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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2012  >  N°25, 18 juin 2012  >  De l’Organisation de défense à la machine de guerre [Imprimer]

De l’Organisation de défense à la machine de guerre

Les guerres d’agression de l’OTAN, en violation du droit international, depuis 1999

thk. Lorsque l’Union soviétique s’effondra en 1991 et que l’alliance militaire de l’Est, le Pacte de Varsovie, finit par être dissoute définitivement, il aurait été logique que l’OTAN soit aussi dissoute, et ainsi la guerre froide aurait définitivement pris fin. Mais rien de cela n’est arrivé, bien au contraire. En contradiction avec les promesses que George Bush avait faites au dernier dirigeant soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, de ne pas élargir l’OTAN vers l’Est et de n’inclure aucun des anciens pays du Pacte de Varsovie ou des Républiques socialistes soviétiques dans l’alliance militaire, les plans à long terme de l’OTAN furent tout autres: expansion vers l’Est et encerclement de la Russie. Le nombre d’Etats membres a été augmenté en peu de temps de 16 à 28, bien que l’ancien adversaire eût depuis longtemps disparu de la scène de l’histoire universelle.
Les véritables intentions que l’empire des Etats-Unis ont poursuivies concernant l’OTAN se sont révélées au plus tard en 1999: à l’occasion de la guerre illicite, du point de vue du droit international, contre la Serbie. Henry Kissinger, ancien ministre des Affaires étrangères des Etats-Unis et stratège militaire américain, a fait, dans une interview accordée à la «Welt am Sonntag» en septembre 1999, la remarque que cette guerre correspond à la «ligne de partage des eaux». Il a parlé de guerres menées au nom de la «moralité» et des «droits de l’homme», et d’une «vertu en crise de folie meurtrière».

Des guerres d’agression au nom de la paix et des droits de l’homme

A cette époque, l’OTAN avait mené une guerre d’agression illégale contre la Serbie, Etat membre de l’ONU, sans mandat des Nations Unies, et commis ainsi un crime de guerre très grave. C’était une guerre non seulement en violation du droit international, mais également en violation des propres statuts. Car c’est seulement à l’occasion du cinquantenaire de l’OTAN à Washington en avril 1999, après que la guerre ait déjà fait rage pendant quatre semaines, que l’OTAN s’est donné une nouvelle doctrine et a muté d’une alliance de défense en un pacte d’agression, sans que les Parlements des pays-membres aient pu se prononcer.
Ce fut dès lors une guerre d’agression au nom de la «paix» et des «droits de l’homme», ainsi que pour la «protection des ressources importantes et des intérêts vitaux», au moins conforme au statuts, mais toujours en violation du droit international.
Par cette mesure, l’OTAN s’est arrogé à elle-même le droit, sans aucune légitimation légale au niveau du droit international, de mener à l’avenir des guerres contre les termes de la Charte des Nations Unies et ainsi contre le droit international contraignant. Au cours de son mandat, Bill Clinton défendit ouvertement son point de vue que l’OTAN devrait fonctionner autant que possible en conformité avec l’ONU, mais si nécessaire aussi sans elle. Les Etats-Unis, étant la puissance principale de l’OTAN, font valoir leur droit d’intervention en violation du droit international partout où leurs propres intérêts sont en jeu. Une violation flagrante du droit international est une infraction contre les termes et l’esprit de l’ONU. On n’a observé aucune résistance de la part des autres pays-membres.

Des bombardements continuels pour «protéger la population civile»

Depuis 1999, l’OTAN a été impliquée dans différentes guerres – de l’Afghanistan à l’Irak, et même si cela n’était pas officiellement déclaré, jusqu’à la Libye – et a laissé partout un désastre au niveau humain, politique et militaire.
Dans l’exemple le plus récent, la guerre contre la Libye, l’OTAN a montré, comme déjà en Afghanistan, de quelle manière elle passe outre le droit international et – au lieu de protéger la population civile, comme le demandait la résolution 1980 de l’ONU – comment elle a mené, dans le langage de l’OTAN, une «full scale war», une véritable guerre avec toutes ses conséquences pour imposer ses propres intérêts. Au total, l’OTAN a mené en Libye 30 000 frappes aériennes et soutenu les rebelles militairement. Les dégâts sont énormes, le nombre de victimes s’élève à des dizaines de milliers de personnes. Quand on sait que, selon des informations triomphales du Pentagone, pendant la guerre contre la République fédérale de Yougoslavie des milliers de missions aériennes ont été effectuées par l’OTAN afin de bombarder le pays de façon qu’il se retrouve «à l’âge de la pierre», – sans parler des armes utilisées, qui ont contaminé des contrées entières avec les armes à l’uranium dont les conséquences se font sentir aujourd’hui encore –, on peut difficilement imaginer les destructions terribles commises en Libye.
Tout comme au Kosovo ou en Libye, les Etats-Unis insistent, avec le soutien des pays de l’OTAN, sur une mission de l’alliance de guerre contre la Syrie. Grâce à la Chine et la Russie qui ont déposé leur veto au Conseil de sécurité contre une intervention militaire – parce qu’ils avaient appris la leçon des conséquences de la résolution libyenne – il a, jusqu’à présent, été épargné à la Syrie un bombardement à grande échelle par l’OTAN. Ainsi, la résistance contre l’autoritarisme occidental apparaît au grand jour.