L’entraînement à la violence destructrice devrait être proscrit

Il est surprenant de voir le manque de réflexion dans de nombreux commentaires sur les récents actes de violence, qui prétendent qu’une interdiction des jeux de tuerie serait inutile. Il est tout de même connu de tous les formateurs, entraîneurs, thérapeutes et enseignants que la pratique par le biais d’un simulateur est l’une des méthodes les plus efficaces d’apprentissage. Les pilotes apprennent sur des simulateurs de vol, des soldats sur des simulateurs de conduite de chars, des élèves apprennent les langues interactivement grâce à leurs PC, etc. … Pourquoi un entraînement au tir et à la désensibilisation par l’ordinateur remettrait-il en question ce que toutes les autres expériences en place depuis longtemps ont largement prouvé? Bien entendu, une très petite partie seulement des joueurs de jeux violents mettent leur simu­lation meurtrière en pratique. Mais qui ose nier que les tendances grandissantes aux brutalités «banales» chez les jeunes ont un rapport avec l’ordinateur et sont basées sur l’accoutumance à des actes de violence?
Il est certain que les auteurs potentiels et extrêmement dangereux ne peuvent, malgré toutes les subtilités psychologiques, être détectés à temps. Mais comme le divertissement par le jeu de violence ne répond à aucune nécessité, on peut facilement réduire ce risque, fût-il «petit». Il suffirait d’interdire purement et simplement les jeux de violence. Bien sûr, les jeux de violence pourront toujours être téléchargés depuis Internet, mais il n’y a pas de différence à faire entre l’interdiction de sites représentant des scènes de violence et des sites pornos ou criminels. Les contrevenants pincés n’ont jamais revendiqué l’abolition de l’interdiction de ces pratiques!
En outre, l’argument que la violence est aussi présente dans les films de divertissement n’est pas fondé: il existe en matière de méthode d’apprentissage une énorme différence, entre la consommation passive (en l’occurrence, voir un film) et l’entraînement actif (ici, s’entraîner virtuellement à tuer). L’exercice «ludique» de la violence destructrice pour satisfaire des instincts primitifs doit être proscrit dans notre société civilisée – sans compromis.

Dr M. Neuenschwander, Berne

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