Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°40, 6 octobre 2008  >  Que feront les Etats-Unis lorsque leur empire se désagrégera? [Imprimer]

Que feront les Etats-Unis lorsque leur empire se désagrégera?

Cette question engage la responsabilité de tous

par Karl Müller

Le 24 septembre, le groupe parlementaire des Verts (Bündnis 90/Die Grünen) a présenté au Bundestag une motion – passée sous silence par les médias – intitulée «Les opérations américaines contre-productives au Pakistan doivent cesser immédiatement». On y lit le passage suivant: «Les attaques menées depuis le début de l’année sur les régions périphériques du Pakistan par des commandos militaires américains ou par des drones, sur ordre du président des Etats-Unis et contre la volonté du gouvernement pakistanais, vont à l’encontre du but recherché et violent le droit international.» Ces actions militaires américaines affaiblissent le gouvernement pakistanais et risquent «de provoquer une déstabilisation de la puissance atomique pakistanaise, de même que de toute la région.»
En fait, il apparaît clairement que les Etats-Unis veulent intervenir militairement de façon massive au Pakistan ou pour le moins renforcer la pression sur le gouvernement afin d’imposer la mise en place de bases militaires importantes, dans le but de contrôler un pays de plus dans la région – et cela pas uniquement pour mieux pouvoir lutter contre les Talibans.
Car dans le passé ces derniers purent, au nez et à la barbe de l’armée et des services secrets américains, recruter de nouvelles forces dans les régions voisines de l’Afghanistan. Christoph R. Hörstel a pu le constater sur place au cours des dernières années et en délivrer une description détaillée dans son dernier ouvrage («Brandherd Pakistan. Wie der Terrorkrieg nach Deutschland kommt» [Le Pakistan, une poudrière. Comment la guerre terroriste arrive en Allemagne] – 2008, ISBN 978-3-426-78171-5.
Dans un chapitre intitulé «Sensation à la Chancellerie fédérale», Hörstel affirme: «J’ai pu m’entretenir en juin 2008, après avoir fait antichambre tant par téléphone que par courriels, avec un participant régulier des réunions hebdomadaires sur la «situation rapportée par les services secrets» à la Chancellerie. C’est le lieu où tous les services rapportent leurs connaissances du moment. Alors que je lui posais la question si les services secrets allemands (BND – Bundesnachrichtendienst) étaient au courant de la double politique des Etats-Unis de renforcer subrepticement la guerre à l’Hindou Kuch pour pouvoir l’étendre ouvertement, il baissa la tête, semblant soudainement très fatigué, et avoua sans autre: ‹Oui, nous le savons.› Ce fut clair et sans ambages. Et c’était dit sur le ton de quelqu’un qui en savait un bout et s’appuyait sur des faits.»
Les Verts se plaignent dans leur motion du silence du gouvernement allemand quant à cette nouvelle violation du droit international par la politique états-unienne. Ce n’est toutefois pas par hasard. Ce gouvernement est au courant depuis longtemps et il participe à cette extension de la guerre qui lui ouvre de belles perspectives de gains commerciaux, comme cela ressort de l’article «Der nächste Krieg» [La prochaine guerre] daté du 24 septembre et qui se trouve sur le site Internet de german-foreign-policy.com.
Le gouvernement allemand devrait pourtant savoir que celui des Etats-Unis se trouve le dos au mur – et qu’il est capable, dans la mesure où il se trouve dans l’incapacité de changer radicalement sa politique, de se lancer dans toutes sortes de violations du droit international et de crimes. Et précisément actuellement au Pakistan. Qui sont réellement les auteurs du terrible attentat sur l’Hôtel Marriott à Islamabad? Il y a diverses théories à ce sujet. Selon certains spécialistes, le cratère devant l’hôtel aurait des ressem­blances avec celui de l’attentat contre Hariri au Liban. Dans ce cas-ci on n’aurait – selon certains experts – pas utilisé d’explosif courant, mais une «Mini-Nuke», une bombe nucléaire miniaturisée avec une énorme capacité explosive. Quels sont les pays qui possèdent déjà de telles armes n’est pas vraiment connu. Il semble que les USA la possèdent. Selon certains spécialistes, les cratères des bombes utilisées par les Israéliens lors des attaques aériennes pendant la guerre du Liban ressembleraient à celui de l’attentat contre Hariri. Ce qui est certain, c’est que dans les cratères au Liban on a trouvé bien plus que de l’uranium naturel. Tout ceci soulève bien des questions qui exigent des réponses sérieuses.
Il semble que le gouvernement pakistanais soit décidé à réagir militairement aux agressions américaines. Une information fait part du fait que le 22 septembre déjà l’armée pakistanaise a tiré sur un hélicoptère américain et le 25 septembre sur deux autres qui s’étaient introduits dans l’espace aérien pakistanais à partir de l’Afghanistan. Le 24 septembre, on rapporta que les Pakistanais avaient abattu un drone américain. On se trouve donc face au grand danger d’une escalade et donc d’une nouvelle guerre – et cette fois-ci contre une puissance atomique. Et l’Allemagne ferait des affaires sur le dos des victimes de la guerre?
Il est fort souhaitable que les Verts allemands révisent sérieusement leurs positions. Il est à souhaiter que ce parti prenne au sérieux les interpellations des partis gouvernementaux et se souvienne de la politique de Josef Fischer [ancien ministre des Affaires étrangères sous le chancelier Schröder, un va-t-en guerre membre des Verts, ndt.) dans la mesure où dans cette situation hautement explosive au niveau mondial, il ne s’agit pas de mettre en avant ses propres désirs de pouvoir politique mais le bien de l’humanité.
Il en va de même de l’effondrement du système financier mondial. Il faut se rappeler que cette catastrophe financière a ses racines – après l’événement du 11 septembre 2001 et de la mise sur orbite d’une économie de guerre – dans la mise en place, politiquement voulue, d’une expansion du secteur immobilier et donc de la bulle immobilière impliquant une explosion du crédit. Il s’agissait de maintenir en vie, par une conjoncture de consommation artificielle reposant sur le crédit, cette partie de l’économie américaine qui n’était pas liée au complexe militaro-industriel et de tenir ainsi la population en laisse. Et c’est une véritable effronterie de la part des responsables de ce désastre de vouloir, alors que tout cela éclate, mettre de façon quasi dictatoriale 700 milliards de dollars, plus les intérêts, à disposition, ceux-ci étant pris sur l’argent des contribuables. Et tout cela au service de la Réserve fédérale (FED – Federal Reserve, banque centrale des Etats-Unis) et à travers celle-ci des plus puissantes banques privées américaines.
Mais d’autre part, bien des gouvernements dans le monde portent leur part de responsabilité dans ce drame, alors qu’ils font semblant d’avoir toujours su où ils en étaient. Car ils furent très nombreux ceux qui espéraient profiter autant que possible de la situation. Personne donc ne peut se dérober à la responsabilité.
Bien au contraire – il est temps d’en prendre conscience. Et de se tenir les coudes, comme dans tous les domaines qui touchent l’humanité face aux lourds défis actuels. Peu importe de ce que chacun a pu commettre ou pour quoi il s’est engagé auparavant, car dans la situation actuelle l’humanité ne peut ni s’en tenir à un «train-train» stupide ni à une «stratégie du chaos». Il est temps de penser à des solutions constructives qui assureront un progrès pour l’humanité.    •