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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2008  >  N°4, 28 janvier 2008  >  A l’instar d’Hitler, mise en branle de la planche à billets aux Etats-Unis [Imprimer]

A l’instar d’Hitler, mise en branle de la planche à billets aux Etats-Unis

Accélération de l’inflation dans le monde

par William A. M. Buckler , The Privateer, Australie

gr. Dans son article, William Buckler décrit les mécanismes fondamentaux du système économique mondial. Ce système permet à une petite élite financière de privatiser des bénéfices astronomiques alors que les pertes sont «socialisées» et doivent donc être assumées par la collectivité. Les mesures visant à résoudre la crise du crédit (programme conjoncturel, facilités fiscales, accroissement de la masse monétaire, octroi de fonds, transformation en monnaie de pertes et de défaillances bancaires par les banques centrales) servent surtout à préserver les grandes banques, les assureurs de risques et les hedge fonds des conséquences de leurs affaires frisant l’escroquerie. Les citoyens en paient la facture sous la forme d’une inflation galopante, qui provoque une nouvelle répartition gigantesque du patrimoine entre pauvres et riches. Dépourvue de valeur, la monnaie de papier afflue chez les citoyens, les valeurs réelles se concentrant dans les banques d’affaires et les hedge fonds. On cherche à protéger un secteur financier complètement séparé de l’économie réelle. Depuis longtemps, l’obligation s’impose de revenir à une économie honnête et de protéger une classe moyenne saine et productive d’un capitalisme prédateur, qui menace de détruire les bases vitales de l’humanité ainsi que l’Etat de droit. Fait réjouissant, les signes s’accumulent que de nombreux pays d’Asie, mais aussi d’Europe, sont de moins en moins disposés à croire aux promesses du secteur financier mondial et cherchent à se distancer de son système d’exploitation.

Les prix à la consommation montent dans le monde entier. Si la vitesse de la hausse diverge d’un pays à l’autre, la montée est en soi universelle. A l’avenir, les prix s’élèveront encore bien davantage.

Sauvegarde du savoir par l’emploi de notions appropriées

A l’origine de ces événements mondiaux futurs figure un attrape-nigaud conçu en 1936 par Lord Keynes, qui a fait passer la notion d’inflation de l’accroissement de la masse monétaire en circulation aux prix.
Selon Keynes, il n’y aurait pas d’inflation si les prix ne montaient pas. Il n’y aurait inflation que si l’on constate que les prix des biens, exprimés en monnaie, s’élèvent. Cette astuce a fait passer l’attention de la cause économique au symptôme. L’attention a été détournée de l’accroissement de la masse monétaire, qui est partout et toujours la cause réelle de la hausse des prix exprimée en monnaie. Depuis plus de trois générations, les gouvernements et les banques centrales ont accru la masse monétaire en circulation et ont tenté en vain, simultanément, d’entraver les effets économiques de l’inflation qu’ils ont suscitée. Ils ont institué des contrôles de prix, des rationnements, des réglementations supplémentaires, des majorations d’impôts et même des subventions pour faire baisser quelques prix élevés. Constatant l’inanité de ces efforts, ils se sont mis à falsifier les comptes en passant sous silence toutes les hausses de prix désagréables.
Il va de soi que l’on ne peut modifier un effet qu’en changeant sa cause. Telle est la base de la première loi de causalité – la loi de la cause et de l’effet. Si l’on ne veut pas que les prix exprimés en monnaie s’élèvent, il faut surtout éviter que la masse monétaire augmente.
La seule définition valable de l’inflation est l’accroissement de la masse monétaire. La déflation est une diminution de la masse monétaire. C’est aussi simple que cela.

Théorie et histoire de la monnaie stable de Ludwig von Mises

«Il n’est pas possible de comprendre l’idée de la monnaie stable sans reconnaître qu’elle a été créée comme protection des libertés individuelles contre les empiétements de gouvernements despotiques. Idéologiquement, elle fait partie des mêmes catégories que les constitutions et les déclarations des droits de l’homme.
Le besoin de garanties constitutionnelles et de déclarations de droits de l’homme a été une réaction contre l’arbitraire et le mépris de vieilles coutumes auxquels se sont livrés les rois. Initialement, l’exigence d’une monnaie stable est une réponse à la pratique de certains princes tendant à dévaluer leur monnaie. Cette exigence a été minutieusement élaborée et perfectionnée à une époque à laquelle les expériences faites avec la monnaie continentale américaine, avec le papier-monnaie de la révolution française et avec les limitations britanniques d’importations nous ont appris ce qu’un gouvernement peut faire subir au système monétaire d’une nation.» Cette réaction a suscité le siècle des lumières et … le régime classique de l’étalon-or.

Le régime classique de l’étalon-or

Le principal atout du régime classique de l’étalon-or est qu’il retire le pouvoir d’achat de la monnaie du contrôle du gouvernement, des banques et de la banque centrale. Ce régime forme une partie essentielle de l’ensemble du concept de limitation de la puissance gouvernementale. Dans la constitution des Etats-Unis par exemple, toute compétence du gouvernement fédéral est mentionnée explicitement, le nombre de ces compétences étant donc limité. Par ailleurs, le gouvernement n’a aucune compétence. S’il agit en dehors des compétences qui lui ont été réservées, il viole la constitution. En dehors des compétences de la puissance gouvernementale limitée, le régime classique de l’étalon-or est le moyen économique réel par lequel toute personne vivante – homme, femme ou enfant – tient en mains son propre pouvoir d’achat sous la forme de monnaies d’or, hors d’atteinte de tout gouvernement.

Nature politique des pièces d’or

Les pièces d’or sont anonymes. Tout ce ­qu’elles contiennent, c’est la frappe, sur les deux côtés, qui indique leur qualité, leur pureté et leur quantité d’or d’après son poids. Seuls ces éléments permettent aux deux parties procédant à l’échange d’une pièce d’or de préserver leur sphère privée économique. Cette sphère privée n’est pas assurée par une «monnaie» de papier qu’imprime un gouvernement. Tous les billets de banque s’identifient par leur numéro de série.
L’échange est une condition de la liberté. Moyen d’échange, la pièce d’or garantit la liberté de l’individu. Lord Acton a caractérisé clairement la valeur de la liberté: «La liberté n’est pas le moyen de parvenir à un objectif politique. Elle est elle-même le but politique suprême.» Ludwig von Mises décrit élégamment le point principal du libéralisme classique: «Le concept de libéralisme commence par la liberté de l’individu. Il s’oppose à la domination de quelques personnes sur d’autres; il ne connaît ni peuples dominateurs, ni peuples vassaux et ne distingue pas non plus, dans le pays, les maîtres et les serviteurs.» La monnaie sous forme de pièces d’or assure une telle situation.

Le contraire de la liberté et de la monnaie d’or

C’est la philosophie de Benito Mussolini: «Tout pour l’Etat, rien en dehors de l’Etat, rien contre l’Etat.»
En fait, Mussolini était un homme particulièrement intelligent, abstraction faite de ses excès opérationnels. Il précisait sa politique par l’expression de «l’Etat total.» ­Mussolini était donc le père de la notion connue ultérieurement sous le nom de totalitarisme. Il n’en faisait pas un secret dans ses discours: «Où le libéralisme classique parle d’individualisme, le fascisme parle de pouvoir gouvernemental.» A la suite de cette déclaration, les libertés individuelles ont disparu d’Italie après son accession au pouvoir, car la liberté individuelle implique de pouvoir vivre sans quelque contrainte que ce soit exercée par le gouvernement. La notion de liberté sociale n’étend celle de liberté individuelle qu’en excluant la contrainte par rapport à toutes les autres personnes et non seulement par rapport à l’Etat. S’il ne reste plus que l’Etat, aussi bien la liberté individuelle que la liberté sociale disparaissent. La manière la plus grossière d’y parvenir consiste, pour un gouvernement, à obliger les citoyens à accepter, par des lois monétaires adoptées à cette fin, n’importe quels bouts de papiers couverts de chiffres et nommés «monnaie». Par la suite, ce gouvernement s’emparera de la propriété privée du peuple et aura le toupet d’affirmer que le peuple aura non seulement été payé par cette «monnaie», mais qu’il aura perçu un revenu qu’il convient de taxer.
Thomas Paine l’a compris le mieux: «Il y a deux catégories d’hommes. Ceux qui payent des impôts et ceux qui en vivent.» John ­Bright, rendu célèbre par la ligue britan­nique contre la loi sur les grains, a toujours prétendu qu’il s’agissait de la lutte entre les contribuables et ceux qui vivent de la perception d’impôts.
Dans trois livres, à savoir «Geldtheorie und Konjunkturtheorie» [Théories monétaire et conjoncturelle], «Preise und Produktion» [Prix et production] et «Monetärer Nationalismus und internationale Stabilität» [Nationalisme monétaire et stabilité internationale], Friedrich von Hayek s’est penché sur la question il y a plus d’un demi-siècle. Il a aussi consacré son ouvrage immortel intitulé «Der Weg zur Knechtschaft» [La voie de la servitude] à la direction politique que nous suivons. Actuellement, la plupart des Etats souffrent d’une hausse rapide des prix à la consommation et d’une récession simultanée, voire d’une dépression. Il faut attribuer cette évolution au fait que les connaissances économiques et politiques susmentionnées ont été ignorées pendant des années. Elles ne sauraient être ignorées davantage.

Le cycle conjoncturel

Le cycle conjoncturel qui se répète a été découvert vers la fin du XVIIe siècle dans l’Angleterre qui commençait son industrialisation. On a constaté alors que l’économie productive réelle passait, à intervalles irréguliers, par des phases d’essor, puis de déclin. Des observateurs de l’époque se sont demandé quelles en étaient les causes. L’école monétaire britannique, dirigée par Lord Overstone, a trouvé la réponse.
Elle a constaté qu’un essor conjoncturel était toujours précédé de nouveaux octrois de crédits par les banques, qui pénétraient dans le système financier sous la forme de nouveaux moyens de paiement, monnaie supplémentaire empruntée. Effectivement, un accroissement du crédit dans le système bancaire a toujours précédé un essor conjoncturel. Aujourd’hui, nous dirions que le cycle du crédit précède toujours le cycle conjoncturel et se développe parallèlement, jusqu’à ce qu’il se réduise quelque peu et que les nouveaux octrois de crédits se réduisent. Avec un léger retard, le cycle conjoncturel s’affaiblit alors aussi. Puis l’économie générale entame une récession ou se trouve déjà en récession.

La signification des prix, du crédit et des taux d’intérêt

La notion de crédit est facile à comprendre. La définition en est «biens actuels contre biens futurs».
Le preneur de crédit peut obtenir des biens disponibles actuellement après s’être procuré l’argent qui lui permettra de les acheter. Après quoi il sera tenu de rembourser le crédit du bailleur de fonds avec ses propres biens à une date future que l’on aura convenue. A ce point, les taux d’intérêt entrent en jeu. Conformément à l’expérience humaine, une pomme que les hommes sont disposés à acheter aujourd’hui contre de l’argent sera évaluée à un niveau ­supérieur à celui d’une pomme à l’avenir, dans un an par exemple. Il en résulte que la pomme future a une valeur inférieure. Cette déduction est le taux d’intérêt.
Si, par exemple, des pommes devant être vendues sont évaluées à 100 unités monétaires et que les gens sont disposés à payer 100 unités par pomme, l’évaluation des pommes et leur prix coïncident. La situation est différente lorsque la pomme doit être livrée dans un an. Cette pomme future sera peut-être évaluée à 90 unités. La déduction relative à la livraison future se monte à 10 unités monétaires. Le même principe s’applique au passage de pommes à de l’argent. Les gens attribuent à l’argent futur une valeur inférieure à l’argent qu’ils ont en mains, car ils ne peuvent pas dépenser l’argent futur aujourd’hui. Pour tout argent futur, on procède donc à une déduction comme pour les pommes futures. Les prix exprimés en argent sont toujours le rapport par lequel de l’argent est échangé contre des biens actuels. Sept unités monétaires s’échangent contre le bien A, sept mille contre le bien B, etc. Une autre condition de l’échange de marchandises contre de l’argent est que l’acheteur attache davantage de valeur au bien qu’à la somme d’argent qu’il remet et que le vendeur attache davantage de valeur à l’argent qu’il reçoit qu’au bien qu’il remet à l’acheteur.
A défaut, il n’y aura ni vente ni échange. L’acheteur potentiel considérerait le prix comme trop haut et différerait l’achat, alors que le vendeur considérerait la somme d’argent comme trop faible et différerait la vente. En fait, c’est la différence entre l’évaluation de l’acheteur et celle du vendeur qui provoque l’échange. Il en va de même de l’échange d’argent actuel et d’argent futur. Si l’exemple de la déduction future de 100 à 90 dans le cas de la pomme est reporté dans le domaine de l’argent actuel et futur, il s’exprime sous la forme d’un taux d’intérêt de 11,1 % par an. Les preneurs de crédit potentiels pour lesquels 111 unités monétaires dans un an ont moins de valeur que 100 unités aujourd’hui considéreront cela comme l’occasion d’emprunter de l’argent. C’est le truc fondamental des banques. Elles offrent du crédit à un taux inférieur à la déduction future de nombre de preneurs de crédit potentiels.
Quand des banques centrales sujettes aux directives de leur gouvernement prennent le pouvoir, elles peuvent provoquer un accroissement supplémentaire du crédit en mettant des réserves à la disposition des banques. Ce qui permet à celles-ci d’abaisser encore leurs taux d’intérêt et de mettre en marche le cycle du crédit et le cycle conjoncturel. Plus on y procède, plus se rapproche l’effondrement économique. Telle est la situation tragique dans laquelle se trouve le monde.

Un monstre: la machinerie du crédit aux Etats-Unis

Un monstre monétaire hante le monde. Il s’agit d’une énorme production de crédit qui provient des Etats-Unis, en raison des nombreux bailleurs de crédit dans le système financier américain. On peut l’observer en lisant attentivement le rapport sur les flux de fonds au troisième trimestre publié par le Federal Reserve System des Etats-Unis ou Fed [institut d’émission des Etats-Unis]. En passant, la Fed y informe le monde ou la partie du monde qui se donne la peine de lire ce rapport que le crédit total a augmenté, pendant la période examinée, à un rythme annuel de USD 4,99 billions. Or cette génération de crédit de USD 5 billions pratiquement correspond à une croissance annualisée du PIB juste inférieure à USD 14 billions. Si cet accroissement du crédit ayant échappé à tout contrôle était stoppé subitement, le PIB serait réduit à 64,2 % de sa valeur nominale actuelle. L’an passé, le crédit bancaire aux Etats-Unis a augmenté de près de 12 %. Les prêts accordés au commerce et à l’industrie se sont accrus de presque 21 %. Il n’est donc pas surprenant que l’indice des prix à la consommation ait reflété une inflation de 4,3 % au mois de novembre. Pendant les onze premiers mois de 2007, les prix des denrées alimentaires et des boissons non alcooliques sont montés de 4,7%. Tel est l’effet de l’inflation, dont certains affirment qu’il s’agit de l’inflation elle-même. Le résultat de cet accroissement du crédit est l’emploi du capital interne des Etats-Unis. C’est ce qui se passe en ce moment précis.

Le prix à payer, en dollars des Etats-Unis

Par rapport à la plupart des monnaies étrangères, le cours du dollar a baissé dramatiquement. Au cours de l’an passé, il est descendu de 12 % face à l’euro, de 7 % envers le yen, de 8 % par rapport à la livre, de 15 % face au dollar canadien et de 10 % envers le franc suisse. Cette diminution de la valeur internationale du dollar se répercute sur les prix que l’économie des Etats-Unis doit payer pour ses importations. A la fin de 2007, les prix à l’importation étaient montés de 11,4 % aux Etats-Unis. Les prix des produits domestiques se sont élevés également. L’an passé, l’indice des prix à la production est monté de 7,2 % et a contribué à l’accélération de la hausse des prix à la consommation aux Etats-Unis.

L’or, sentinelle permanente

En USD, le prix de l’or est monté de 31,8 % en 2007; c’était la hausse annuelle la plus forte depuis 1979 et la septième croissance annuelle consécutive. C’est ici que l’on voit la force de l’or en mains du secteur privé pendant l’inflation et l’expansion du crédit. Au cours du premier jour boursier de 2008, le prix de l’or est monté à USD 860 l’once.

Ce que vous verrez bientôt à la caisse de votre magasin

Prise ici comme synonyme de hausse des prix, l’inflation s’accélère dans le monde entier. L’an passé, le prix du froment s’est élevé de 77 %. Celui de la sève de soja a renchéri de 79 %, atteignant de nouveau son cours de 1973. Le prix du maïs est monté de 16 % en 2007, après une hausse de 80 % l’année précédente. Près de 25 % de la récolte annuelle de maïs est affectée à la production de bio-carburants, de méthanol par exemple. Il en est résulté notamment que le prix des tortillas a doublé à Mexico City, ce qui a provoqué des manifestations de masses.
Pour prouver que les stupidités économiques actuelles sont corrigées par des folies économiques, le gouvernement du Mexique a subventionné immédiatement les producteurs de tortillas afin de maintenir les prix bas. Ce faisant, il a oublié complètement que c’étaient les subventions accordées antérieurement aux producteurs de méthanol et aux paysans producteurs de maïs qui avaient aiguillé environ 25 % de la récolte globale de maïs vers la production de carburant. Toutefois, les subventions ont encore une autre conséquence économique: si elles sont financées honnêtement et complètement par le gouvernement, elles provoquent une majoration d’impôts.
Mais si les charges économiques véritables engendrées par les subventions sont «payées» malhonnêtement par une expansion de la masse monétaire et/ou par un nouvel accroissement du crédit – le gouvernement empruntant de l’argent et stimulant l’économie par un déficit budgétaire – les véritables ­charges n’apparaîtront qu’ultérieurement, lorsque des prix à la consommation encore plus élevés devront être payés à la caisse.
Exprimé en USD, le prix de l’huile lourde est monté de 59 % l’an passé. Le prix du mazout s’est élevé de 62 %, celui de l’essence de 54 % et celui du gaz naturel de 17 %. Les Américains payent maintenant ces prix supérieurs et, au moment où l’expansion du crédit aux Etats-Unis a dépassé le stade de l’hystérie, tous ces prix vont certainement encore monter. Comme le revenu de la plupart des Américains n’a pas – et de loin – augmenté autant, l’effet réel est que les Américains sont plus pauvres qu’auparavant.

Submersion du monde par une vague d’USD

L’expansion interne durable du crédit aux Etats-Unis dirige des flux d’USD dans le reste du monde par le biais du déficit de la balance commerciale et de la balance des paiements courants, ce dernier atteignant USD 860 milliards par année. Cette évolution se reflète particulièrement dans l’augmentation massive des détentions d’USD de la plupart des autres banques centrales dans le monde. Durant les neuf premiers mois de 2007, les réserves de la Chine ont progressé de 45 % pour atteindre USD 949 milliards. Les réserves russes ont augmenté de 56 % l’an passé, à USD ­466 milliards. En soi, la masse de ces «réserves» est remarquable. Elle provient du fait que la plupart des autres banques centrales du monde tentent désespérément de juguler l’invasion d’USD qui déferle dans leur système monétaire. Lors de ces opérations, les «réserves» en USD de ces autres banques centrales augmentent presque dans les mêmes proportions. La progression de ces réserves est encore plus remarquable en ­valeur relative.
Ne regardez pas le niveau,
tenez compte des augmentations!
Considérez l’accroissement énorme des «réserves» de ces banques centrales: Chine 45 %, Russie 56 %, Inde 56 %. A l’exception de la zone euro, c’est un phénomène mondial dans toutes les banques centrales du monde que d’accumuler les «réserves» à l’instar des trois pays susmentionnés et à un rythme plus ou moins rapide.

Dans le monde, il faut vous attendre à ce qui suit

Durant l’année en cours, nous pourrons informer nos abonnés disséminés dans le monde qu’une grande banque centrale ou un groupement de ces banques refuse de continuer à acheter des USD. A ce moment, la valeur de l’USD s’effondrera. Il sera intéressant de considérer ses pirouettes après la première chute. Lors de cet événement, le krach de l’USD renforcera considérablement les doutes mondiaux au sujet de la valeur effective du papier-monnaie non couvert et de la sécurité des placements dans les banques de ces pays et dans leurs institutions financières.
Le chaos règnera alors. Toutes les notions économiques susciteront des doutes et la valeur de la monnaie sera très aléatoire. De plus en plus de gouvernements désespérés tenteront les actions les plus incertaines afin de résoudre les problèmes internes de leur économie. A un certain point, une nation ou un groupement de nations se résoudra à l’inévitable, lorsqu’il sera évident qu’il n’y a pas d’autre option que de retourner à la monnaie réelle stable.
Cela n’aura probablement pas lieu en 2008, mais cela aura lieu – comme cela a toujours eu lieu dans l’histoire.     •

Source: The Privateer, volume 2008, numéro 594
(Traduction Horizons et débats)

Le dernier pilier des USA, l’économie, s’écroule

Le premier jour de cotation 2008 aux USA a commencé par un coup de tonnerre ­lorsque l’Institut de gestion des approvisionnements a fait savoir que son indicateur de la production américaine était tombé à son niveau le plus bas depuis 5 ans. L’indice de la production a chuté à 47,7, niveau le plus bas depuis 2003. La suffisance de Wall Street en a pris un coup et les actions américaines ont plongé. De leur côté, les prix des matières premières mondiales sont montés en flèche. Le baril de pétrole a atteint les 100 dollars tandis que le prix de l’or à terme a augmenté de 22 dollars à 860 dollars et que l’ensemble des céréales globales renchérissait. Il est certain que les prix de l’alimentation vont augmenter dans le monde entier. La récession américaine frappe le commerce et le dernier pilier de la présidence Bush s’écroule. Le PIB américain, qui avait atteint un taux annualisé incroyable de 4,9 % au troisième trimestre devrait être tombé à 1,0 % ou moins au quatrième trimestre de 2007. Bien entendu, personne, à Wall Street, n’envisage un PIB négatif pour l’année. Ce serait la récession!
Les bénéfices des sociétés, sans parler des secteurs bancaire et financier américains qui sont plongés dans le rouge, vont chuter. Puis ce sera le tour du marché boursier. Le Dow Jones aura un retard à rattraper en matière de chute des cours.
L’économie réelle américaine décline depuis plusieurs trimestres déjà.

Les échecs de la politique américaine dans le monde

L’assassinat de Benazir Bhutto a déstabilisé toute la situation militaire américaine au Moyen-Orient. Le Pakistan a une population de quelque 160 à 170 millions d’habitants. Il possède des armes nucléaires comprenant entre 60 et 70 ogives opérationnelles. Le bruit court que les Forces spéciales américaines se prépareraient à se poser éventuellement sur les 10 ­à 14 arsenaux nucléaires afin d’essayer de les «sécuriser» si le Pakistan sombre dans le chaos. La question stratégique absolument pas résolue est de savoir si les forces armées pakistanaises vont accueillir les Américains en amis et se laisseront désarmer ou si elles s’opposeront à eux par les armes.
Si l’Armée américaine n’arrive pas à pacifier l’Irak, qui ne compte que ­26 millions d’habitants ni à intimider l’Iran avec ses 75 millions d’habitants et ses forces armées importantes et intactes, il n’y a aucun espoir qu’elle réussira à faire face, stratégiquement, à une explosion du Pakistan. Et avec la Turquie qui bombarde le territoire kurde du nord de l’Irak, tout le croissant musulman qui va de la Turquie à la frontière de l’Inde avec le Pakistan pourrait s’enflammer à plusieurs endroits en même temps, déclenchant une guerre générale, avec les Etats-Unis au milieu.

Une dette de plus de 9,2 billions

Selon le Haut Commissaire des ­Nations Unies aux réfugiés, il y a plus de 2,3 ­millions de personnes déplacées à l’intérieur de l’Irak et plus de 2,3 millions d’Irakiens qui ont fui le pays. Si l’on considère que selon toutes les estimations fiables, le nombre d’Irakiens qui ont été tués ou qui sont morts depuis le début de l’invasion américaine s’élève à 1 - 1,3 million, on peut dire que le président Bush est responsable d’un carnage.
Budgétairement, la présidence Bush est largement au-delà de toute possibilité de sauvetage. En effet, elle a augmenté de 4 billions la dette consolidée du Trésor, la portant à plus de 9,2 billons. Du point de vue monétaire, le président Bush est responsable de la destruction de la valeur internationale du dollar et d’autres baisses auront certainement lieu cette année.
Economiquement, il a favorisé une extension du crédit, laquelle se poursuit. Elle dépasse en ampleur tous les précédents historiques. Les pertes résultant du cycle boom-faillite induit par les mauvais crédits retire le capital des banques américaines et d’autres institutions de prêt hypothécaire. Ces pertes ne font que commencer. On peut s’attendre à ce qu’une grande institution financière américaine dépose le bilan.
En 8 ans seulement, le président Bush a fait d’un modèle global un pays pauvre.

Source: The Privateer, No 594 (janvier 2008)
(Traduction Horizons et débats)

La guerre monétaire transatlantique commence dans l’UE

Tout a commencé par un important choc monétaire le mardi 18 décembre lorsque la Banque centrale européenne (BCE) a effrayé les investisseurs du monde entier en injectant la somme record de ­348,6 milliards d’euros sur les marchés européens.

Le tournant à 180 degrés de la BCE

Peu après, la BCE a effectué un tournant à 180 degrés de nature à effrayer la Fed. Par sa mesure initiale, la BCE s’assurait que le système de paiement en euros avait suffisamment de liquidités pour fonctionner mais à mesure qu’elle injectait des euros frais dans le système de paiement de la zone euro, elle commençait à les en retirer. Le mercredi 19 décembre, elle retira plus de 133 milliards d’euros. Le jeudi, elle en retira 150 autres après que les taux d’intérêt interbancaire furent tombés du jour au lendemain à 3,75 %, signe de fonds excédentaires. Et le vendredi, elle avait encore retiré 141,56 milliards d’euros des marchés de la zone euro. Le président de la BCE Jean-Claude Trichet avait signalé qu’une inflation plus rapide empêcherait une baisse des taux d’intérêt et pourrait provoquer une hausse. Dans une interview accordée au Financial Time de Londres publiée le 23 décembre, il avait déclaré que la BCE continuerait de porter son attention sur les hausses de prix et ne se laisserait pas dérouter par les baisses de taux de ses homologues anglo-saxonnes. C’est donc la guerre des monnaies.

Pendant ce temps, à la Réserve fédérale américaine …

En décembre, la Fed a introduit un nouvel instrument, la term auction facility (dispositif temporaire d’adjudication) pour procurer des liquidités aux banques améri­caines au-delà de la maturité d’un jour. La Fed a organisé deux enchères en ­décembre d’une valeur totale de ­40 milliards de dollars. Le 21 décembre, elle a annoncé qu’elle en préparait deux pour ce mois et d’autres «aussi longtemps que cela serait nécessaire». Elle a fait une offre sans précédent d’échange de garanties bancaires contre de l’argent frais, premier pas vers la nationalisation des dettes des banques américaines!
Nationaliser les dettes contractées auprès des banques américaines est une manière élégante de dire que la Fed est prête à acheter «au noir» les cré­ances douteuses des banques commerciales américaines avec de l’argent nouvellement créé.
Pour la Fed, ce sont les prêts douteux «légaux» des banques commerciales américaines qui sont considérés comme le vrai problème. La BCE considère à juste titre que le problème, c’est la quantité d’argent en circulation.

L’UE n’a aucun besoin d’échange de devises avec la Fed

Le 12 décembre, les responsables de la FED ont passé un accord de swap de ­24 milliards de dollars avec la BCE et la Banque nationale suisse afin de répondre aux besoins en dollars des ­banques euro­péennes! Comme le reste du monde, ­l’Europe est envahie de dollars qui se ­trouvent à la BCE et dans les autres ­banques centrales européennes.
L’UE n’a aucun besoin d’accord de swap avec la Fed. Elle peut effectuer partout ses paiements avec les dollars qu’elle possède déjà. Et elle peut également le faire dans le monde entier avec ses euros. Ce n’est pas l’Europe qui a besoin de davantage de dollars, c’est la Fed qui a besoin d’euros au cas où elle serait forcée de soutenir la valeur internationale du dollar lors d’un bouleversement monétaire important.
Alors que l’Europe est près d’être submergée de «réserves» (c’est-à-dire de dollars), la Fed ne possède que pour 41 milliards de dollars de monnaies étrangères. Ces 41 milliards pourraient être balayés en quelques minutes si la Fed était forcée de soutenir le dollar.
L’accord de swap avec la BCE et la BNS doit simplement permettre à la Fed d’accéder aux réserves monétaires d’autres pays. Tout cela pour soutenir le dollar.

Source: The Privateer, no 594 (janvier 2008)
(Traduction Horizons et débats)