Courrier des lecteurs

Faut-il mettre la démocratie directe au rebut?

par Markus Erb, président de l’association «Citoyens pour les citoyens»

Etes-vous aussi d’avis que nous, citoyennes et citoyens, devons être informés de façon honnête? Apparemment, cela n’est pas le cas de la brochure explicative où il est écrit que le contre-projet indirect obligera le Conseil fédéral à informer de manière objective, transparente et équilibrée. C’est inscrire également dans la loi que la propagande lors des votations est inadmissible. Cela a l’air très bien. Mais est-ce vrai? Le citoyen ne peut pas contrôler les affirmations du Conseil fédéral car il n’a pas reçu le texte de ce contre-projet indirect et, en général, ne le connaît pas. Lors des délibérations au Parlement, le Conseil fédéral et le Conseil des Etats ont constaté que ce contre-projet n’était pas capable d’améliorer la situation et ne pourrait pas mettre un terme à la propagande gouvernementale.

Soutien à la démocratie dirigée

Avez-vous remarqué que la brochure explicative est favorable à une démocratie dirigée et non à notre démocratie directe? On y prétend le plus sérieusement du monde que le Conseil fédéral participe à la formation de l’opinion. La formation de l’opinion n’a rien à voir avec l’information. Avez-vous jamais appris à l’école qu’en démocratie directe, le gouvernement avait pour mission d’amener le peuple, lors de votation, à accepter ou refuser un projet selon ses vœux?

Des campagnes dirigées

Selon Claude Longchamp (spécialiste en sciences politiques et directeur de l’institut gfs.bern) les campagnes menées par la Confédération sont dirigées afin de faire triompher tel ou tel projet. Selon Hansjörg Seiler (professeur de droit public à l’Université de Lucerne et juge administratif au Tribunal fédéral) l’idée que l’opinion du gouvernement est la seule valable et qu’il s’agit lors des votations de faire triompher cette opinion est fondamentalement antidémocratique. C’est la négation non seulement de l’égalité démocratique mais encore de la liberté d’opinion. L’absence de liberté et le totalitarisme menacent là où le gouvernement prétend défendre l’«opinion juste». Votez donc OUI à l’initiative «Souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale»! •

Source: www.libre-opinion.ch

Il est trop simple de qualifier l’initiative de «muselière»

Je comprends bien que le Conseil fédéral s’oppose à l’initiative «Souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale», car elle forcerait l’administration fédérale, organe exécutif de la volonté populaire, à s’en tenir aux règles de la démocratie directe. Il est vraiment trop simple de qualifier cette initiative de «muselière», son objectif principal étant d’empêcher que le Conseil fédéral influence l’opinion du peuple grâce à des centaines de «faiseurs d’opinion». Aussi devons-nous nous opposer à l’administration par un «oui» clair et net.

Traugott Voegeli, Leibstadt