et fixation de la frontière disputée20; mais, la paix entre les deux pays reste précaire21 car on est passé d’une guerre ouverte à une paix armée ou à une guerre froide dont la Somalie est un champ d’affrontement et même si la MINUEE/Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée, créée par la résolution 13122 du Conseil de Sécurité22, veille au respect de ce traité23. Dans l’ensemble, cette guerre a exacerbé les tensions dans la région et celles-ci restent vives entre les deux pays.

2000-2008: guerre froide avec l’Ethiopie

L’Eryhtrée est sortie vaincue des affrontements armés; elle dut faire face aux conséquences désastreuses qui en découlaient. Sur le plan interne, le mythe d’invincibilité dont se vantait le leadership érythréen vola en éclats. Les pertes humaines  et les dégâts matériels furent énormes. D’où l’aggravation de la pauvreté (résultat de la guerre et de la sécheresse) et la dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure, la montée de la grogne dans tous les secteurs de la vie nationale. Cette situation explosive a poussé le président Issayas Afeworki à manipuler le concept de l’unité nationale pour réprimer toute opposition et imposer le service militaire. Le nombre des réfugiés et des déplacés ne cesse d’augmenter. Sur le plan externe, les soucis des pays de la région de voir le régime d’Issayas Afeworki tomber se sont renforcés. D’où, les risques d’une déstabilisation impulsée de l’extérieur ne sont pas exclus. Déjà, «le Soudan aide ouvertement les rebelles de l’Alliance nationale érythréenne (ENA) qui essaient toujours de mettre fin au règne d’Issayas Afeworki»24. Les dangers extérieurs potentiels ou réels peuvent réveiller les forces centrifuges qui sont contenues jusqu’ici par les forces armées. L’Ethiopie et l’Erythrée soutiennent des groupes opposés en Somalie: Gouvernement fédéral de transition (forces gouvernementales) pour le premier cas et l’Union des Tribunaux islamiques/UIC (rébellion islamiste) pour le deuxième cas. Dans ce jeu politico-militaire, Addis Abeba estime qu’Asmara veut déstabiliser le régime de Mélès Zenawi à partir de la Somalie; pour sa part, Asmara qualifie les interventions militaires éthiopiennes en Somalie d’actes terroristes. Quant au gouvernement somalien, il juge autrement, et on le comprend bien, la présence des troupes éthiopienne en Somalie: «Notre objectif est de rétablir l’Etat de droit par la réconciliation et les moyens pacifiques» avant d’ajouter: «Nos soldats et ceux de notre alliée l’Ethiopie se défendront s’ils sont attaquées car, dit-il, il faut faire la guerre à tous ceux qui favorisent la violence»25. Dans ces conditions, Falila Gbadamassi se pose, à juste titre, cette question: «Les frères ennemis feront-ils la paix?»26. Pas demain en tout cas!

1    MENSGHENNA, Y., Italian Colonialism: A Case Study of Eritrea, 1869-1934, Uppsala, Uppsala University Press, 1988.
2    DULAIT, A., et al., La Corne de l’Afrique, nouvel enjeu stratégique, Rapport d’infomration 200 (2002-2003), p. 7.
3    MENSGHENNA, Y., op. cit.
4    DULAIT, A., et al., op. cit.,  p. 8. Sur cette période, lire TREVASKIS, G., K., Eritrea, a Colony in Transition, 1941-1952, London, Oxford University Press, 1960
5 DULAIT, A., et al., op. cit.,  p. 8.
6    OKBAZGHI, Y., «The Eritrea Question: A Colonial Case?», The Journal of Modern African Studies, vol. IV, n° 25,1987, pp. 643-668.
7    CLAPHAM,C., «Guerre  et construtiion de l’Etat dans la Corne de l’Afrique», Critique internationale, n°9, octobre 2000, pp. 102-103.
8    DULAIT, A., et al., op. cit.,  p. 8.
9    DULAIT, A., et al., op. cit.,  p. 7.
10    BORODA, H., «Corne de l’Afrique: guerres par procuration», Afrique-Asie, n° 154, juillet-août 2002.
11    BIANCHI, L., «Eryhtrée-Ethiopie: le bruit de la guerre», rdereel.free.fr/volQ1.html.
12    CLAPHAM,C., op. cit., p. 106.
13    CLAPHAM,C., op. cit., pp. 106-107.
14    BORODA, H., op. cit.
15    Au sujet de cette guerre lire encore, LE HOUENOU, F., Ethiopie-Erythrée. Frères ennemis de la Corne de l’Afrique, Paris, L’Harmattan, 2000;  YERO, B.A., «Ethiopie-eEythrée: Après la paix, à  nouveau la guerre?», ARES, vol. XXI, n° 52, 2004.
16    FOURRIERE, S., «Erythrée-Ethiopie: un an de guerre», Afrique contemporaine, n° 190, 2ème trimestre 1999, pp. 56-57.
17    PENINOU, J.L., «Les ambitions régionales d’Addis Abeba. Ethiopie-Erythrée, une paix en trompe l’oeil», Le Monde diplomatique, juilet 2000.
18    BIANCHI, L., op. cit.
19    Afrik.com du 15 juin 2007.
20    KAZANDJIAN, C., «Corne de l’Afrique. Accord signé entre l’Erythrée et l’Ethiopie. Vers la fin de la guerre des pauvres?», L’Humanité du 19 juin 2000;  «Actes de sabotage: l’Eryhtrée rejette les accusations de l’Ethiopie», Jeune Afrique /L’Intelligent, 2003.
21    PENINOU, J.L., op. cit.
22    TESSIER, M., «Erythrée-Ethiopie: un conflit traditionnel?», Points de mire, vol. 1, n° 3,  6 novembre 2000.
23    «Ethiopie-Erythrée. Les deux satisfaits de l’arbitrage international sur la frontière», Afrique Express, n° 248 du 18 avril 2002.
24    BORODA, H., op. cit.
25    RHOUMA, H.B., «Somalie: Mogadiscio sombre dans la violence», Afrik.com du 21 avril 2008.
26    Afrik.com du 15 juin 2007.

Bibliographie supplémentaire

-    Y. Mensghenna, Italian Coloniliasm. A Case Study of Eritrea, 1869-1934, Uppsala, Uppsala University Press, 1988.
-    G.K. Trevaskis, Eritrea, a colony in transition, 1941-1952, London, Oxford University Press, 1960.
-    Y. Okbazghi, «The Eritrea Question», in The Journal of Modern African Studies, IV, n°25, 1987, pp. 643-668.
-    RicharLobban, «The Eritrean War: Issues and Implications», in Canadian Journal of African Studies, vol. X, n°2, 1976, pp. 335-346.
-    T. Negash, Eritrea and Ethiopia, the Federal Experience, New Brunswick (NJ), Transaction Publ. 1997.
-    R. Iyob, The Eritrean Struggle for Independence, Domination, Resistance, Nationalism (1941-1993), Cambridge, Cambridge University Press, 1995.

La corne de l’Afrique

La Corne de l’Afrique proprement dite comprend l’Ethiopie, l’Erythrée, Djibouti et la Somalie. On parle souvent aussi de la Grande Corne de l’Afrique, qui comprend en outre le Soudan, le Kenya, la Tanzanie, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi. C’est donc une immense région qui se trouve depuis toujours dans le collimateur des grandes puissances, leur intérêt s’étant accentué ces derniers temps par le fait qu’on y a découvert d’immenses réserves de pétrole (Darfour au Soudan et lac Albert sur la frontière congolaise). De plus, depuis des siècles, toutes les grandes puissances à ambitions géostratégiques sont conscientes du fait que celui qui s’est installé sur la Corne surveille les voies maritimes de Suez à l’Asie et contrôle en même temps militairement tout le Proche et le Moyen-Orient.

La bataille d’Adoua

Lors de la bataille d’Adoua, en 1896, les troupes interventionnistes italiennes furent battues par des formations armées éthiopiennes. Celles-ci firent prisonniers 3000 soldats italiens qui ne furent libérés qu’après la reconnaissance inconditionnelle de l’Ethiopie (Abyssinie). La défaite italienne a des dimensions historiques car c’est la première fois qu’un Etat africain l’a emporté sur une puissance coloniale européenne. Ainsi l’Ethiopie sut éviter de devenir colonie. Toutefois l’Italie se vit concéder le droit de garder l’Erythrée, déclarée colonie italienne en 1890.