La récession soulève la question du sens de l’économiepar Reinhard Koradi, DietlikonLa crise économique actuelle ne pourrait-elle pas être aussi une chance? C’est sûr qu’en premier lieu, la peur de la perte de l’emploi et le souci concernant les épargnes et les pensions de retraite dominent. Le revenu net disponible (revenu qui reste quand on a soustrait les «dépenses obligatoires» telles que les locations, les primes de caisses maladie, les contributions aux caisses de retraite, les impôts etc. …) pourrait diminuer à la suite d’une baisse des revenus et des retraites et de l’augmentation des impôts au profit de l’Etat et ainsi rendre impossible le maintien du niveau de vie actuel. Nous devons apprendre à nous concentrer sur l’essentiel, à renoncer, à surmonter notre égoïsme et à remplir avec de nouveaux contenus la solidarité entre les êtres humains. Il n’y a rien à embellir, la majorité de la population active et des retraités devront se serrer la ceinture et beaucoup trop de femmes, d’hommes et d’enfants devront supporter une grande détresse due à la pauvreté. Si l’on considère les prises de position officielles des politiciens dirigeants des pays industriels occidentaux sur la crise financière et économique émises les six derniers mois, alors on ne peut que s’étonner. Au début, on disait la crise ne nous gagnera pas, ensuite on a avoué que la crise financière atteindrait notre degré de latitude mais que le système était intact et que l’on n’avait rien à craindre. Pourtant soudain, la façade d’un monde idéal s’est fissuré. Outre les instituts financiers américains, les grandes banques européennes et suisses sont tombées dans une situation critique (financièrement). Des paquets de sauvetage ont été ficelés à toute vitesse et on a affirmé de manière stoïque qu’il n’y aurait pas de crise économique. Maintenant, un gouvernement après l’autre avoue que nous nous trouvons dans une récession. On continue à ficeler des paquets s’élevant à des centaines de milliards. Se débarrasser des vestiges d’une politique depuis longtemps dépassée par la réalité
En principe, il n’est pas faux de soutenir l’économie au moyen d’interventions financières. Mais on se pose la question où vont réellement les fonds de soutien s’élevant à des milliards? Ces fonds sont-ils mis à la disposition de l’économie productrice c’est-à-dire les petites et moyennes entreprises ou bien sombrent-ils dans le gouffre d’un système financier et économique global en piteux état? Cela se peut que la reprise de «papiers camelote sans valeur» assure un certain temps l’existence d’instituts financiers, elle ne contribuera cependant pas à garantir à tous les êtres humains de cette terre un fondement économique permettant une existence digne humainement. Aussi longtemps que la croissance économique, la libéralisation, le libre échange global et la compétitivité internationale domineront les objectifs politico-économiques, les riches profiteront aux dépens des entreprises moyennes, de l’artisanat et des individus moins aisés. Dans quel but pratiquons-nous l’économie?Allons-nous chaque jour au travail pour stimuler la croissance, pour augmenter la compétitivité internationale ou pour développer le marché global? Notre volonté de performance au poste de travail est-elle maintenue par l’attente de l’augmentation des cours des actions ou par la perspective d’un profit maximum? Il se peut que pour une minorité priviliégiée cette motivation existe, pourtant pour la majorité des individus, le fait de travailler ou de faire du commerce signifie beaucoup plus. Les êtres humains veulent être productifs et créatifs, ils souhaitent de nouveaux défis et espèrent avec leur travail donner un sens à la vie. Nous pratiquons l’économie aussi pour produire ou acheter les biens qui garantissent notre existence. Dans une économie de partage de travail, il est d’usage que les individus effectuent différentes activités. Les produits et les prestations de service sont alors échangés au sein de la population selon le besoin. Le cordonnier va chez le boulanger, l’ébéniste va chez le serrurier ou le coiffeur chez le charcutier etc… Pour simplifier l’échange, on a créé le marché et l’argent. La pratique de l’économie pour et avec l’homme et la natureUne économie qui prend en compte les besoins de l’homme et de la nature s’oriente tout d’abord vers la région. L’objectif de cette orientation économique régionale n’est pas la compétitivité globale mais l’approvisionnement aussi complet que possible de la population locale et la création de bases afin que les individus puissent assurer leur subsistance par leurs propres moyens. En premier lieu, il faudrait mettre à disposition des produits et des services de première nécessité au moyen de propres ressources dans un espace vital naturel. Les produits alimentaires, l’habitat, les institutions scolaires, les biens culturels, l’approvisionnement sanitaire et énergétique et les transports en commun en font partie. Contrairement à l’économie axée vers la mondialisation, l’économie régionale permet de favoriser l’autosubsistance, l’indépendance et des structures économiques décentralisées à l’abri de la crise. Grâce à l’interaction libérale de beaucoup de petites économies régionales, une interconnexion globale peut également avoir lieu – au cas où cela serait désirable. |