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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°8, 1 mars 2010  >  Fatal esprit du temps – il faut s’opposer à l’euthanasie [Imprimer]

Fatal esprit du temps – il faut s’opposer à l’euthanasie

par Franz Christoph

Congrès de médecine, mai 1990. A une courte majorité, le Congrès des médecins allemands décide d’assouplir le secret médical «dans l’intérêt de la recherche scientifique».
En ce qui concerne la recherche sur des patients, il existe depuis assez longtemps des stratégies dans le cadre du besoin de résultats des médecins: Qu’on se reporte à l’organe de débats des nouveaux éthiciens, la revue Ethik in der Medizin. Le professeur berlinois H. Helmchen, de la clinique psychiatrique et de la policlinique de l’Université libre de Berlin, et deux autres auteurs, prenant comme point de départ de leurs réflexions la peur courante de la maladie, y déplorent l’existence de problèmes concernant la recherche. «Les démences sont fréquentes à un âge avancé et les cas ne cessent d’augmenter. Ces maladies ont des répercussions sur les malades, leurs parents et la société. Or il n’existe pas encore de traitement efficace. D’où, pour les auteurs, l’existence d’un besoin impérieux de recherches sur la dé­mence, en particulier sur des malades. Toutefois, le patient ne peut souvent pas donner son consentement éclairé parce que la maladie a souvent réduit, voire détruit sa capacité de consentement.» Les auteurs proposent comme solution, et dans l’intérêt de la science, l’institution d’un «responsable de la recherche» sur le modèle de la «tu­telle» ordinaire. A vrai dire, ils critiquent à juste titre la pratique de la tutelle pour se défendre à l’avance contre le reproche de manque de sérieux. «C’est-à-dire qu’en raison de son caractère discriminatoire et peut-être socialement nuisible, il faudrait mettre fin, si ce n’est pour toutes les tutelles, du moins pour les «tutelles de recherche» à la pratique actuelle consistant à informer d’autres autorités, comme le préfet de police ou l’inspection du travail, de la mise en place d’une tutelle. Maintenant déjà, on recommande, comme organe de décision des tribunaux de tutelle, les commissions d’éthique prônées par les nouveaux éthiciens. «Le tribunal des tutelles concerné aurait besoin, lors de la mise en place de ces ‹tutelles de recherche›, d’expertises compétentes qu’ils pourraient, par exemple, solliciter des commissions d’éthique concernées.» Il semble évident pour les auteurs que les commissions d’éthique s’imposeront à longue échéance.
Pour ne pas compromettre le succès des «tutelles de recherche», on songe à effectuer des opérations de relations publiques prudentes et progressives. Voici quelques citations montrant comment l’on compte faire admettre à l’opinion publique l’utilisation de malades et de handicapés (il s’agit ici de démence sénile) à des fins de recherche:
• «Les réformes dans ce domaine ne sont réalisables que si l’on peut persuader l’opinion de leur nécessité. Il faut par conséquent insister sur le fait qu’il est absolument nécessaire que des chercheurs intéressés par ce problème apportent dans le débat public des informations de spécialistes. Ils devraient expliquer de manière claire aussi bien l’importance du besoin de recherche que l’intérêt de cette recherche.»
• «La condition d’un débat public de qualité est naturellement que ces questions soient tout d’abord suffisamment approfondies par les spécialistes – médecins, personnel de soins, commissions d’éthique, étudiants en médecine, journalistes médicaux – afin que ces derniers puissent ensuite jouer efficacement leur rôle de médiateurs. Dans une seconde étape, il faudrait étendre la discussion aux juristes et aux politiques car ce sont eux qui peuvent se charger de la suite nécessaire aux plans législatif et juridique.»    •

Source: Franz Christoph, Tödlicher Zeitgeist, Verlag
Kiepenheuer & Witsch, Köln, 1990, pp. 80 sqq
(Traduction Horizons et débats).