Emprunts d’Etat allemands dans le portefeuille de la Banque nationale suissepar Hans Kaufmann, conseiller nationalSelon le spécialiste en politique financière Hans Kaufmann, de nombreux emprunts d’Etat allemands figurent dans le portefeuille de la Banque nationale suisse. L’Allemagne fait comme si les taux d’intérêt peu élevés en Allemagne relevaient de son mérite, voire étaient la conséquence d’une politique financière exemplaire, comme si l’Allemagne n’avait pas besoin de quantitative easing, c’est-à-dire de ventes d’emprunts d’Etat par sa banque centrale, en l’occurrence par la Banque centrale européenne (BCE). Des placements en devises unilatérauxDans son rapport sur les 9 premiers mois de l’année, la BNS écrit que les placements en devises s’élevait fin septembre 2010 à 216 milliards de francs (fin 2009: 95 milliards de francs). 55% sont placés en euros, ce qui équivaut à une somme de 119 milliards de francs. 83% de tous les placements en devises, soit 179 milliards de francs, sont constitués d’emprunts d’Etat. Des engagements gigantesquesCette somme est entre 30 et 50% plus élevée que le budget de la Confédération en 2010. Elle correspond aussi à 80% de la dette brute de 111 milliards de francs fin 2009. Il s’agit ici dans la perspective suisse d’engagements gigantesques et de gros risques problématiques en faveur de l’Allemagne. La Suisse, investisseur de tailleLa Suisse est même probablement le plus gros investisseur individuel. Si l’on compare cette somme de 65 milliards d’euros avec le déficit de 2009 de 34 milliards – ou avec les résultats provisoires des neuf premiers mois présentant un solde de financement négatif du budget fédéral de 49 milliards d’euros – on constate que les achats d’emprunts d’Etat de la BNS couvriraient environ 75% de ce déficit de 2009/2010. Question d’une brûlante actualitéCes engagements gigantesques sont d’une brûlante actualité politique. C’est pourquoi la BNS devrait à l’avenir informer sur ses engagements auprès d’autres Etats de manière détaillée et préciser s’ils ont eu lieu anonymement par le biais des marchés de capitaux ou sur la base d’accords politiques. Sans cette transparence, un sentiment de malaise naîtra dans l’opinion publique. Jusqu’à épuisement des fonds propresDes 52 milliards de francs de fonds propres fin octobre, 19 représentent des provisions pour la distribution à la Confédération et aux cantons, si bien que le capital «disponible» s’élève à 33 millions, c’est-à-dire à 11,7% du total des actifs de 281 milliards de francs. Engagements considérablesLe Conseil fédéral est d’avis que la BNS pourrait continuer à accomplir sa mission financière à court terme en étant surendettée, mais qu’elle devrait prendre des mesures pour reconstituer son capital propre. La BNS n’a pas toujours eu la main heureuseUne chose est sûre: la BNS n’a pas toujours eu la main heureuse avec ses placements de capitaux ces dernières années. Ainsi, elle a vendu, entre 2000 et 2005, 1300 tonnes d’or pour un montant de 16 241 francs le kilo, ce qui correspondait à un profit total de 21,1 milliards de francs. Cet article a paru sous le titre «Schweiz stützt deutsche Regierung mit Milliarden» sur le site: |