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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2015  >  N° 3/4 10 février 2015  >  La DDC – coopération au développement durable et à long terme [Imprimer]

La DDC – coopération au développement durable et à long terme

L’aide humanitaire de la Suisse est d’immense importance pour les êtres humains

par Thomas Kaiser

Lors de la conférence de presse annuelle de la DDC, qui a eu lieu le 27 janvier à Berne, le nouveau directeur et ambassadeur Manuel Sager, la directrice suppléante, directrice pour la coopération régionale et ambassadrice Maya Tissafi, ainsi que le délégué de l’Aide humanitaire de la Suisse et ambassadeur Manuel Bessler ont donné un aperçu des nombreuses tâches de la coopération au développement et des perspectives pour l’année 2015. Outre les régions en crise connues et constamment présentes dans les médias internationaux, telles que l’Ukraine, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, la DDC est très active dans d’autres régions du monde, dans la plupart des cas délaissées par la presse. Il va de soi que la DDC se focalise également sur la misère des réfugiés et la guerre en Syrie ainsi que les régions voisines, mais elle porte, depuis des décennies, une attention particulière sur la coopération au développement durable et à long terme, tout en faisant preuve d’un grand engagement dans les régions en crise actuelles.

Pays neutre sans agenda caché

Dans son exposé, le nouveau directeur de la DDC Manuel Sager a souligné qu’il désirait poursuivre les activités reconnues de la DDC. Outre les conférences internationales organisées cette année (cf. interview de Manuel Sager) et auxquelles la Suisse participera, la DDC continue à mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté dans des contextes fragiles. C’est un engagement dans des pays dont les structures étatiques se sont effondrées. Au niveau mondial, on parle de 40 pays fragiles avec environ 1,5 milliards d’habitants. Selon Manuel Sager, la Suisse a augmenté de 20% ses moyens financiers engagés dans les régions et pays fragiles. «Nos moyens sont utilisés pour la lutte contre les causes des conflits, le renforcement de la société civile, le respect des droits de l’homme, la promotion d’une gouvernance responsable et l’aide humanitaire.» La Suisse, en tant que pays neutre sans agenda caché, peut venir en aide dans des situations de conflit, quand cela n’est plus possible pour d’autres Etats.
Un autre champ d’activité de la DDC est la coopération avec les pays de l’Est. Là, il s’agit de soutenir les Etats des Balkans occidentaux et de la Communauté des Etats indépendants (CEI) dans leur développement vers davantage d’Etat de droit, de démocratie, d’économie du marché libre et de répartition équitable de la prospérité. En outre, la Suisse apporte dans ces pays une contribution majeure à la construction d’un bon approvisionnement en eau. La DDC rencontre également de beaux succès dans les domaines de la santé publique et du développement communal. Et Manuel Sager de préciser: «Même 25 ans après l’ouverture du Mur, il reste cependant encore une bonne partie du chemin à parcourir.»

Les succès de la DDC sont remarquables

Selon la directrice suppléante Maya Tissafi, «il y a malheureusement toujours 600 millions de jeunes dans le monde disposant de connaissances de base insuffisantes en lecture, écriture et calcul ce qui leur procure de grandes difficultés d’intégration dans des processus de travail. Pour eux aussi une formation professionnelle est urgente.» Par ces mots, elle a rendu attentif à une question qui devrait trouver davantage d’attention dans le monde entier. Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), plus de 200 millions de personnes sont au chômage, dont un tiers des jeunes adultes entre 15 et 24 ans. Depuis des décennies, la DDC s’engage dans le domaine du chômage des jeunes (cf. interview de Maya Tissafi). Dans plusieurs pays, on est en train de mettre en place des projets de formation professionnelle ou, là où ils existent déjà grâce à l’engagement de la DDC, de les renforcer et de les améliorer. Les défis dans ce domaine sont énormes et il est urgent de les surmonter. La Suisse – avec son système dual d’enseignement professionnel reliant la théorie et la pratique et en réussissant à maintenir un taux de chômage des jeunes très bas tout en leur offrant une excellente formation – est prédestinée à aider dans ce domaine. Maya Tissafi rend attentif au fait que malgré le succès de ce système dans notre pays, il n’est pas possible de le copier tel quel dans d’autres pays. «Ce modèle doit être adapté à la situation de chaque pays, ce qui demande une étroite collaboration entre la DDC, le pays partenaire, l’économie et les adolescents.» Le succès de la DDC est remarquable. Au Népal, par exemple, elle a réussi à former 90?000 jeunes gens à l’aide de l’«Employment Fund», créé en 2007. Divers pays, tels que l’Albanie, la Tunisie, le Honduras, le Bangladesh, le Burkina Faso et d’autres, profitent, à l’instar du Népal, du grand engagement de la DDC. Au total, la DDC accompagne environ 30 projets de formation professionnelle avec un budget total de 40 millions de francs.

L’aide humanitaire est plus urgente que jamais

L’Aide humanitaire de la Suisse, également un pilier important de l’engagement humanitaire, est dirigée par l’ambassadeur Manuel Bressler. Il a esquissé une image inquiétante de la situation dans les régions de crise. Des catastrophes, soit créées par l’homme ou d’origine naturelle, ont constamment augmenté au cours des années écoulées. Le nombre de réfugiés a atteint une ampleur comme cela n’a plus été le cas depuis la Seconde Guerre mondiale.
Contrairement à la coopération au développement, l’aide humanitaire est dans la plupart des cas une activité à court terme, bien qu’il soit possible qu’un engagement à long terme s’ensuive, comme le montre l’exemple de Haïti. Selon l’ambassadeur Bessler, «l’Aide humanitaire de la Suisse s’occupe notamment de la catastrophe humaine
en Syrie qui a atteint une dimension incommensurable (cf. interview de Manuel Bessler). La moitié de la population est en fuite et la plus grande partie dépend quotidiennement de l’aide humanitaire. Les conséquences se font ressentir dans tout le Proche-Orient. La Syrie est un Etat en train de s’écrouler et étant contrôlé par divers pouvoirs. «Il y a une région contrôlée par le gouvernement, une région contrôlée par les Kurdes et une grande région contrôlée par l’EI.» La réalité, telle que Manuel Bessler l’esquisse, est terrible et pourtant il est convaincu que justement dans un tel désastre, l’aide humanitaire est d’une importance absolue pour les personnes concernées. Mais il faut également voir que dans une telle situation, il est impossible de résoudre le problème politique par des efforts humanitaires. L’aide humanitaire est plus urgente que jamais, mais elle doit être accompagnée par de sérieux efforts politiques, par la volonté de résoudre la crise. Là, il n’y a aucun doute. Les responsables doivent travailler à une solution constructive, c’est la seule façon d’empêcher de nouvelles souffrances.     •