Horizons et debats > archives > 2011 > N°31, 8 août 2011 > Après Fukushima … | [Imprimer] |
Dans les centrales nucléaires d’Harrisbg, de Tchernobyl et dans quatre réacteurs de Fukushima, différentes causes d’accident ont, contrairement à ce qu’on supposait, mis totalement en échec les dispositifs destinés à empêcher la radioactivité de s’échapper. De grandes quantités de radioactivité produite dans le c? des réacteurs ont été libérées dans l’environnement habité.
Les organismes officiels de promotion de l’énergie nucléaire fournissent toujours des chiffres différents de ceux des institutions indépendantes de l’économie en ce qui concerne la quantité de radioactivité libérée, le nombre de morts et les dégâts matériels.
Sous la pression d’une majorité de citoyens, les politiques allemands ont réagi à la situation actuelle en décidant de sortir du nucléaire d’ici 10 ans et de mettre hors service immédiatement 8 des 17 centrales. Quelques semaines avant, il s’agissait de prolonger l’activité des installations de 8 à 14 ans (comme l’a prévu le Japon).
La manière irrationnelle et inconditionnelle dont les politiques, les administrations, la justice et les commissions qui leur sont soumises envisagent la sécurité nucléaire est une cause essentielle de la mauvaise évaluation de technologies dépassées et dangereuses.
Il s’agit d’examiner de près les conditions d’une exploitation des centrales nucléaires prolongée de dix ans. Une prolongation de 10 ans dans le troisième tiers de la durée de vie habituelle de 30 ans est importante au point de vue de la fiabilité du matériel et donc de la sécurité. En outre, cela représente deux législatures au cours de laquelle les parlementaires actuels et les décideurs peuvent facilement se soustraire à leurs responsabilités.
La loi allemande sur l’énergie nucléaire et les ordonnances qui s’y rapportent ne sont pas conformes aux principes d’essentialité et de définition. Les mesures destinées à protéger la vie ont toutes été reléguées au niveau des directives administratives et des règlements qui n’ont pas force contraignante.
Aussi les questions suivantes sont-elles négociées en dehors du Parlement:
– Qu’appelle-t-on «accident maximal prévisible»?
– Contre quelles intensités sismiques doit-on prendre des mesures?
– Peut-on renoncer à la protection contre les crashs d’avions, les attaques militaires, et à fixer des temps d’évacuation?
Ce sont les autorités de surveillance nucléaire qui décident des risques vitaux que les citoyens doivent supporter et du coût des mesures de protection.
Il faut organiser au cours des dix prochaines années un contrôle parlementaire efficace sur l’autorité de surveillance nucléaire!
Les effets d’un accident nucléaire sur la santé, la vie, l’environnement et l’économie ont une ampleur telle qu’ils ne peuvent être couverts par aucune assurance responsabilité civile privée. Lors de catastrophes précédentes, on a imposé les frais aux contribuables sans les consulter. Cependant les profits des centrales reviennent aux sociétés qui les exploitent (surtout des Sarl et des SA) dont le capital ne suffit de loin pas à couvrir les dommages.
Comme dans la situation financière actuelle, l’Etat n’a pas les moyens de dédommager les victimes, il faut tirer au clair la question de savoir dans quelles réserves on va puiser en cas de besoin. En outre, quand les profits des sociétés exploitant les centrales doivent-ils revenir aux contribuables?
Va-t-on pendant dix ans encore mettre en danger et tromper les citoyens?
Sur les 440 centrales en activité dans le monde, on a appris la destruction de 7 c?urs de réacteur.
La probabilité de ce genre d’accident se situe donc autour de 0,015 durant la durée d’exploitation.
On peut évaluer la prime d’assurance annuelle nécessaire à 400 millions d’euros.
La toxicité d’un système détermine pour une part importante l’ampleur des dommages.
En réduisant la puissance, on réduit d’autant la radioactivité produite.
On obtient le même effet en renouvelant plus souvent le combustible et en renonçant à utiliser le combustible Mox fabriqué à partir de plutonium, qui est très toxique.
On peut ainsi réduire la radioactivité et la toxicité d’un facteur 3 environ.
En réduisant la densité de puissance du combustible, on augmente la sécurité en matière de défaillance du tube de gainage ou de fusion du c?ur. Le temps qui s’écoule jusqu’à la libération de la radioactivité augmente, ce qui facilite les mesures internes et l’évacuation externe.
La paroi du récipient à pression est fragilisée par les neutrons rapides. Il faut déterminer pour chaque centrale les limites temporelles de la rupture fragile.
Il faut étudier les chocs thermiques du récipient à pression dus à la pénétration d’eau froide. De l’eau froide des réservoirs situés au-dessus peut-elle atteindre le récipient à pression dont la température est de 270–300° C (défaillance de l’écluse du bassin)?
Equiper l’enceinte de confinement d’un système d’aération à travers un filtre à sable peut réduire la pression («vented containment»). Le rinçage permet de réduire la formation de gaz détonant et donc la probabilité de défaillance de l’enceinte.
Les institutions scientifiques indépendantes devraient étudier ces mesures de sécurité, parmi d’autres, afin d’assumer leur part de responsabilité à l’égard des générations futures.
Les parlementaires feraient bien de ne pas se contenter de justifier l’utilisation de l’énergie nucléaire (de technologie actuelle) au cours des 10 prochaines années par de belles paroles. Ils devraient prendre des mesures concrètes de sécurité et assumer leurs responsabilités. •
(Traduction Horizons et débats)
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