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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°32, 17 août 2009  >  Prévention de la violence – réflexions et suggestions [Imprimer]

Prévention de la violence – réflexions et suggestions

par Dieter Sprock

L’acte de violence commis par trois élèves de Küsnacht a choqué. La victime souffrira probablement des séquelles toute sa vie. (cf. Horizons et débats no 28 du 20 juillet 2009) Munich, Winnenden, Blacksburg et beaucoup d’autres excès de violence par des ­jeunes sont des signes alarmants d’un développement manqué et l’expression d’une crise de sens profonde de notre société. Les gros titres des médias ne sont cependant qu’une partie du problème. A beaucoup d’endroits on rencontre des situations qui dépassent les forces de tous ceux qui sont concernés: Des instituteurs disent qu’ils n’arrivent presque plus à donner leurs cours; lors de sondages, des élèves indiquent que c’est la violence des camarades d’école qui leur fait le plus peur. Dans chaque village les drogues sont à disposition. La consommation d’alcool augmente. Et dans les cabinets de psychiatres et de psychologues les cas de dépressions juvéniles et d’adolescents suicidaires s’accumulent.
Avec toutes ces difficultés il ne faut cependant pas oublier que la plus grande partie de nos adolescents se donne honnêtement de la peine de trouver une voie praticable dans nos temps difficiles. La majorité des jeunes n’est pas violente.

Un potentiel de violence à des fins ­politiques?

La violence des jeunes montre une nouvelle «qualité». Elle sert de divertissement et de démonstration de pouvoir et elle est dirigée contre des personnes parfaitement inconnues; il n’y a donc pas de conflit qui précède. Souvent, l’attaque est annoncée au préalable sur le net ou par SMS, comme c’était le cas de ces trois élèves qui ont dit vouloir tabasser encore une fois bien fort. Les malfaiteurs ne montrent aucune compassion pour la victime et ils n’arrêtent même pas lorsque la victime est à terre et sans défense. La violence a pour but la destruction de la victime. Après l’acte criminel les malfaiteurs ne montrent aucun sentiment de culpabilité ou de repentir. Au contraire, ils filment l’horrible événement avec leur portable, s’en vantent encore et humilient leur victime en envoyant les vidéos dans le monde entier.
Quelques-uns des malfaiteurs sont décrits comme des enfants et adolescents calmes, aimables et discrets. Ils vivent depuis des années dans des mondes parallèles avec des lois et des règles tout à fait différentes. Tandis que dans le monde réel ils vont à l’école à l’heure, sont courtois et discrets et que le matin la maman leur prépare un chocolat chaud, dans leur monde virtuel par contre ils développent le rêve du souverain sur la vie et la mort qui leur donne du pouvoir et de la valeur. Solitaires intérieurement, insignifiants, sans orientation émotionnelle de valeurs, dans le jeu ils sont les seigneurs du monde, jusqu’à ce qu’ils fassent devenir réalité le rêve qu’ils ont rêvé et entraîné mille fois et ils font un carnage. Dans le monde virtuel règnent les héros du pouvoir et du meurtre. Vainqueur est celui qui assassine le plus d’hommes par une balle tirée dans la tête. S’il n’y a pas de changement décisif, nous risquons de voir cette concurrence virtuelle devenir réalité dans la vie réelle. Les propos stupides des «spécialistes» grassement rémunérés qui, sur commande des fabricants de ces jeux, tentent de déconcerter l’opinion publique, personne ne peut vraiment les prendre au sérieux.
Une partie de la jeunesse a accumulé un potentiel de violence prête à exploser à tout moment. La scène de la violence est reliée en réseau et facilement mobilisable. Ainsi, les adolescents en émeute dans les faubourgs incendiés de Paris ont été guidés par portable et les pétards ont été livrés par-dessus par les instigateurs politiques. La violence des jeunes au service d’intérêts politiques obscurs chez nous aujourd’hui n’est encore qu’une vision d’horreur qui peut cependant devenir très vite réalité si la crise du chômage et du manque de sens se répand dans nos villes.

Créer des alliances – développer des ­solutions ensemble

C’est une question de bon sens et de responsabilité envers nos enfants de chercher des solutions pour empêcher une progression de la violence, de renforcer la cohésion sociale sur la base d’une éthique proche de l’homme et avec le respect de la vie.
Le crime de Munich a déclenché la réflexion. Beaucoup de gens cherchent une issue et chacun de nous est appelé à participer à la réflexion et d’apporter sa contribution. Nous ne pouvons pas déléguer la prévention à quelques «responsables» et «spécialistes». Il faut la discussion honnête entre citoyens, des solutions à développer ensemble.
Un domaine qui doit certainement être inclus dans les réflexions autour de la prévention de la violence est celui de l’éducation et de la formation. Nous devons nous poser la question de notre manière de vivre: Quel monde, c’est-à-dire quelles valeurs voulons-nous transmettre à nos enfants? Chaque enfant sait exactement, où bat le cœur de ses parents. Quelle manière de concevoir le monde, quelles attitudes voulons-nous former et encourager chez nos enfants? Que leur faut-il pour maîtriser leur vie dans une époque difficile avec des secousses économiques et la misère? Comment faire de nos enfants des hommes et des femmes capables qui participent et apportent leur contribution dans le sens du bien commun à la solution des problèmes qui se posent?
Une mentalité «service-tout-compris» dans l’éducation a produit des enfants qui sont de mauvaise humeur. Il ne leur manque rien, ils sont bien nourris, pris en charge 24 heures sur 24 et malgré tout pas contents d’eux-mêmes et du monde, ce sont des enfants qui, s’ils possèdent déjà une voiture rouge, une verte et une jaune n’ont qu’un but, c’est de recevoir encore la bleue. Ils sont vides intérieurement et ne se sentent pas attaché aux autres. La mentalité «service» a créé une société dans laquelle beaucoup de gens ne font que tituber d’un Event à l’autre, se noyer dans le fun, les distractions, le shopping et les rendez-vous, danser et rire et ne pas se soucier des guerres, de la pollution du monde, de la faim et de la misère. Nous vivons comme si tout cela n’existait pas.
Voici des devoirs importants qui nous attendent: Comment pouvons-nous développer autre chose avec les enfants et les adolescents, le projet d’un autre monde où règnent la justice et la paix? Comment nous adresser aux adolescents, quelles forces mobiliser? Comment réussir à réunir les enfants avec leurs parents et avec les autres êtres humains pour trouver des amitiés dans le monde entier?
Quelle position doit prendre l’école dans notre société et quelles matières et valeurs doit-elle transmettre aux élèves dans la vie? Pendant 30 ans, les enseignants ont été rendus coupable de tous les problèmes possibles de la société, tout à fait à tort, car beaucoup d’entre eux font un travail excellent, ils sont éducateurs de tout leur cœur. Leur renommée et leur autorité doivent être restaurées et les responsables de cette diffamation doivent être nommés et leurs objectifs rendus publics.
Pour que l’école puisse de nouveau réaliser son devoir de formation il faut l’association entre les parents, les écoles et les communes. Il faut agir de sorte que les parents, les enseignants et les enfants forment un pacte qui contribuera à la coopération et au développement de tous. Ce qu’il faut avant tout, ce sont des valeurs partagées par tous. L’école n’est pas une entreprise de services pour contenter les exigences des clients. Le contrat de formation de l’école ne concerne pas uniquement les cours et la formation professionnelle, bien que ces deux fonctions soient importantes pour le développement, mais aussi la formation de la personne entière, de ses capacités manuelles et intellectuelles et la formation du caractère. Les contenus à apprendre doivent être choisis de manière à ce qu’ils servent le bien commun. Ils devraient, une obligation pour tous, aussi contenir des tâches dans le domaine social. La jeunesse se laisse facilement gagner pour la solidarité avec le tiers monde. On pourrait aussi collaborer avec des organisations de jeunes des églises qui disposent d’une grande expérience dans ce domaine.
Aujourd’hui, une grande partie des adolescents est sensibilisée à la réflexion. Beaucoup d’entre eux se sentent mal à l’aise. Ils ont peur de devenir eux-mêmes victimes de chicanes et de violence. Nous devrions avoir la grandeur d’âme de nous mettre de leur côté et inciter une réflexion commune sans proposer d’emblée des solutions, mais les développer en commun.
Invitons les élèves à participer à la ré­flexion. Ils connaissent les déroulements intérieurs parmi eux et peuvent partager leur expérience. Si nous réussissons à faire appel aux forces positives des jeunes, c’est certain qu’une multitude d’idées verront le jour. Pourrions-nous, à partir d’une atmosphère de consternation et de réflexion, lancer un grand concours d’idées de prévention de la violence? •


Projet contre la violence des jeunes: Axe essentiel de législature 3 «Jeunesse à Zurich»: Taskforce violence des jeunes

Communication aux médias du Département de l’Ecole et des sports de la ville de Zurich du 1er juillet 2009

Il y a un an, le Conseil municipal a lancé un paquet de mesures pour la diminution de la violence des jeunes et investi la Taskforce Jugendgewalt (violence des jeunes). A part quelques petits projets, la Taskforce Jugendgewalt a initié et avancé avant tout trois grand projets «VRZ Plus», «Dienstleistungsangebot für Vereine» (offre de services pour des sociétés) et «ZüriCourage».
La violence des jeunes est un problème de toute la société dont la ville de Zurich est aussi concernée. Le Conseil municipal accorde la plus grande importance à la violence des jeunes dans l’espace public dans son Axe essentiel de législature 3 «Jeunesse à Zurich: espaces libres, travail et sécurité». Dans l’axe essentiel «Sécurité par prévention et limites» il a défini un catalogue de mesures et des objectifs clairs: La violence de et parmi les jeunes n’est pas tolérée. «La plus grande partie des adolescents à Zurich n’est pas violente. Ce sont ces adolescents-là qu’il faut protéger et renforcer dans leurs actions», a dit le conseiller municipal Gerold Lauber, directeur de la délégation municipale. Pour réa­liser cet objectif le Conseil municipal a créé, il y a un an, la Taskforce Jugendgewalt. La taskforce sous la direction de Andres Oehler est composée de spécialistes de la police, de l’école, du système de santé et des services sociaux. Dans le combat contre la violence des jeunes le Conseil municipal mise sur la coopération dans la prévention, dans la gestion de conflits et dans la répression.

VRZ Plus: Fixer des limites dans l’espace ­public

Le projet VRZ Plus» poursuit le but de prendre en charge des adolescents et des personnes adultes qui, sur la base de leur état, représentent un danger pour eux-mêmes et pour les autres. La désintoxication se fait sous surveillance médicale et la sécurité des personnes prises en charge est assurée. Les coûts engendrés par l’intervention policière sont facturés aux personnes fautives ou bien aux parents. Les parents ou les éducateurs sont contactés et appelés à venir chercher leur fils ou leur fille dans le «Vermittlungs- und Rück­führungszentrum VRZ» (centre de médiation et de reconduite à la maison). «Nous planifions la création d’un <VRZ Plus> dans le cadre d’un projet pilote de trois ans au printemps 2010» dit la conseillère municipale Esther Maurer, directrice du département de police.

ZüriCourage: Intervention contre la violence des jeunes

Dans le cadre du projet pilote «ZüriCourage» ce sont des patrouilles sip-züri (sip: sécurité, intervention, prévention) qui interviennent de façon ciblée contre la violence des jeunes et contre des excès d’alcool dans l’espace public. Le projet pilote a débuté en novembre 2007 et il dure jusqu’à la fin de 2009. «Les expériences jusqu’à présent montrent qu’une amélioration a pu être atteinte aussi bien en ce qui concerne les comportements violents et l’abus d’alcool dans l’espace public, qu’en ce qui concerne l’élimination des détritus», c’est ce qu’a souligné Martin Waser, directeur du Département des Affaires sociales. Le Conseil municipal demande au Conseil communal d’accorder les moyens pour la continuation illimitée de «ZüriCourage».

Offre de services pour les sociétés: Prévention et intervention

La ville de Zurich présente une grande variété de sociétés et d’organisations pour des adolescents qui contribuent de façon importante à leur socialisation. Mais comme partie de la société, les sociétés, les lieux de rencontre et les organisations pour les jeunes ne sont pas à l’abri d’influences négatives et de problèmes. C’est sur ce point que «l’offre de services pour les sociétés» intervient. «L’idée est que la ville de Zurich soutient avec ses spécialistes les sociétés et les organisations de jeunes dans leur rapports avec la violence, soit par des interventions concrètes, soit par des offres préventives», comme le dit le conseiller municipal Gérold Lauber. Les sociétés peuvent se servir de l’offre gratuite de la ville de Zurich s’ils signent une déclaration relative aux principes fondamentaux pour la solution de conflits sans violence. Le départ sera donné après les vacances d’été. «Le plus de sociétés possible et d’organisations de jeunesse de la ville de Zurich devraient participer», dit encore Gérold Lauber.

Bilan provisoire de la Taskforce Jugendgewalt

L’année passée, la Taskforce Jugendgewalt a initié et accompagné, en plus des trois grands projets, plusieurs petits projets. Ceci entre autres dans les domaines suivants: protection de vic­times, prévention de la criminalité, protection de jeunesse, confiscation de téléphones portables et d’armes, excès d’alcool. En plus, la coopération avec le canton a été intensifiée. Andres Oehler, directeur de la Taskforce Jugendgewalt reconnaît dans le réseau dense et dans la bonne coopération aussi bien à l’intérieur de la ville qu’avec les autres institutions, un facteur important de succès dans la lutte contre la violence des jeunes: «La ville ne peut résoudre seule le défi de toute la société. Notre ville a une très grande zone de rayonnement et elle est le point d’attraction pour beaucoup d’adolescents qui habitent en dehors de la ville. Ce n’est pas seulement la ville mais aussi les communes des environs, le canton et la Confédération qui sont concernés.»

Source: www.stadt-zuerich.ch/content/ ssd/de/index/departement_schul_sport/medien/medienmitteilungen/2009/juli/090701g.html       
(Traduction Horizons et débats)