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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°20/21, 17 juin 2013  >  Quelles perspectives pour Europe? [Imprimer]

Quelles perspectives pour Europe?

L’UE n’a pas d’avenir – un démantèlement pacifique s’impose

par Karl Müller

Il y a actuellement 47 Etats sur le continent européen dont 27 sont membres de l’Union européenne. 20 pays européens sont indépendants. Toujours à nouveau, on fait, de façon erronée, l’amalgame entre l’Europe et l’Union européenne, notamment de la part des partisans de l’UE. En réalité, l’Europe est bien plus diversifiée et a davantage à offrir que l’Union européenne.
Cette fausse confusion entre Europe et Union européenne vient aussi du fait que cette dernière, voulant se présenter comme un empire, cherche donc à se faire valoir. Immanquablement la diversité de l’Europe en est occultée et on cherche à imposer la conception que la destinée de l’Europe est liée à celle de l’Union européenne.
Personne au monde ne peut s’imaginer que l’Union européenne n’est qu’un clin d’œil de l’histoire – ce qui ne manquera pas d’apparaître puisque cette Union n’est rien d’autre qu’un artéfact de la politique de domination, ne reposant pas sur la volonté des peuples européens.
Rares sont ceux qui s’en rendent compte sous l’emprise du moment. Il suffit toutefois de considérer les réflexions fondamentales, formulées déjà il y a quelque temps, du renommé historien suisse Jean-Rodolphe de Salis, un «pro mémoria» avertissant quand il s’agit de savoir comment s’y prendre face à un grand ensemble tel que l’UE et ses protagonistes. En fait, l’UE, ce n’est «rien de neuf sous le soleil» et son destin sera le même que celui des autres empires que de Salis a caractérisés de manière pertinente.
Cela n’a rien à voir avec des prophéties historiques ou philosophiques ni avec un fatalisme historique, mais réside dans la logique même des systèmes de domination lesquels furent tout au long de l’histoire des tentations. Car leur logique et leur fondement résident dans une soif de pouvoir sans faille; il s’agit donc d’un phénomène maladif du vivre-ensemble des êtres humains.
Mikhaïl Gorbatchev, l’ancien président de l’Union soviétique, avait tenté de sauver le pouvoir du parti communiste de son pays en instaurant la «perestroïka» et «glasnost». Ce fut un échec.
Les dirigeants de l’UE doivent depuis plusieurs années affronter, comme à l’époque les dirigeants de l’Union soviétique, des crises fondamentales et beaucoup de leurs solutions ressemblent étrangement à celles appliquées dans l’Union soviétique. Il y a les «staliniens» de l’Union européenne qui veulent «sauver» l’UE par une centralisation poussée, voire par une dictature plus ou moins déclarée. Ils suivent les intentions de Jean Monnet de détruire les Etats-nations. Ils rêvent d’une nouvelle «Pax romana», donc une paix «UE» reposant sur la négation du droit, de la liberté et de la démocratie. Mais déjà l’empereur romain Auguste, qui tout au long de sa vie avait voulu être adoré comme jeune prince de la paix, avait élargi l’empire romain par des conquêtes brutales, après avoir éliminé tout aussi brutalement ses adversaires dans le pays même.
Mais il y a encore un autre groupe parmi les sauveteurs de l’UE qu’on appellera, par simplification, et comme Gorbatchev le fit, les «léninistes». Ils veulent «sauver» l’UE en appliquant des réformes, comme de réduire légèrement les pouvoirs des institutions de l’UE de Bruxelles et de Strasbourg, de redonner quelques compétences aux Etats-nations, et surtout de reprendre en main les phénomènes de crise de l’euro et de l’endettement souverain qui ne cessent de s’amplifier et mènent droit dans un impasse. Mais finalement, ces léninistes ne recherchent rien d’autre qu’une «Pax romana», mais de façon plus subtile. C’est tout sauf une perspective.
Mais quel avenir pour l’Europe? L’UE est une menace pour les pays indépendants de l’Europe. Aucun pays, aucun peuple ne peut se laisser aller à des illusions face à cette menace. Chaque pays doit se prémunir de telle façon que toute agression de la part de l’UE reviendrait trop cher à celle-ci.
Mais faut-il donc souhaiter l’effondrement immédiat d’un grand ensemble telle que l’UE? Le danger serait très grand. Mieux vaut un démantèlement pacifique à petits pas. Malheureusement, on ne trouve dans l’histoire pas d’exemple d’un tel développement, pas même avec l’Union soviétique, qui n’a toutefois pas connu de bain de sang – Dieu soit loué. Les pays du bloc de l’Est ont payé et payent encore le prix fort: du fait que le changement est venu d’en haut, que les objectifs étaient tenus secrets et que ces pays sont tombés de Charybde en Scylla, c’est-à-dire qu’ils sont passés de la domination par l’Union soviétique à la domination par l’UE et les Etats-Unis.
Mais à supposer que les objectifs et la voie pour une marche en arrière soient honnêtes – c’est-à-dire destinés au bien-être des populations – et qu’aucune grande puissance ne s’en mêle, alors le changement en Europe pourrait se poursuivre dans le sens des droits naturels des populations. Une démocratie directe renforcée devrait en faire partie. En outre, il est primordial que les valeurs fondamentales permettant un vivre-ensemble dans le sens de la discussion en cours en Suisse menée par la «Stiftung Lilienberg Unternehmerforum» (cf. article p. 6), retrouvent le chemin de tous les citoyens et citoyennes des pays européens – c’est également valable pour l’éducation et l’enseignement de nos enfants et de nos jeunes.    •