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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°8, 1 mars 2010  >  L’opération Moshtarak a-t-elle échoué? [Imprimer]

L’opération Moshtarak a-t-elle échoué?

par Albert A. Stahel, Institut d’études stratégiques

Avec 4500 fantassins de la marine, 1500 soldats afghans, plus de 1000 soldats britan­niques et 60 hélicoptères, les Américains ont pris d’assaut les deux villes Marjah et Nad-e’Ali dans le sud de la province Helmand, qui étaient prétendument occupées par les Talibans.1 Sans interruption, les avions de combat et des hélicoptères de combat Cobra ont attaqué et détruit les tunnels et les fortifications de l’ennemi. Résultat: le millier de Talibans, qui s’était prétendument retranché dans ces deux villes avant l’offensive, a disparu. D’autres conséquences probables: plusieurs paysans, enfants et femmes tués ainsi que la destruction de l’ancien système d’irrigation Karez, que les rapports américains désignent comme étant des tunnels. Les Talibans ont suivi la bonne tactique de la guérilla, ils se sont dérobés à la supériorité.
De plus en plus souvent, les dirigeants des Talibans appliquent adroitement la tactique et la stratégie de la guérilla. Un autre exemple est la prise, le 3 octobre 2009, de l’avant-poste américain Keating près du village Kamdeysh dans la province orientale du Nuristan par une unité de combat des Talibans.2 Après avoir, à trois heures du matin, invité les habitants à quitter leur village, les Talibans ont, trois heures plus tard, attaqué cet avant-poste avec des mortiers depuis les crêtes des montagnes environnantes (jusqu’à 4000 mètres d’altitude), et ils l’ont pris d’assaut. A l’intérieur du poste, ils ont mis le feu aux quartiers, saisi le dépôt de munitions, tué 8 et blessé 22 soldats américains. Ainsi, la moitié des 60 soldats américains ont été mis hors combat. En outre, 8 soldats afghans ont été blessés. Les défenseurs restants se sont retirés dans leurs véhicules blindés. Les Talibans ont détruit deux de ces véhicules avec des grenades antichars. Ce n’est qu’à 12 h 30 que les bombardiers et hélicoptères de combat américains sont arrivés pour bombarder les Talibans. En fin d’après-midi, les Américains auraient repris le contrôle de leur base. A 19 h 00, il y avait encore des Talibans sur la base. Le lendemain matin, les Américains ont quitté la base et deux jours plus tard, elle a de nouveau été bombardée. Les Américains ont caractérisé cette opération comme une défaite tactique des Talibans parce qu’ils auraient perdu 150 à 300 hommes. Comme lors de la guerre du Vietnam, les Américains opèrent aussi dans cette guerre avec des nombres de victimes ennemies exagérés.
On ne peut tirer qu’une seule conclusion des divers combats de ces derniers temps. La manière des Talibans de mener leurs attaques de guérilla est de plus en plus efficace. Ils suivent une tactique primordiale de ce type de guerre: frapper puis se dérober. L’«Opération Moshtarak» en est un parfait exemple. Les opérations des Etats-Unis sont de plus en plus souvent infructueuses.    •

1     Walsh, D. and D. Batty, Allied forces mount assault on Taliban in biggest push of Afghanistan war.
Military says Operation Moshtarak launched,
without a hitch’ as skirmishes erupt and citizens flee Helmand stronghold. Guardian du 13/2/10.
2     Norland, R., What went wrong at an Afghan base. Chain of command cited in Taliban assault killed 8 G.I.’s in October. International Herald Tribune du 6-7/2/10.

Les Sociaux-démocrates hollandais tirent les conséquences de la débâcle en Afghanistan

thk. Les annonces douteuses du succès de l’opération des USA et de ses alliés dans la province afghane Helmand ne peuvent pas masquer le fait que l’­alliance guer­rière, malgré une supériorité technique et en nombre, ne vient pas à bout de la résistance afghane (cf. l’article ci-­contre). Tout comme au premier jour de l’invasion des USA en Afghanistan il y a plus de 8 ans, les victimes sont des paysans, des femmes et des enfants, c’est-à-dire principalement des civils.
Certains alliés de l’OTAN commencent à reconnaître l’absence de perspective et l’insuccès des combats. En Hollande, cela a mené à une grave crise gouvernemen­tale. La coalition des chrétiens-démocrates, de l’union chrétienne et des sociaux-démocrates est en désaccord sur la question afghane, ce qui a provoqué une rupture de la coalition gouvernementale et ce qui exige maintenant de nouvelles élections. Les sociaux-démocrates sont résolument opposés à la prolongation de l’engagement des soldats hollandais en Afghanistan et ne veulent pas de prolongation du mandat. Depuis 2006, il y a 1900 soldats en action. En 2008, le mandat avait été prolongé jusqu’en 2010. Les sociaux-démocrates hollandais veulent avoir rapatrié tous leurs soldats d’ici la fin de l’année.