Islisberg – un village fort actif

Un exemple de vie satisfaisante et de rentabilité

par Rita Brügger, Arni

 A une époque où l’on pousse aux fusions de communes partout en Suisse, une petite commune du canton d’Argovie vient de célébrer récemment ses 25 ans d’autonomie ainsi que sa séparation de la commune voisine par une fête au village.

Aperçu historique

Arni-Islisberg, située dans l’est du canton d’Argovie et limitrophe du canton de Zurich, est connue sous ce double-nom comme petite commune autonome depuis l’ère napoléonienne de la République helvétique. La commune politique d’Arni-Islisberg implique les deux collectivités distinctes d’Arni, située à une altitude de 577 m, et celle d’Islisberg, située à plus haute altitude, à 680 m au-dessus de la mer. Toutes les deux sont situées au milieu de prairies et de champs, et sont séparées l’une de l’autre par une parcelle boisée de 116 hectares. Les sources du Moyen-Age ne donnent que des informations incomplètes en ce qui concerne la répartition des propriétés dans les deux communes.
Dans l’usage courant, on utilisa le terme de «commune» (Gemeinde) pour Arni, de «ferme» (Hof) pour Islisberg. Ce fut seulement 14 ans après la création du canton (1803) que les habitants d’Islisberg reçurent le droit de cité. C’est à cette époque-là qu’Islisberg a été reconnue comme bourgeoisie¹ tout en faisant partie du district communal d’Arni.

Séparation en vue

Durant plusieurs décennies, on envisagea la séparation, c’est-à-dire le partage en deux de la communauté d’habitants d’Arni-Islisberg ou bien alors l’association c’est-à-dire l’intégration des deux communes bourgeoises d’Arni et d’Islisberg dans une seule commune municipale d’Arni-Islisberg. Dès 1926, il y eut les premiers indices d’une séparation.
C’est surtout Islisberg en tant que commune plus petite, qui, lors des Assemblées des communiers, se sentait négligée à maintes reprises. Ils avaient moins de possibilités de construction et de développement, parce qu’Arni, plus grande, remportait les votations, par la majorité des voix. L’approvisionnement en eau insuffisant et l’absence de canalisations empêchaient l’agrandissement de la commune.
En 1974, il y eut finalement un vote consultatif et une réunion d’orientation. Les citoyens d’Arni tendaient à maintenir l’intégration tandis que ceux d’Islisberg se prononcèrent en majorité pour une séparation.

Séparation effectuée en 1983

Le gouvernement du canton d’Argovie chargea la commune d’Arni-Islisberg de modifier l’organisation insatisfaisante de la commune. Ce fut un long chemin jusqu’à ce qu’Arni et Islisberg pussent se déclarer deux communes indépendantes et autonomes. On entra dans un débat approfondi sur des aspects de droit public et de politique financière. Il fallut effectuer encore quelques votations dans les deux communes bourgeoises. Il fallut surmonter la position négative qu’affichait le gouvernement du canton à propos d’une séparation des communes, jusqu’à ce que la séparation soigneusement préparée d’Arni et d’Islisberg pût s’effectuer en 1983. Le premier janvier 1983, Islisberg est donc devenue la commune la plus jeune du canton d’Argovie. Les deux communes élurent un nouveau conseil municipal et partagèrent les fortunes.

La suite du développement

Depuis 25 ans, les deux communes coexistent pacifiquement, l’une à côté de l’autre. Toutes deux se sont développées. Arni, qui est plus grande, s’est beaucoup agrandie ces derniers temps.
Islisberg a dû effectuer quelques investissements depuis la séparation. Cela a fait augmenter le taux d’impôts de manière considérable. C’est un fait qu’il ne manque pas de voix critiques par exemple quand Islisberg a fait construire une école avec une salle polyvalente tout en dépendant de la péréquation financière.
Arni et Islisberg coopèrent dans de nombreux secteurs. Ils font partie de la même paroisse. Le bureau de poste et les sapeurs-pompiers sont du domaine commun et les deux communes disposent toujours du même code postal.

Le village est fier

Le village, qui a pu fêter récemment son 25e anniversaire, est très fier de son évolution. Le syndic, Hans Stutz, rapporte par exemple, que le nombre d’habitants vivant au village a quasi triplé, que grâce au sens de l’économie le taux des impôts a pu être diminué à 100% et que, comparé aux communes de taille semblable, il s’agit du taux d’impôt le plus bas. Ce qui est nouveau, c’est qu’Islisberg contribue même à la péréquation financière, tellement elle va bien.
Celui qui a pu participer à la fête du jubilé ou bien à la fête villageoise annuelle peut confirmer que c’est précisément à cause de sa petite taille d’où l’on garde une bonne vue d’ensemble que cette commune offre une qualité regrettée ailleurs. La population villageoise prend part activement à la vie commune. Ainsi par exemple, lors du jubilé, des villageois, acteurs non professionnels, ont monté une pièce de théâtre représentant une rétrospective sur l’histoire du village. De même la chorale, dont les vingt membres et la directrice habitent dans la commune. Combien ils aiment leur village, cela s’exprime dans la poétique chanson d’Islisberg, spécialement créée pour l’occasion.
Voici un extrait: «Verschidni Mänsche, die wohnid i dem Dorf / sit langem oder erscht sit paarne Johr sind si do. / Das Läbe uf dem Berg mit Wytblick gfallti eus halt so. / Bärg duruf, chunsch is Dorf, euses Dorf, euses Däheim. / Ost-Aargau, Islisberg, euses Dorf, euses Däheim.»
[«Différentes personnes habitent dans ce village / depuis longtemps ou seulement depuis quelques années. / Tellement la vie sur cette colline, qui offre une vue splendide, nous plaît. / En montant, tu arrives au village, notre village, notre chez-nous. / L’Argovie de l’est, Islisberg, notre village, notre chez-nous.»]    •

1     La bourgeoisie ou la commune bourgeoise désigne en Suisse une collectivité de droit public regroupant les détenteurs du Droit de cité d’une localité.