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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2011  >  N°35, 5 septembre 2011  >  L'économie a-t-elle oeuvré avec de faux modèles informatiques? [Imprimer]

L’économie a-t-elle oeuvré avec de faux modèles informatiques?

ef. Du 24 au 28 août eut lieu à Lindau, au bord du lac de Constance, la quatrième rencontre des lauréats de prix Nobel pour l’économie, soit en tout 17 des 38 lauréats encore en vie – parmi eux George Akerlof, Roger Meyerson et Joseph Stiglitz. D’autres économistes et près de 400 jeunes scientifiques de 65 pays participèrent aux conférences et aux discussions.

Le 26 août, Joseph Stiglitz s’exprima sur le thème «Essayons de nous imaginer une économie qui fonctionne: des crises, des contaminations et la nécessité de nouveaux paradigmes.»

Il reconnut clairement qu’actuellement nous ne vivions pas un moment heureux de la macroéconomie. Le monde économique n’avait pas prévu la crise financière de 2008. «En août 2008, il y eut ici à Lindau, une discussion entre des lauréats du prix Nobel et la jeunesse montante, au cours de laquelle on évoqua à peine la crise qui s’annonçait. Les modèles macroéconomiques ont pour tâche essentielle, tout comme les autres sciences, de prévoir avec quelque certitude l’avenir. Cela n’a pas fonctionné.»

Stiglitz en tira la conclusion que les modèles en cours étaient faux et le sont toujours. Il s’agit de simplifications, et de surcroît des fausses. Ben Bernanke, le chef de la Banque centrale américaine FED, avait affirmé en 2007 encore que tout était sous contrôle. Une erreur désastreuse, comme la suite le prouva.

Stiglitz présenta aussi de nouvelles mesures destinées à assurer une bonne économie. Si les modèles économiques étaient valables, il y aurait moins de chômage. Mais c’est le contraire qui se produit. Le chômage dans le monde est resté stable à un haut niveau entre 2007 et 2011.

En revanche, les modèles des économistes ont contribué à la catastrophe. Pour preuve, Stiglitz désigna les modèles de dettes assurées par des titres. Ce fut un échec total.

Les modèles en cours se contentent d’occulter la réalité. Lors d’un entretien avec un collaborateur d’une banque centrale, Stiglitz comprit qu’on travaille avec des modèles économiques qui ne prennent nullement en compte que les banques pourraient ne plus accorder de crédits. Dans ces modèles on part du principe que des crédits sont à disposition et qu’ils sont accordés, sans se préoccuper de savoir d’où ils viennent, ni même si on les transmet.

Et que fait le monde économique actuel? Il n’a toujours pas de modèle de «récupération» qui permettrait à l’humanité de sortir de la crise. Stiglitz demande donc une meilleure collaboration des économistes pour traiter ces questions. Il faut créer un réseau d’économistes.   •