Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°14, 7 avril 2008  >  Sœur Lisette – formation d’une infirmière de la Croix-Rouge [Imprimer]

Sœur Lisette – formation d’une infirmière de la Croix-Rouge

par Lisette Schär, infirmière du Lindenhof

hd. Le niveau élevé de notre système de santé repose entre autre sur la formation des médecins et des infirmières. Cette formation a une longue tradition. L’école d’infirmières du Lindenhof à Berne a été fondée en 1899 par la Croix-Rouge Suisse. Pendant plus de 100 ans elle a formé des soignants. En 2007 la formation de soins a été centralisée dans le canton de Berne et ainsi l’école a perdu son autonomie. Aujourd’hui elle se con­centre sur la «formation continue dans la pratique». La réduction de la formation rend soucieux à beaucoup d’endroits.
Le plus souvent après un séjour dans un hôpital, on peut ensuite, guéri, reprendre son travail. Les médecins et les infirmières accompagnent cependant souvent leurs patients dans des situations difficiles. Là, des soins appropriés sont d’une grande importance. Là où il s’agit de gens malades et de la vie ou de la mort, un accompagnement humain, soigneux, responsable et fondé est de la plus grande importance. C’est dans ce sens-là que la formation des infirmières a été conçue pendant bien des d’années.
Un très bel exemple d’une formation intégrale d’une infirmière de la Croix-Rouge d’il y a 60 ans est décrit ci-dessous.

Il y a 60 ans, le 1er avril 1948, je suis entrée au cours 98 de l’école d’infirmières du Lindenhof. L’école d’infirmière de la Croix-Rouge du Lindenhof a été fondée en 1899.

Mon premier jour

Pour mon entrée j’ai reçu une liste de consignes: six tabliers blancs à 29 cm du sol, des bas gris et pas de chaussures ouvertes. Comme il y avait encore le rationnement, nous étions obligées de rendre déjà préalablement notre carte de rationnement.
Une grande valise avec mes affaires avait été expédiée par train, ensuite par cheval et voiture, et déposée à la maison des infirmi­ères. A mon arrivée, elle se trouvait déjà dans ma chambre. C’était alors la coutume quand on changeait d’emploi.
A mon entrée, après l’accueil, on nous a montré l’hôpital et présentées aux infir­mi­ères chefs. Moi, j’ai été attribuée à sœur Virginia au deuxième étage. A partir du lendemain matin et pour 15 jours, je devais me lever, à 06 h 15 du matin, nettoyer une chambre de malades en une demi-heure, donner de l’eau fraîche à toutes les fleurs et les distribuer dans les chambres. A huit heures les cours commençaient, 6 heures par jour. A 18 h 30 c’était le souper dans la grande salle à manger, à deux longues tables. Toutes les infirmières étaient debout à leur place jusqu’à ce que Madame la supérieure Helene Martz arrive et qu’elle ait dit la prière. Après, seulement, on pouvait s’asseoir. On servait sur assiettes, c’était peu, le rationnement venait juste d’être levé. A dix heures du soir les maisons des élèves étaient fermées. Quand nous voulions sortir, il fallait demander la permission à Madame la supérieure Martz. J’avais 23 ans.

Le médical et l’humain durant le service

Après l’école nous pouvions aider à l’étage. Sœur Virginia me donnait un petit plateau en argent avec de la gaze stérile, une se­ringue stérile avec une aiguille et je devais aller chercher à la pharmacie un centimètre cube de pénicilline. 1 cm3 coûtait 84 francs. Je pouvais porter cette pénicilline précieuse à la chambre du malade et observer comment on l’injectait. Dans la salle des infirmières, sœur Virginia nous expliquait que la pénicilline était produite de manière synthétique et que bientôt tous les malades pourraient en profiter.
A la pharmacie sœur Frieda avait une grande responsabilité. Elle était en train de stériliser deux perfusions dans deux ballons d’ Erlenmeier sur un réchaud à gaz, une perfusion au sel et une au glucose.
Le ballon était ensuite posé sur la table de nuit et le malade mis sous perfusion. Pendant tout le temps, une à deux heures, suivant le nombre de gouttes, il fallait être assis à côté du malade et pomper de temps en temps pour que la perfusion coule régulièrement. A la fin, il fallait faire très attention pour qu’il n’y ait pas d’air dans le long tuyau. C’était seulement après de grandes opérations, quand les malades ne pouvaient pas boire pendant un certain temps, qu’ils recevaient une perfusion. Les autres après une heure, quand ils étaient bien réveillés, recevaient une cuillère à café de thé, après une demi-heure deux cuillères et ainsi de suite toutes les demi-heures. Comme on ne faisait que des anesthésies à l’éther, il était normal que les ma­lades vomissent.
A cette époque-là on ne connaissait que les groupes sanguins et les facteurs rhésus. Comme beaucoup de sous-groupes n’étaient pas encore connus, il ne fallait pas utiliser plus de trois flacons de sang par opération. Il était donc très important d’observer les ma­lades. Quand un sous-groupe n’était pas compatible, ils avaient des frissons et il fallait tout de suite enlever la perfusion de sang. On ne connaissait pas encore tous les appareils modernes pour la surveillance des malades, c’est pour cette raison que l’observation des ma­lades était très importante.
Tout était très ordonné et très bien organisé. Cela m’a toujours impressionnée.
Au premier semestre, dès le début, jour et nuit, en dehors des heures de cours, une élève par ordre alphabétique, devait assister à chaque accouchement. Déjà dans la première semaine, j’ai dû me lever une fois la nuit pour un accouchement.
Chaque dimanche soir nous devions chanter une chanson pour les malades à chaque étage. Une élève avait la responsabilité de faire répéter chaque semaine trois chansons.
Je dois dire, que la première année m’a beaucoup marquée. C’était beau, varié, triste aussi, la vie – tout simplement.

Première station extérieure impressionnante

Pour la continuation de la formation après le premier examen au bout d’une année, 8 stations extérieures, conduites par des infir­mières du Lindenhof, avaient été installées en Suisse alémanique aussi à Samedan, pour faire connaître le pays et les gens.
Dans la deuxième année j’étais en station extérieure à Liestal dans un vieil hôpital de campagne. Là-bas aussi, les perfusions étaient stérilisées sur le réchaud à gaz et la pharmacie était conduite par la sœur supérieure Elsa Schenker. Elle était aussi infirmière anesthésiste. Elle était en plus très sociale. En cas d’urgences de pères ou de mères de famille, elle se renseignait auprès des communes sur la situation des gens et si nécessaire elle ordonnait de l’aide. Le soir, après le travail, elle y allait en voiture pour vérifier. Avec nous, les élèves, elle était également très compréhensive, sévère mais juste. La sœur supérieure Elsa et le médecin en chef, le docteur Berger formaient une bonne équipe. Le docteur Berger, lui aussi, était très social. En automne, quand il commençait à faire froid, les vagabonds arrivaient à l’hôpital avec n’importe quels maux et ils pouvaient y rester tout l’hiver. A condition de ne pas sortir de l’enceinte de l’hôpital et de ne pas boire de l’alcool. C’était ainsi également quand j’étais là-bas. A la mi-novembre arriva la sixième urgence. J’étais là et le médecin m’a dit: «Baignez-le d’abord. Il pue tellement, je ne peux pas l’examiner ainsi.» Ben bon, j’ai préparé le bain avec trois poignées de savon mou, je lui ai enlevé la chemise – elle est restée debout toute seule!
Au printemps, à la mi-mars, suivant le temps qu’il faisait, ils repartaient vers l’inconnu, habillés de frais, don de l’hôpital. Dans leur rapport final, les médecins ont écrit: à l’année prochaine!

La troisième année – la mise à l’épreuve

La troisième année, dans le vieux couvent de Münsterlingen, c’était le temps de la mise à l’épreuve pour les examens et pour la vie future. A 06.15 h du matin le travail commençait, jusqu’à 8 heures du soir. Nous travaillions de façon autonome sous la surveillance de la sœur supérieure du service.
Pour moi, Münsterlingen était au bout du monde. C’était six heures de train depuis Berne, les changements de train et les heures d’attente inclus. Je ne pouvais rentrer à la maison qu’à Noël. Pour le train rapide il fallait payer un supplément. Pour ma paie d’élève de 90 francs, c’était beaucoup.
Voilà ma formation de trois ans que je n’oublierai jamais.
Au fait: Comme infirmière fraîchement diplômée je gagnais 180 francs par mois à part la nourriture et le logement.

Le Service Croix-Rouge en cas d’urgence

En 1951, une semaine avant les examens nous avons été convoquées au Service Croix-Rouge. Pour l’incorporation j’ai été attribuée au médecin-chef de la Croix-Rouge Rot+Det.41 à Sarnen. Lors de catastrophes ou en cas de guerre, nous aurions été convoquées comme les soldats et nous aurions dû aller à Sarnen.
En 1953, nous avons été fournis en habits: Un chapeau, une jupe, une veste, un manteau avec capuchon, un pantalon, deux blouses, des cravates et deux tabliers bleus.
En 1957, nous avons été convoquées pour installer un hôpital militaire à Glaris, à l’école où la Landsgemeinde a lieu. Des soldats qui étaient tombés malades pendant le service actif et qui profitaient de l’assurance-invalidité ont été convoqués comme malades. Trois salles de classe ont été installées comme chambres de malades, puis deux chambres d’examens, un laboratoire et un appareil de radiographie qui fonctionnait très bien. Chez un paysan qui avait de fortes douleurs à l’épaule depuis le service actif et qui avait été traité contre des rhumatismes, on a pu constater à l’aide de cet appareil qu’il était atteint d’une tuberculose.
Nous, les infirmières, nous avons été installées dans la grande salle, les lits côte-à-côte à trente centimètres d’intervalle. C’était un grand défi de monter et démonter un hôpital militaire en l’espace d’une semaine, et tout a fonctionné. C’était la première fois que les secouristes sanitaires et les infirmières travaillaient ensemble. C’était un exercice pour les cas d’urgence.    •

Lorsqu’un sparadrap ne suffit pas

Le cours «Urgences chez les petits enfants», dispensé par les samaritains, a connu un franc succès en 2007: deux fois plus de parents, grands-parents et directrices de crèche que l’année précédente y ont assisté afin d’apprendre à prodiguer les premiers secours à un enfant malade ou blessé.
«Urgences chez les petits enfants» est l’un des cours samaritains les plus fréquentés. Destiné à rassurer et à mettre en confiance les parents, les grands-parents et toutes les personnes qui sont amenées à s’occuper de petits enfants, il aborde les principes de base des premiers secours et donne un aperçu des maladies infantiles les plus courantes et de leurs symptômes. En outre, la pharmacie de base d’une famille avec enfant y est détaillée.

Une ambiance détendue

Début 2007, l’Alliance suisse des samaritains (ASS), organisation faîtière des 1200 sections de samaritains, a remanié en profondeur ce cours qu’elle dispense depuis bientôt 20 ans. Les sections le proposent désormais dans toute la Suisse.
La nouvelle mouture du cours, d’une durée de 8 heures, prend en considération les dernières avancées médicales en matière de premiers secours. La formation a également été modernisée d’un point de vue méthodique et didactique. Travail de groupe et théorie alternent et les exercices pratiques se font dans une ambiance détendue. Dans le cadre du cours, la discussion et le partage d’expériences sont aussi encouragés.

Une progression notable

Le cours «Urgences chez les petits enfants» est très demandé au sein du public-cible. Cette année, 9062 personnes ont assisté au cours, alors qu’en 2006, il avait attiré moins de 4000 participants.

Source: http://redcross.ch du 2/4/08