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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°2, 18 janvier 2010  >  Tentative de démantèlement de la démocratie directe par des socialistes [Imprimer]

Tentative de démantèlement de la démocratie directe par des socialistes

mw. Ce qui se passe après la votation populaire du 29 novembre 2009 sur l’interdiction de construire des minarets est monstrueux. Depuis la fondation de l’Etat fédéral, en 1848, le peuple suisse a voté près de 560 projets de loi, dont à peu près la moitié ont été acceptés. Jusqu’à présent, il était clair pour chaque citoyen que le peuple souverain décidait et que ses décisions devaient être exécutées par les autorités, que l’on soit individuellement d’accord ou pas d’accord. C’est en tout cas ainsi que le docteur en droit que je suis avait compris le système politique suisse.

Depuis ce dimanche de novembre, tout le monde essaie de nous en remontrer: la majorité du peuple a «mal» voté parce qu’il ­souffre «de craintes diffuses». Cela veut dire, en clair, que la majorité de ceux qui votent sont considérés comme incapables de jugement. En outre, pas mal de gens se jugent compétent pour déclarer que l’interdiction de construire des minarets serait contraire aux droits de l’homme. En revanche, mes élèves musulmans, dans plusieurs classes d’école professionnelles sont unanimes à penser que la liberté de religion n’est en aucune ­manière limitée lorsqu’ils se rencontrent pour prier dans une mosquée sans minaret.

Contre les tentatives de prise de pouvoir par des idéologues en chef socialistes

Ce que nous autres citoyens – que nous ayons voté oui ou non – devons refuser catégoriquement, c’est la tentative de politiciens et de médias de notre pays et de l’étranger d’utiliser ce résultat comme une occasion bienvenue de démanteler la démocratie directe avec des attaques absurdes, alors qu’elle ­fonctionne à merveille depuis 160 ans. Il n’est pas dif­ficile de se rendre compte que les attaques les plus agressives viennent des socialistes. Si quelques politiciens du SPD allemand s’en prennent au système de démocratie directe, on peut encore mettre cela sur le compte de l’ignorance, puisqu’ils ont l’habitude d’être dirigés d’en haut.
Ce qui en revanche est tout à fait inacceptable, ce sont les tentatives préoccupantes des socialistes suisses de mettre les citoyens sous tutelle et de vouloir s’attribuer la conduite de la barque de manière antidémocratique et par soif de pouvoir.
Voici un exemple: Le conseiller national PS Andreas Gross, qui parcourt le monde en tant qu’expert en démocratie autopro­clamé pour informer les gens. A peine le peuple ose-t-il voter autrement qu’il le souhaite, Gross se plaint amèrement que notre démocratie ne fonctionne pas; que les politiques auraient dû mieux endoctriner, pardon informer: «Lorsque les fondements sont insuffisants, la démocratie finit par s’éroder.» (Weltwoche No 49/09). Ce sont, bien sûr, le démocrate en chef Gross et sa bande qui décident si les fondements sont suffisamment stables ou non. Mais il y a pire: «Il n’y a pas de démocratie directe forte sans intégration des droits de l’homme. […] La Suisse n’a pas réussi cette intégration. C’est un des pro­blèmes les plus urgents que nous ayons à résoudre.» Quel spin-doctor lui a soufflé à l’oreille ce dénigrement abominable de l’Etat de droit suisse? Le fait est qu’il n’y a aucun Etat européen où vivent autant d’étrangers qu’en Suisse, c’est-à-dire 21,7% de la population (2008), beaucoup d’entre eux étant des musulmans. La coexistence et la ­tolérance mutuelle, à quelques exceptions près, sont pacifiques. Quels droits de l’homme, je vous le demande, ne sont pas intégrés dans le système juridique suisse?

Attaque raciste contre la population suisse

Le Président de la Commission fé­dérale contre le racisme, Georg Kreis, n’est pas ­membre du PS, mais il fait partie de sa ­sphère d’influence. Ses attaques récentes contre les Suisses et contre la démocratie directe ont entraîné des protestations virulentes de beaucoup de politiciens connus de son parti, le PRD. Kreis a osé prétendre à la télévision suisse alémanique que si dans les années 1930, une initiative avait été proposée à la population contre l’«enjuivement de la Suisse», une majorité l’aurait acceptée. Il s’agit là de propos racistes contre le peuple suisse et il devrait être démis de ses fonctions d’idéologue en chef de l’anti-­racisme. L’écrasante majorité de nos parents et grands-parents qui, pendant les années difficiles de l’encerclement de la Suisse par les nazis, ont lutté énergiquement et courageusement contre cette bande de criminels afin de sauvegarder la liberté de notre pays ne se laisseront pas diffamer par des dénigreurs de cette espèce.

Le conseiller fédéral PS oublie son rôle de serviteur du peuple

Le conseiller fédéral socialiste Moritz ­Leuenberger, ardent défenseur bien connu de l’influence exercée sur les citoyens, même par des méthodes douteuses, a déclaré: «Nous croyions à la force des arguments dans les votations, mais la prochaine fois, nous devrions agir de manière plus résolue et invalider de telles initiatives.» (Sonntag du 6/12/2009). Qui ce «nous» représente-t-il? L’exécutif, monsieur le Conseiller fédéral, n’a qu’un devoir après les votations, c’est d’exécuter la décision du peuple en tant que son serviteur. En aucun cas, il n’a la compétence de déclarer non valable une ini­tiative populaire signée par au moins 100 000 citoyens. En Suisse ce sont le peuple et les cantons qui sont souverains. Même le Tribunal fédéral n’est pas habilité à annuler un article constitutionnel voté par le peuple. Espérons que la Cour européenne des droits de l’­homme de Strasbourg, si elle doit un jour statuer sur un recours déposé par un avocat suisse de gauche, ne se laissera pas détourner du droit et ne défendra que les droits de l’homme inscrits dans la Convention européenne des droits de l’homme.    •