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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°17, 13 mai 2013  >  La Suisse a les moyens de résister au chantage politique [Imprimer]

La Suisse a les moyens de résister au chantage politique

S’allier au-dessus des partis, créer des majorités au niveau humain, se serrer les coudes

me. Lors de l’assemblée générale de l’Association des propriétaires fonciers (Hauseigentümerverband HEV) du Hinterthurgau (canton de Thurgovie) le silence régnait lorsque le président Paul Hug, de Wilen, a présenté son rapport annuel. Il a prononcé des réflexions montrant un profil indépendant et provoquant un écho favorable.

Dans la grande salle décorée, les 352 membres ont applaudi quand Paul Hug a revendiqué «résistance et fermeté face à l’UE et à l’administration américaine». Il faut «avoir le courage de libérer le pays de tout ce bric-à-brac de directives bruxelloises. Elles ne provoquent que des coûts et ne servent à rien.» Paul Hug a soutenu la stratégie de l’argent propre, car la Suisse n’a pas besoin de défendre des gangsters et des chevaliers pillards, mais la discussion sur les fraudeurs du fisc n’est qu’un prétexte hypocrite. Il s’agit en vérité de détruire la place financière suisse. Hug pense que le moment est venu de montrer force de caractère et dureté et d’agir avec sang-froid dans le domaine de la politique étrangère. La Suisse en a les moyens. Il attend davantage de la part du gouvernement et des parlementaires du Conseil national et du Conseil des Etats.
Hug a dit littéralement: «L’année dernière a été marquée une fois de plus par la crise bancaire dans les zones d’influence européennes et américaines. Les deux harcèlent le marché suisse, car il a encore de l’argent. La Suisse a fait ses devoirs et a créé, avec le frein à l’endettement, un instrument efficace qui nous aide à ne pas perdre les pédales. Il va de soi que nous devons encore nous améliorer ou au moins prendre garde que la situation ne se détériore pas. Il y a des groupes d’intérêt chez nous qui veulent s’adapter à l’UE, coûte que coûte. Et ceux-là prétendent même représenter les intérêts de la Suisse et de la population. C’est n’importe quoi! Les véritables représentants du pays et de la population luttent contre toutes tentatives étrangères d’influence et d’ingérence. Je déplore le manque de résistance et de fermeté notamment contre l’UE et l’administration américaine. Cela commence avec Conseil fédéral et continue avec les conseillers aux Etats et les conseillers nationaux. Arrêtons donc de reprendre automatiquement les lois et les directives de l’étranger. Arrêtons donc enfin de nous laisser extorquer et formulons nous-mêmes nos revendications. Désirez-vous quelques exemples?
Concernant les nuisances sonores: La Deutsche Bundesbahn (DB) roule avec du matériel vieilli sur la rive suisse du lac de Constance et cause d’immenses nuisances sonores avec ses trains de marchandises. Des poids-lourds de toute l’Europe traversent les Alpes, souvent vétustes ou à peine en état de marche. L’Allemagne restreint de façon unilatérale les transports aériens à Zurich. Que font nos hommes politiques? Rien – ou sinon si doucement que personne ne s’en rend compte. Pourquoi ne pas ficeler des paquets? Pourquoi ne pas montrer plus de dureté?
Concernant les directives: En tant que spécialiste de la construction, je sais qu’on nous force à reprendre toujours plus de directives et de recommandations de l’UE, surtout les prescriptions DIN. Pourquoi reprenons-nous sans réfléchir des recommandations qui ne déclenchent que de l’hilarité dans les pays voisins? (J’ai vécu cela moi-même) Ayons enfin le courage de nous débarrasser de tout ce bric-à-brac bruxellois. Car il ne provoque que des coûts et ne sert à rien – et l’on s’étonne que tout renchérisse. Quel politicien en aura le courage nécessaire?
Concernant les banques: Je vous préviens que je soutiens entièrement la politique de l’argent propre [«Weissgeldpolitik»]. Nous n’avons pas besoin de gangsters ou de chevaliers pillards en Suisse. Mais ce qu’on exige de la Suisse, et uniquement de la Suisse, est de l'ordre du chantage. Par devant, on parle uniquement de fraudeurs du fisc, mais en réalité c’est l’effet secondaire qui est profitable. Le but est de toute évidence le démantèlement de la place financière suisse. Et je vous demande: pourquoi nos politiciens ne s’en aperçoivent-ils pas?
A l’avenir, j’exige davantage de force de caractère, de dureté et moins de servilité devant une autorité étrangère, quelle qu’elle soit et d’où qu’elle vienne.»
Quant à la politique intérieure, Paul Hug a proposé de s’allier au-dessus des partis. Il faut créer des majorités au niveau humain et se serrer les coudes. C’est la raison pour laquelle il faut mettre de côté le sabre à deux mains et se servir du fleuret. Il a mis en garde contre le fait qu’on ampute partout la propriété – et pas seulement à Chypre. Cette manière de faire s’introduit insidieusement aussi dans notre pays. Il a terminé son tour d’horizon en remerciant le groupe «Flug­lärmprotest Hinterthurgau» (groupe d’opposition contre les nuisances sonores aériennes au Hinterthurgau) qui s’était opposé avec le groupe BFO (Bürgerprotest Fluglärm Ost) et le soutien du conseiller d’Etat Stark à ce que la région devienne la «poubelle des nuisances sonores».
Il a consacré sa dernière remarque au service cantonal des monuments historiques qui se trouve sous la direction de Béatrice ­Sendner (docteur ès lettres). Il est d’avis qu’il faudrait massivement réduire le pouvoir de ce service. Les personnes extra-cantonales qui y travaillent, dont la directrice, ont toutes fait des études de lettres et manquent ainsi du sens des réalités nécessaire sur le terrain dans ce domaine. Il a déclaré en substance qu’on traite les propriétaires fonciers de façon chicanière. Il souhaite qu’une administration proche des préoccupations citoyennes et ayant le sens de la mesure, comme il était de coutume autrefois en Thurgovie, soit réintroduite dans ce service. Une fois de plus, il a été applaudi pour ses propos.
Les affaires statutaires ont été vite réglées. L’association est en bonne forme, les membres du comité s’entendent bien, le bilan est en ordre et il y a suffisamment de réserves. Le fait qu’on ait pu souhaiter la bienvenue au 2800e membre montre clairement que cette association possède un poids non négligeable.
Après un intermède musical présenté par le groupe féminin Ländler Schäläbü, le conseiller national Hans Egloff (président du HEV Suisse) a poursuivi le débat politique. Selon lui, la valeur locative représente un phénomène original, une absurdité. Cela n’existe dans aucun de nos pays voisins. La valeur locative favorise l’endettement puisque les intérêts hypothécaires sont fiscalement déductibles. Vu la situation politique actuelle, c’est là une erreur qu’il faut corriger. Grâce au frein à l’endettement, la Suisse se porte très bien, comparé au niveau international, et il a remercié nos pères politiques de cette invention. Il faut transformer le système fiscal de manière à ce que l’endettement perde son attractivité. Il a informé les auditeurs d’une nouvelle approche du HEV, selon laquelle les propriétaires disposeraient du droit de choisir s’ils veulent se faire imposer selon la valeur locative avec déductions des dettes ou renoncer aux déductions et se faire imposer sans valeur locative. Egloff, en tant que président, a affirmé qu’il ne se retirerait pas avant que la valeur locative soit supprimée.     •

(Traduction Horizons et débats)