Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°27, 2 juillet 2012  >  Prévoyance de la crise en Suisse [Imprimer]

Prévoyance de la crise en Suisse

ww. La Suisse craint depuis longtemps d’être submergée par l’euro en rapport avec la garantie de la Banque nationale suisse de la limite inférieure du taux de change de CHF 1.20. Maintenant cette situation d’urgence s’est produite. Rien qu’en mai, les réserves de devise de la BNS (surtout des euros) sont montées en flèche de 66 milliards à 300 milliards. En juin, d’énormes montants d’euros s’y sont ajoutés. Au début de l’année 2010, aussi une année de crise, les réserves de devise s’élevaient encore à 90 milliards. Dans des périodes «normales», elles s’élevaient à 40 à 50 milliards. Si la BNS achète des centaines de milliards d’euros en plus et les paie avec des francs suisses nouvellement «imprimés», elle prend à moyen terme un risque d’inflation considérable. En plus elle subira de très hautes pertes, si l’euro s’écroulait. Le capital propre serait vite dépensé. Il est vrai que la BNS ne peut pas faire faillite comme une banque normale. Mais elle est dépendante d’un capital propre solide afin de maintenir sa crédibilité.
Maintenant le Conseil fédéral a constitué une «Task force», qui examine aussi des mesures comme des contrôles de circulation des capitaux ou des taux d’intérêt négatifs. Thomas Jordan, président de la BNS, a communiqué que la BNS envisage de pareilles mesures en cas d’urgence.
Au Conseil national a eu lieu un débat urgent. Il s’est agi avant tout de la limite inférieure du taux de change de CHF 1.20 pour un euro (que la BNS garantit en achetant des euros à volonté) et de l’établissement d’un fonds d’Etat comme prévoyance d’une crise.
Tous les intervenants – et avec eux tous les partis – reconnaissent explicitement la limite inférieure de l’euro, qui a une grande importance pour l’économie d’exportation. La Suisse se trouve dans une situation exceptionnelle. La limite inférieure du taux de change ne signifie pourtant pas de fixation du franc suisse à l’euro, et c’est à la BNS de déterminer le moment pour mettre fin à cette politique. On peut supposer que la BNS ne pourra pas si vite se débarrasser des centaines de milliards d’euros (sans influencer le taux de change défavorablement). C’est pourquoi bon nombre de parlementaires ont proposé d’établir un fonds d’Etat. Celui-ci aurait pour fonction de gérer une partie de cet argent au sens d’une prévoyance d’une crise. Il pourrait par exemple le dépenser pour l’achat d’or ou de titres, qui englobent des valeurs réelles. Des projets d’infrastructures seraient financés avec ça etc. Un fonds spécialisé aurait plus de possibilités et pourrait réduire les risques. Un intervenant a proposé que les gains futurs de la BNS – aussi au sens d’une prévoyance d’une crise – puissent être versés dans ce fonds. Un autre a mentionné l’exemple de la Norvège et de Singapour qui ont créé un fonds d’Etat avec des réserves (qui n’étaient pas utilisées). – Le concept est encore vague et ne peut pas être réalisé à court terme. La conseillère fédérale Widmer-Schlumpf a insisté sur le fait qu’un tel projet doit avoir une base légale qui doit d’abord être créée. Un changement de la Constitution et une votation fédérale obligatoire seraient nécessaires.
La discussion vient seulement de commencer. L’idée d’établir un fonds avec des réserves de devises n’est pas nouvelle en Suisse. Les citoyens en Suisse ont voté il y a quelques années sur «la fondation de solidarité» (et l’a rejetée), laquelle aurait dû être accumulée à partir de réserves de la BNS.
Au sens d’une prévoyance de crise, il y a aujourd’hui encore d’autres offensives: L’UDC collectionne en ce moment 100 000 signatures pour une initiative populaire qui veut fixer dans la Constitution que le pourcentage d’or des réserves de la BNS n’a pas le droit de baisser au-dessous de 20 % et que l’or doit être stocké en Suisse.
Il est vrai que la politique monétaire est l’affaire de la Banque nationale suisse. Mais aujourd’hui il n’est plus question que de politique monétaire, mais de prévoyance d’une crise et du bien-être des futures générations. Ce sont des questions qui concernent toutes les citoyennes et tous les citoyens – comme cela a déjà été le cas il y a 60 ans, ce que nous voulons brièvement rappeler en conclusion:

«L’histoire ne se répète pas,
mais elle rime.» (Mark Twain)

En 1951, les citoyens de la génération de l’après-guerre ont décidé dans trois scrutins au niveau de la Constitution de ne pas appuyer la monnaie du pays surtout sur le dollar américain, comme le règlement monétaire de Bretton Woods de l’époque le conseillait. Mais ils ont décidé que la BNS accumule de grandes quantités d’or, qui devraient être à long terme une réserve pour des crises et des catastrophes (cf. «Il y a 60 ans – Les citoyens ont leur mot à dire à propos des questions monétaires fondamentales». in: Horizons et débats du 7/11/11).
Comme nous le savons, plus de la moitié de l’or a été vendue il y a quelques années (sans consulter le peuple). La situation serait aujourd’hui beaucoup moins tendue si la politique et la BNS avaient pris au sérieux l’héritage des générations de guerre et de l’après-guerre, et si les 2600 tonnes d’or existaient encore. Aujourd’hui, il y en a encore environ 900 tonnes.