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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°18, 9 mai 2011  >  «Les jeunes et la violence – Nos enfants et nos adolescents ont besoin d’éducation» [Imprimer]

«Les jeunes et la violence –Nos enfants et nos adolescents ont besoin d’éducation»

Une brochure pour tous ceux qui attachent de l’importance à notre jeunesse et à notre société

par Erika Vögeli

Ce ne sont pas seulement des cas particuliers et choquants qui font de la violence juvénile une question urgente pour les parents, les éducateurs, les instituteurs et toute personne ayant un sens de la responsabilité des citoyens.
L’étude sur la délinquance juvénile du canton de Saint-Gall nous a montré que le problème est bien plus répandu et ne se limite pas à des événements isolés choquants. C’est justement la violence moins manifeste et moins souvent observée à la périphérie des écoles et sur le chemin de l’école qui peut avoir des conséquences psychologiques très graves pour les enfants et les jeunes. Et ceci ne concerne pas seulement les victimes. Tous les élèves d’une classe ou bien de toute une école qui sont témoins du fait qu’un enfant souffre de harcèlement moral ou d’actes de violence, en sont préoccupés et leur développement psychologique et intellectuel en subit le préjudice.
Les annonces d’une diminution de la délinquance juvénile sont, certes, très positives – il semble que le débat public, la prise de conscience de ce problème et la détermination de ne pas laisser libre cours aux événements, aient déjà eu de l’effet. Le problème n’est cependant pas résolu. Ainsi, la violence commise à l’égard des parents, un problème à prendre très au sérieux, est entré dans les discussions. (…) Les événements survenus entre-temps nous montrent que nous ne pouvons pas abandonner le développement psychologique de nos enfants au sort, et que, bien entendu, l’espace public doit être sûr aussi, et qu’un Etat démocratique ne saurait fonctionner que si l’on peut se fier à ceux des citoyens qui tendent la main à une coopération constructive et prennent leurs responsabilités. Les citoyens sont unanimes à penser que les événements survenus à Munich, sont, «à vrai dire, impensables.»*
Pourtant nombre de personnes, dont beaucoup de parents, d’éducateurs et d’instituteurs, et aussi des personnes qui ont des responsabilités d’Etat, ne savent pas au juste où il faut en chercher les causes, ni comment on peut y parer, et quelles sont les mesures à prendre pour amener un tournant durable.
La brochure intitulée «Les jeunes et la violence – Nos enfants et nos jeunes ont besoin d’éducation» d’Alfred Burger et d’Eliane Gautschi, qui vient de paraître aux éditions Zeit-Fragen, est un outil utile pour tous ceux qui sont à la recherche de solutions raison­nables et efficaces. Les résultats les plus importants de la recherche et les expériences sur les causes de la violence ont été rassemblés et présentés dans un langage bien compréhensible, tout en mettant en évidence leur importance quant à l’apparition et à l’augmentation de la violence juvénile. Le nombre – étonnamment élevé – d’études par rapport aux effets des représentations de violence publiées dans les media, comme par exemple dans les films, les jeux, la musique et les textes respectifs, etc. et leurs résultats clairs et nets sont mentionnés aussi bien que la provenance de ces représentations vio­lentes. Mais également l’influence de théories erronées sur la nature humaine, et les répercussions du courant dominant par rapport à la violence dans la société sur l’attitude éducative de parents et de pédagogues, sont élucidées. A titre d’exemple: L’affirmation que la frustration amènerait à la violence, est une thèse tout aussi répandue, qui est depuis longtemps clairement réfutée, et qui cependant a des effets jusqu’à nos jours.
L’incertitude de bien des parents et pédagogues, cherchant à trouver dans quelle mesure ou bien comment ils peuvent exercer une influence en tant qu’éducateurs sur leurs enfants et les jeunes, est un facteur de plus dont l’importance, – face au développement de la propension à la violence, – est souvent sous-estimée. La passivité des éducateurs et de la société, et leur indulgence à l’égard de la violence, sont un facteur essentiel du problème, et sur ce point la lecture de la brochure ne permet aucun doute. Là où parents et professeurs détournent leur regard par réflexe d’insécurité ou bien par fausse «compréhension» à l’égard des jeunes, ils ne disent rien ou disent trop peu et, au lieu d’agir au plan pédagogique et de s’y investir, ils donnent de faux signaux, préparant ou abandonnant ainsi le terrain à la violence. Les enfants et les jeunes ont besoin d’adultes qui soient présents, qui se mettent de leur côté en tant qu’être humain, en tant qu’adultes et qui les introduisent à la vie en leur prêtant attention d’une manière sincère.
La brochure explique également qu’il est indispensable de non seule­ment refuser toute violence, mais de la sanctionner en tant qu’infraction aux règles de la vie en société. Dans ce but, la brochure offre au lecteur des suggestions basées sur les expé­riences de longues années et sur la discussion des connaissances en pédagogie, psychologie et psychosociologie. Bien que ce ne soit pas un sujet facile, la lecture encourage car les auteurs montrent que les jeunes adhèrent volontiers à l’expérience des adultes prenant position de manière résolue contre la violence, et tenant compte que les enfants et adolescents peuvent beaucoup contribuer à une coopération raisonnable et constructive si on ne les considère pas seulement comme des enfants qui ne savent que jouer, mais au contraire comme nos futurs concitoyens, pris au sérieux et impliqués dans la vie sociale. C’est ainsi qu’on peut trouver en eux des camarades qui collaborent à la construction et à l’élaboration de la vie en commun, dans les petites choses comme dans les grandes.

Alfred Burger, Eliane Gautschi. Jugend und Gewalt. Unsere Kinder und Jugendlichen brauchen Erziehung. Zürich, Verlag Zeit-Fragen 2011.
ISBN 978-909234-13-4, 56 Seiten, CHF 15.–
(Traduction en français en préparation)

*    Communiqué de presse de la Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP) du 11/6/10.

Les attaques contre les agents de police sont toujours des attaques contre l’Etat de droit

ev. «Cela suffit!» – tel est le titre de la résolution qu’environ 180 délégués de la Fédération suisse des fonction­naires de police FSFP ont accepté lors de leur Assemblée des 10 et 11 juin 2010 à Lucerne.1 Ce n’est pas la première fois qu’ils exigent une discussion politique sur une situation précaire qui nous touche tous: la violence aggravée contre les gardiens de l’ordre, mais de même contre les secouristes ainsi que contre les pompiers qui ne peuvent plus partir pour certaines missions sans protection policière. Cela en dit long sur quelques problématiques de notre société qui nous concernent tous. Des injures massives et vulgaires, parfois déjà par des garçons de onze ans, mais parfois aussi par des adolescents de dix-sept ans, la vilaine habitude de cracher,2 des conducteurs qui accélèrent face à un contrôle de police et qui forcent les agents de police à sauver leur vie en sautant rapidement de côté:3 la panoplie des attaques sans le moindre remords s’étend des jurons, menaces verbales, attaques corporelles, menaces avec armes jusqu’aux attaques armées.4
L’augmentation est évidente et elle n’est pas, comme parfois suggéré, causée par une augmentation des plaintes – il n’est pas logique que des agents policiers aient autrefois déclaré des actes de violence contre eux-mêmes moins souvent qu’aujourd’hui. Probablement c’est même le contraire qui est vrai: vu l’évolution sociétale générale qui a tendance à essayer d’expliquer la violence de plus en plus comme le symptôme de «déficits» sociaux et psychologiques, cette tendance à expliquer la violence en tant que suite de quelques effets ou expériences négatifs a pris du poids dans tous les cercles de la société.5 La problématique est évidente entre autres lors des manifestations sportives: «Ce qui fut, selon le FSFP, un jour un engagement à caractère excep­tionnel est devenu une composante permanente du travail quotidien de la police. Et il faut souvent une grande mobilisation des effectifs policiers.»6
Les fédérations des policiers exigent à juste titre de nos jours une large discussion politique et un changement d’idées, car «les hommes et femmes policiers ne veulent plus être les boucs émissaires des négligences des politiciens et de l’évolution aberrante de la société!»7 La croix suisse fracassée sur l’affiche que la Fédération a fait imprimer concernant cette problématique symbolise le fait que des attaques violentes contre la police sont toujours une attaque contre l’Etat de droit, dont les fonctionnaires et les représentants de cet Etat doivent être les garants de la sécurité de l’espace public au nom de tous, du respect de la justice et de la loi, et finalement par cela de la protection du plus faible contre le droit du plus fort.

1    Communiqué de presse du FSFP du 11/6/10
2    Cf. «Täglich beschimpft und bespuckt – jetzt wehren sich die Polizisten.»In: Tages-Anzeiger du 20/10/09
3    Cf. «Kapo registriert eine Zunahme von Gewalt gegen Polizisten» par Seraina Etter. In: Südostschweiz am Sonntag vom 14/3/10
4    Les résultats d’une étude au sein de la police municipale de la ville de Zurich (Manzoni 2003). In: Patrik Manzoni. Criminologue/Sociologue à l’Institut criminologique de l’Université de Zurich. Gewalt gegen die Polizei [Violence contre la police]. Conférence dans le cadre du 11e Forum «Innere Sicherheit» de la Fédération suisse des fonctionnaires de police FSFP, au Kulturcasino à Berne, le 6/11/09
5    Cf. l’interview de Yvan Perrin. Conseiller national et Inspecteur de police (Neuchâtel). www.vspb.org/__/frontend/handler/document.php?id=1425.
6    Communiqué de presse du FSFP du 11/6/10
7    Résolution «Cela suffit!» des délégués de
la Fédération suisse des fonctionnaires de police FSFP des 10 et 11/6/2010.