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Horizons et debats  >  archives  >  2009  >  N°11/12, 30 mars 2009  >  Pas d’argent pour le peuple, mais des billions pour les banques et la guerre [Imprimer]

Pas d’argent pour le peuple, mais des billions pour les banques et la guerre

Le nouveau budget des Etats-Unis

par Michel Chossudovsky

hd. Nous publions ci-dessous des pas­sages essentiels tirés d’un long article d’actualité de Michel Chossudovsky, professeur en économie à l’Université d’Ottawa. Le texte original anglais a été publié le 2 mars sur www.global­research.ca et la version intégrale française le 23 mars sur www.mondialisation.ca.

Les priorités mentionnées dans le plan économique du président Obama sont la santé, l’éducation, l’énergie renouvelable, l’investissement dans les infrastructures et le transport. Au premier plan figure «une éducation de qualité» … A première vue, la proposition budgétaire a toutes les apparences d’un programme expansible, d’un «Second New Deal» axé sur la demande, la création d’emploi, la restauration des programmes sociaux démolis et la relance de l’économie réelle. […]
Afin d’atteindre les objectifs en cause, une hausse significative des dépenses publiques destinées aux programmes sociaux (incluant la santé, l’éducation, le logement et la sécurité sociale) ainsi que l’adoption d’un programme d’investissement public à grande échelle seraient nécessaires. Des changements considérables dans la structure des dépenses publiques seraient également requis, comme le retrait d’une économie de guerre impliquant l’abandon des dépenses liées au militarisme en faveur des programmes publiques.
En vérité, il s’agit de la réduction la plus radicale des dépenses publiques de l’histoire des Etats-Unis, menant à la dévastation sociale et à l’appauvrissement potentiel de millions de personnes.
L’espoir de Barack Obama sert largement les intérêts de Wall Street, des entrepreneurs œuvrant dans la défense et des conglomérats du pétrole. En revanche, les «sauvetages» bancaires de MM. Bush et Obama conduisent les Etats-Unis dans une crise accélérée de la dette publique et les bouleversements économiques et sociaux qu’ils provoquent sont potentiellement dévastateurs.
Soumis au Congrès le 26 février 2009, le budget du président Obama envisage des dépenses de 3,94 billions [3940 milliards] de dollars pour l’exercice financier 2010 (débutant le 1er octobre 2009), une hausse de 32%. Selon les estimations préliminaires de l’Office of Management and Budget, les revenus totaux pour ce même exercice sont de l’ordre de 2,381 billions [2381 milliards] de dollars.
Le déficit prévu (selon le discours du président) atteint les 1,75 billion [1750 milliards], soit presque 12% du produit intérieur brut (PIB) américain. […]


Les «sauvetages bancaires» (impliquant plusieurs initiatives financées par les impôts) constituent une composante des dé­penses gouvernementales. Ces renflouements, à la fois ceux de MM. Bush et Obama, sont des «cadeaux» aux principales institu­tions financières et ne serviront pas à relancer l’économie. Au contraire: ces sauvetages contribuent à financer la restructuration du système bancaire ayant pour effet de concentrer la richesse et centraliser le pouvoir bancaire. […]
Pour leur part, les élites financières consacreront ce volume important de liquidités (paper wealth ou richesse de papier) et les milliards de dollars amassés par le biais de transactions spéculatives au rachat de compagnies dans l’économie réelle (transport aérien, industrie automobile, télécommunica­tions, médias, etc.) et dont la valeur boursière a dégringolé.
Essentiellement, un déficit budgétaire (combiné à des réductions massives dans les programmes sociaux) est nécessaire au financement de ces «dons» aux banques, des dépenses liées à la Défense et du renforcement de la présence militaire au Moyen-Orient. Le budget Obama projette ce qui suit:
1.    Des dépenses militaires de 534 milliards pour l’année 2010, 130 milliards de crédits supplémentaires pour l’exercice 2010 destinés aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, ainsi que 75,5 milliards de plus dédié au financement d’urgence à la guerre pour le reste de l’exercice 2009. Les dépenses militaires et la guerre au Moyen-Orient, combinées aux divers budgets additionnels, sont (officiellement) de l’ordre de 739,5 milliards. Toutefois, certaines estimations des agrégats de la Défense et autres dépenses connexes s’élèvent à plus d’un billion de dollars.
2.    Un sauvetage financier d’une valeur de 750 milliards annoncé par M. Obama additionné aux 700 milliards déjà alloués par l’administration sortante de George W. Bush en vertu du Troubled Assets Relief Program (TARP) ou Plan de sauvetage des actifs à risque. La somme astrono­mique de ces deux programmes réunis s’éleve à 1,45 billion [1450 milliards] de dollars, financés par le Trésor. Il y a lieu de mentionner que le montant réel «d’aide» financière aux banques est considérablement plus élevé que 1,45 billion.
3.    Le paiement en 2010 des intérêts nets de 164 milliards sur la dette publique non réglée, selon l’Office of Management and Budget. […]

Le déficit budgétaire

Ces trois catégories de dépenses (Défense, sauvetage bancaire, intérêts sur la dette) engloutiront pratiquement la totalité des revenus gouvernementaux de 2010 s’élevant à 2381 milliards de dollars.
En outre, à titre de comparaison, tous les revenus accumulés par l’impôt fédéral sur le revenu des particuliers (1061 milliards, EF 2010), c’est-à-dire toutes les sommes payées par les particuliers à travers les Etats-Unis sous forme d’impôts, ne suffiront pas à financer les «cadeaux» aux banques, lesquels atteignent 1,45 billion [1450 milliards]. Ce montant inclut les 700 milliards (alloués durant l’EF 2009) en vertu du TARP, ainsi que les 750 milliards octroyés par l’administration Obama. […]
Mais le TARP n’est en fait que la pointe de l’iceberg. Avant que Barack Obama n’entre en fonction, une panoplie d’autres alloca­tions ont été ajoutées aux 700 milliards. En novembre, le plan de renflouement du gouvernement fédéral était évalué à un montant exorbitant de 8,5 billions, ce qui équivaut à plus de 60% de la dette publique américaine estimée à 14 000 milliards (2007).
Entre-temps, selon la proposition du budget Obama, 634 milliards de dollars sont alloués à un fonds de réserve pour financer des soins de santé universels. De prime abord, cela semble être un gros montant. Il sera toutefois dépensé sur une période de 10 ans: cela signifie un modeste engagement annuel de 63,4 milliards.
Afin de réduire la montée en flèche du déficit budgétaire, on sabrera les dépenses publiques. Non seulement les programmes de santé et d’éducation demeureront largement sous-financés, ils seront réduits considérablement, réorganisés et privatisés. Cela conduira probablement à la privatisation absolue des services publiques et à la vente d’actifs étatiques, incluant les infrastructures pu­bliques, les services urbains, les autoroutes, les parcs nationaux, etc. La débâcle fiscale mène à la privatisation de l’Etat.
La crise fiscale est également exacerbée par la réduction des recettes fiscales découlant du déclin de l’économie réelle. Ni les travailleurs au chômage ni les entreprises en faillite ne paient d’impôts. Il s’agit d’un processus cumulatif. La solution à la crise fiscale devient alors la cause d’un effondrement additionnel.
Le Trésor est-il en mesure de financer ce déficit budgétaire grandissant se chiffrant à 1,75 billion [1750 milliards] de dollars par l’émission de bons du Trésor et d’obligations gouvernementales?
Le plus grand déficit budgétaire de l’histoire des Etats-Unis se conjugue au plus bas taux d’intérêts de son histoire. Le tout combiné au taux d’escompte «près de zéro» pour cent de la Réserve fédérale (Fed), assujettit les marchés pour les obligations gouvernementales et les bons du Trésor libellés en dollars américains. […]
Qui désire investir dans la dette gouvernementale américaine? Quelle est la demande pour des bons du Trésor à des taux d’intérêts excessivement bas? […]
Le marché pour les instruments de créance libellés en dollars américains est poten­tiellement au point mort. Cela signifie que le Trésor n’a pas la capacité de finan-
cer ce déficit budgétaire colossal en exploitant la dette publique, ce qui plonge ainsi tout le processus budgétaire dans l’embar­ras. […]
Les médias dominants suggèrent que l’on procède à la nationalisation des banques, conséquemment au TARP. Or, c’est exactement le contraire qui se produit: les banques sont en train de s’emparer de l’Etat, on privatise l’Etat. L’instauration d’un système financier unipolaire mondial fait partie d’un projet plus ambitieux des élites financières de Wall Street, visant à jeter les bases d’un gouvernement mondial.    •

Source: www.mondialisation.ca du 23/3/09

Importante opposition au Sommet de l’OTAN qui aura lieu en Allemagne et en France

Les criminels de guerre des gouvernements des Etats membres de l’OTAN vont être confrontés à leurs actes

km. Les 3 et 4 avril prochains, l’OTAN fêtera ses soixante ans d’existence à l’invitation des gouvernements allemand et français à Baden-Baden, Kehl et Strasbourg.
En 1949, l’année de sa fondation, l’OTAN se donnait de nobles objectifs: elle voulait être une alliance purement défensive et agir dans le cadre de la Charte des Nations Unies. A l’époque déjà, c’était pour certains membres de l’OTAN une déclaration faite du bout des lèvres. En 1991, l’Alliance a complètement abandonné cet objectif lorsque le Pacte de Varsovie a été dissous et que l’OTAN a à vrai dire perdu sa raison d’être.
Il y a dix ans, lors de la guerre d’agression, contraire au droit international, contre la République fédérale de Yougoslavie, l’OTAN a radicalement rompu avec son propre texte au nom d’intérêts effrénés de grandes puissances. Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres se sont donné en pleine guerre un semblant de légitimité en adoptant un nouveau concept stratégique qui n’est plus compatible avec la Charte. La Chancelière allemande se moque du monde quand elle déclare avant ce sommet que l’OTAN doit se rapprocher de l’ONU. C’est pour nous un signal d’alarme.
La guerre contre l’ex-Yougoslavie constituait à bien des égards une violation du droit international et un crime. En tant que guerre d’agression, c’était un crime contre la paix («Principes de Nuremberg») et dans la mesure où ont été utilisées des armes à l’uranium appauvri ainsi que des armes nucléaires – ce que montrent les résultats de recherches récentes (cf. page 3) – un crime contre le droit international humanitaire. Les 3 et 4 avril se réunissent à Baden-Baden, à Kehl et à Strasbourg des politiciens et des militaires qui normalement devraient répondre de leurs actes devant la Cour pénale internationale de La Haye.
Mais les bellicistes de l’OTAN ne veulent même pas que l’on puisse manifester sous leurs yeux. Comme les années précédentes, les lieux de réunion seront hermétiquement bouclés si bien que les citoyens ne pourront pas faire usage de leurs droits et qu’ils doivent s’attendre à des provocations.
Les nombreuses protestations élevées à l’occasion de ce sommet (p. ex. l’International Coordinating Committee Anti-Nato-Protest qui diffuse des indica­tions précises sur les manifestations) montrent qu’il y a énormément de personnes qui s’opposent publiquement aux guerres menées par l’OTAN.
Il faudra confronter les gouvernements des pays membres de l’OTAN avec les crimes de guerre qu’ils ont commis depuis 1999 et commettent aujourd’hui encore en Afghanistan.