«Les activités de l’Etat sont plus proches du citoyen»Interview de Philipp Stähelin, conseiller aux Etats (Thurgovie)Horizons et débats: Monsieur le Conseiller aux Etats, en ce qui concerne ses dettes publiques, la Suisse est mieux lotie que la plupart des autres pays d’Europe. A votre avis, quelles en sont les raisons? En effet, notre pays est moins endetté que presque tous les autres pays, excepté ceux, telle la Norvège, qui possèdent des ressources, notamment pétrolières, que nous ne possédons pas. Et cela vaut aussi bien pour les dettes de la Confédération que pour celles des cantons et des communes. En comparaison des Etats centralistes et des Etats au fédéralisme moins prononcé, ces collectivités régionales ont naturellement plus d’importance; il faut en tenir compte mais cela ne change guère l’image positive de la Suisse. Inversement, la structure fédéraliste implique déjà une politique relativement peu dépensière. L’activité gouvernementale est plus proche du citoyen qui la contrôle mieux qu’ailleurs aux niveaux fédéral et surtout cantonal et communal. Cet effet est encore renforcé par le fait que les cantons disposent d’une fiscalité et de compétences financières qui leur sont propres. Le référendum financier aux niveaux cantonal et communal joue aussi un rôle. Malgré la situation relativement favorable, vous avez, en tant que président de la Commission des finances du Conseil des Etats, mis en garde contre le fait d’augmenter la dette publique de manière exponentielle. Qu’est-ce qui vous y a amené? Qu’est-ce que cela signifierait pour les générations futures si les dettes continuaient de croître? D’une part, le frein à l’endettement concerne uniquement les dépenses du compte ordinaire alors que les dépenses extraordinaires ont pu filer, ce qui a effectivement entraîné à plusieurs reprises une augmentation des dettes et sapé la politique financière durable. On essaie maintenant de lutter contre cette évolution négative avec la «règle complémentaire au frein à l’endettement», qui doit toutefois faire encore ses preuves. Cette phase doit être surveillée soigneusement si l’on veut éviter l’échec. Que faut-il faire pour maîtriser les dettes publiques en Suisse? L’instrument du frein à l’endettement, avec la «règle complémentaire», sera efficace si on l’applique systématiquement. Nous devons donc tout faire pour qu’on ne s’éloigne pas de cette voie vertueuse. Cela signifie que pour les années 2010 et suivantes, nous devons réduire dans la mesure du possible les dépenses publiques car à la suite de la crise économique, les recettes vont diminuer. Je suis convaincu que c’est réalisable sans compromettre les activités essentielles de l’Etat si toutes les parties manifestent de la bonne volonté. Il faut pour cela réexaminer de manière approfondie les missions publiques et leur réalisation. • |