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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°4, 28 janvier 2008  >  Les jeux informatiques brutaux détruisent le sentiment d’empathie [Imprimer]

Les jeux informatiques brutaux détruisent le sentiment d’empathie

Conseils aux parents sur la manière dont ils peuvent reconnaître les jeux informatiques brutaux et protéger leurs enfants contre ceux-ci

Communiqué de presse de la «Deutsche Gesellschaft für wissenschaftliche Gesprächspsychotherapie» (Association allemande de psychothérapie scientifique centrée sur la personne) – GwG

Les psychothérapeutes exigent l’interdiction des jeux informatiques, dans lesquels les adolescents sont récompensés pour tuer et torturer des êtres humains. De tels jeux sont commercialisés de plus en plus sous la désignation de «jeux de tir» en minimisant ainsi leur effet. Le terme de «compétence médiatique» leur sert souvent de couverture. Les enfants et les adolescents auraient ­besoin aujourd’hui d’un «enseignement médiatique»!

Selon les expériences de nombreux spécialistes de la Deutsche Gesellschaft für wissenschaftliche Gesprächspsychotherapie (GwG) issues des services de consultation psychothérapeutiques et des services de psychologie scolaires, les jeux favorisant la violence sont une catastrophe au niveau du développement psychologique des utilisateurs, la plupart du temps des adolescents. La GwG est la plus grande association professionnelle de psychothérapie et de consultation en Europe. Elle exige maintenant d’interdire légalement les jeux faisant l’apologie de la violence afin de préserver un consensus fondamental relatif à une société humaine.
Elke Ostbomk-Fischer, maître de conférences et membre de la GwG déclare que «les jeux de tueurs sont comme des mines antipersonnel pour l’âme». Elle ajoute que «le fait de laisser les jeunes gens aux prises des médias a atteint une dimension tellement effrayante ces dernières années que les responsables politiques doivent agir immédiatement avant qu’une génération entière d’enfants et d’adolescents soit entraînée dans le tourbillon de la violence.» Ainsi, Elke Ostbomk-Fischer est d’accord avec des criminologues renommés et des scientifiques critiques vis-à-vis des médias quand elle déclare que «certains de ces jeux méprisent l’être humain et sont illégaux. C’est pourquoi leur fabrication et leur distribution doivent être punissables.»
Un nombre croissant d’enfants toujours plus jeunes perdent leur empathie naturelle, quand ils plongent pendant des heures et des jours dans des mondes d’action les plus brutaux, dans lesquels la destruction et le meurtre sont vécus comme du plaisir et de la fascination. Les garçons sont particulièrement touchés par cela. Ils se comportent de plus en plus de manière agressive et on peut à peine les convaincre d’adopter les règles sociales de la collectivité humaine.
Un nombre croissant d’adolescents passent plus de temps à des jeux informatiques favorisant la dépendance qu’à l’école. Karl-Otto Hentze, psychothérapeute et directeur de la GwG déclare que «beaucoup de parents se sentent de plus en plus abandonnés et désespérés face à la supériorité des médias. Souvent, ils sont considérés par leurs enfants comme des retardataires s’ils réagissent de façon sceptique aux désirs de ceux-ci d’obtenir de tels cadeaux.» Les enfants, experts au niveau de l’Internet, convainquent leurs parents souvent au moyen d’arguments qui sont répandus sur Internet par des scientifiques liés à l’industrie informatique.

Que sont les jeux de tueurs?

Selon un imprimé du Bundesrat 2007-0001-0100/76-07, ce sont «des programmes de jeux qui montrent des actes de violence cruels ou sinon inhumains contre des personnes ou des êtres semblables à l’humain et qui permettent au joueur de participer à la représentation de tels actes violents». A l’origine, ces jeux ont été développés au profit de l’armée américaine pour simuler des situations de guerre. Ils ont pour but de supprimer l’inhibition de tuer chez les soldats et d’élever «leur efficience en tant que tueurs».
Le psycho­logue militaire américain ­David Grossman met en garde de manière pressante contre cette méthode de conditionnement à la violence, qui a exactement le même effet chez les enfants et les adolescents quand ils jouent intensivement avec de tels programmes axés sur la violence.

«Enseignement médiatique» au lieu de «compétence médiatique»

Les fabricants de jeux ont depuis longtemps accaparé le terme de «compétence médiatique». Les multinationales financent la recherche et des projets de formation continue pour acquérir «plus de compétence médiatique». Bien sûr, elles ont intérêt à empêcher une interdiction légale des jeux de tueurs. Quelques spécialistes les soutiennent dans ce sens avec des arguments tels que «les interdictions stimulent seulement …» (Cependant, cela serait également valable pour le feu rouge, pour le vol et même pour le meurtre.). Une autre stratégie est de revaloriser les jeux informatiques en tant que «bien culturel». «La compétence médiatique» favorise dans ce sens la connaissance exacte de types de jeux, d’appareils et de détails techniques. Le meurtre et la violence peuvent être acceptés ici comme «convention esthétique».

«L’enseignement médiatique» inclut un enseignement au niveau émotionnel

Par contre, «l’enseignement médiatique» inclut un enseignement au niveau émotionnel. Ce fondement est clairement axé sur les conventions éthiques des droits de l’homme. La loi fondamentale sert pour cela de modèle et de mesure. «L’enseignement médiatique» encourage une culture des relations humaines basée sur l’humanisme et la coopération.
Sans enseignement critique, il est difficile de distinguer les conseils fondés au niveau pédagogique de ceux visant à favoriser les ventes.

Formez votre propre jugement

Les questions suivantes vous aident à juger vous-mêmes un jeu informatique:
1.    Dans le jeu, apparaît-il des personnes ou des êtres qui
-    traitent les autres de manière indigne?
-    ôtent aux autres leurs droits ou les chassent de leur domicile?
-    volent la propriété des autres ou détruisent leur habitation?
2.    Dans le jeu, des personnes et des êtres:
-    sont-ils menacés ou terrifiés?
-    leur inflige-t-on volontairement des douleurs?
-    sont-ils torturés ou menacés de torture?
-    leur coupe-t-on des membres?
-    sont-ils étranglés ou leur casse-t-on la nuque?
-    sont-ils blessés par des armes?
-    sont-ils tués par une balle dans la tête ou déchiquetés par des bombes?
3.    Existe-t-il dans le jeu encore d’autres exemples d’actes inhumains et cruels? Ces actes sont-ils:
-    jugés comme un succès?
-    présentés comme un plaisir?
-    approuvés par des louanges?
4.    Des indices distincts et réalistes sont-ils absents du jeu?
-    sur l’illégalité des actes cruels,
-    sur la souffrance des personnes, à qui on a infligé un mal cruel,
-    sur les conséquences avec lesquelles les auteurs sont rendus responsables?
5.    Des solutions renonçant à la violence sont-elles absentes du jeu?
-    Y a-t-il un manque de suggestions relatives à la volonté d’aider, au respect et à la responsabilité sociale?
-    Y a-t-il un manque d’exemples où la renonciation à la violence est reconnue comme une performance?
6. Votre enfant serait-il dans ce jeu la personne même qui inflige des choses méchantes et cruelles aux autres et qui aurait ainsi du succès?
Si vous répondez à plusieurs questions par l’affirmative, alors réfléchissez bien à ce que votre enfant apprend avec ce jeu.

Comment les parents et le personnel pédagogique peuvent-ils protéger leurs enfants?

-    Essayez, dans les domaines qui vous sont importants, d’être un bon modèle pour votre enfant.
-    Remettez en question de manière critique les arguments soutenant les médias faisant l’apologie de la violence. Ecoutez votre propre sentiment et votre bon sens. Ne faites pas confiance à la limite d’âge inscrite sur l’emballage des jeux. La protection de la jeunesse ne suffit pas dans ce cas.
-    Les jeux informatiques coûtent beaucoup d’argent et de temps. Souvent, l’acquisition d’autres appareils et d’accessoires est nécessaire. Ne vous laissez pas contraindre à dépenser plus d’argent que votre situation financière ne vous le permet.
-    Observez la manière dont vos enfants se servent des médias. C’est plus facile quand un ordinateur est utilisé en commun dans une pièce centrale. Il en va de même pour la télévision.
-    Montrez de l’intérêt pour ce que votre enfant apprend, vit et ressent.
-    Accompagnez et aidez votre enfant à s’exercer aux médias modernes. Vous remarquerez alors à temps, si votre enfant tombe sur des pages Internet ou des jeux que vous considérez comme inappropriés ou même dangereux.
-    Parlez avec votre enfant ouvertement sur d’éventuels problèmes. Ne faites pas de reproches à votre enfant, ce n’est pas lui qui a inventé le contenu de ces jeux!
-    Un «bon entretien» signifie que tous les participants s’efforcent d’être sincères et de comprendre la vue de l’autre. Pour cela, il faut:
-    s’écouter réciproquement,
-    se laisser parler mutuellement,
-    ne pas déprécier ou ridiculiser des affirmations.
Ces règles valent également même si vous n’autorisez pas des jeux parce que, par ­exemple, ceux-ci violent de manière grossière la dignité humaine et vont à l’encontre de vos buts pédagogiques.    

Source: Communiqué de presse de la GwG du 28/11/2007
Elke Ostbomk-Fischer, maître de conférences
Tél. +49 2263 4997
Karl-Otto Hentze, psychothérapeute,
Tél. +49 221 925 90 80
Ursula Reinsch, attachée de presse
Tél. + 49 221 68 60 10