Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°21, 21 mai 2012  >  Une sortie de la crise financière n’est possible qu’avec la participation des citoyens et davantage de démocratie directe [Imprimer]

Une sortie de la crise financière n’est possible qu’avec la participation des citoyens et davantage de démocratie directe

Congrès du Sud de la «Coalition civile» du 2 mai 2012 à Munich

hs. L’affluence qu’a connue le «Congrès du Sud de la Coalition civile» à l’Hôtel «Bayrischer Hof» à Munich a même surpris l’organisatrice, Beatrix von Storch. Plus de 300 personnes ont voulu discuter de conceptions impliquant la population, en s’opposant notamment au MES [Mécanisme européen de stabilité], cet instrument poussant à l’endettement. A côté de Madame von Storch il y avait Hans Herbert von Arnim, professeur en droit constitutionnel, Hubert Aiwanger, chef du groupe parlementaire des «Electeurs libres» et député au Landtag, Thomas Dechant, député FDP au Landtag, qui ont répondu aux questions du journaliste Jürgen Seitz du Bayrischer Rundfunk et des auditeurs.
Selon Beatrix von Storch, la «Coalition civile» [«Zivile Koalition»], fondée en 2004, est un mouvement citoyen engageant les citoyennes et citoyens à présenter directement aux représentants politiques leurs besoins, leurs soucis et leurs exigences. Pour ce faire, elle a utilisé l’Internet et fondé le blog Freie Welt. La plate-forme www.abgeordnetencheck.de offre à tout utilisateur d’Internet d’adresser au parlementaire de sa région un courriel de protestation, rédigé d’avance, ou une pétition. Cette possibilité d’exprimer son opposition au MES a été, jusqu’à présent, utilisée 750 000 fois. En l’espace de 10 jours, 75 000 personnes sont allées sur le site de la campagne «La Bavière met un terme au MES». A l’aide de pétitions, envoyées au Premier ministre bavarois Horst Seehofer, au secrétaire général de la CSU Alexander Dobrindt et à Gerda Hasselfeld, présidente du groupe parlementaire CSU au Bundestag, on les incite à tenir compte des soucis de la population et de s’opposer au MES (www.zivilekoalition.de/bayernkampagne). C’est ainsi que peut se mettre en place un mouvement civique. La «Coalition civile» utilise aussi le réseau social facebook pour diffuser les nouvelles politiques du jour, atteignant ainsi aussi les députés. C’est Madame Storch qui a mis le doigt sur la plaie en créant la formule caustique «L’Europe n’a pas besoin de plan de sauvetage, mais de davantage de cellules grises de sauvetage» [«Europa braucht keinen Rettungsschirm, Europa braucht mehr Rettungshirn»].
Selon von Arnim, la crise financière a été causée par de nombreuses violations de la Constitution. Ainsi, on avait, lors de l’introduction de l’euro, fixé le frein à l’endettement pour tous les pays de la zone euro à 3%. Jusqu’aujourd’hui, cette règle a été violée 60 fois. L’endettement public est aussi dû à la démocratie représentative, l’activité politique étant orientée à contenter à brève échéance le corps électoral. Le peuple pourrait représenter un contre-pouvoir, c’est même inscrit dans la Loi fondamentale. L’article 146 LF prévoit une consultation du peuple dans le cas d’une cession d’une part de la souveraineté du pays, comme c’est le cas avec l’Accord du MES. L’article 20 LF, alinéa 4, accorde à «tous les Allemands le droit de résister à quiconque entreprendrait de renverser l’ordre constitutionnel» de la République fédérale. La démocratie ne doit pas être réduite par des accords d’union budgétaires et le MES. Elle doit au contraire être renforcée. Von Arnim propose, à ce propos, l’introduction d’un référendum pour les questions fiscales, selon le modèle suisse, du fait que les citoyennes et citoyens ont une vision à long terme plus étendue que les politiciens.
Selon Hubert Aiwanger, chef du groupe parlementaire des «Electeurs libres» au Landtag de Bavière, le MES est une erreur politique. Tenter de résoudre les dettes par de nouvelles dettes revient à vouloir éteindre un incendie en jetant de l’huile sur le feu. A son avis, il n’y a pas à cautionner les banques. Les politiciens décideurs sont trop lâches pour y mettre fin.
Selon Thomas Dechant, député FDP au Landtag de Bavière, le MES sert surtout à gagner du temps – ce qui n’est pas une solution pour les Etats en faillite. Les banques ne cessent, depuis le début de la crise financière en 2008, d’exercer des pressions sur les pays et les populations. Présenter cette politique comme étant sans alternative est un déficit intellectuel de la politique. Pour Dechant il n’est pas exclu que l’Allemagne elle-même abandonne un jour l’euro.

Que faire?

Madame von Storch veut mettre en place un large mouvement citoyen, forçant les partis politiques à se comporter de façon responsable dans le sens du Bien commun. Il faut exercer une pression sur la politique, les arguments ne suffisant pas. Les accords ont de tous temps été violés et les nouveaux accords, comme le pacte budgétaire, ne sont que des directives non contractuelles. De nouveau des promesses, sans aucun engagement contraignant. Il faudrait qu’en Allemagne aussi les gens envahissent les rues.

Pourquoi l’Europe ne peut-elle pas être remise en question?

Pour bien des participants, c’est l’euro qu’il faut remettre en question, mais pas l’Europe. Ce point de vue est très répandu surtout en Allemagne. Selon le professeur von Armin, l’accord entre Mitterand et Kohl – soit la réunification contre l’abandon du Deutsche Mark – a engendré une union de transfert. Avec la croissance de l’endettement – dont font aussi partie les dettes Target-2 – il s’est instauré une situation sans issue.
Les populations européennes devront supporter encore pendant de nombreuses années les conséquences des crises financières. C’est pourquoi les citoyens doivent obtenir davantage de participation et de responsabilité dans les décisions à prendre. Madame von Storch a démontré que ces possibilités existent aussi dans le système démocratique allemand. Le congrès a donc été très encourageant pour les participants. Certes, il ne faut pas s’attendre à des succès rapides, mais les premiers pas vers une véritable démocratie directe ont été engagés aussi en Allemagne.    •

On peut commander un DVD contenant toutes
les interventions du Congrès du Sud sur le site
www.zivilekoalition.de .