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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2010  >  N°10, 15 mars 2010  >  La coopérative – un modèle d’honnêteté, de sincérité et d’humanité [Imprimer]

La coopérative – un modèle d’honnêteté, de sincérité et d’humanité

ts. Lorsque la crise mondiale économique des années 30 du siècle passé précipita une grande partie de la population partout dans le monde dans le chômage, la désespérance et dans la misère, il y eut beaucoup de gens qui commencèrent à s’organiser eux-mêmes en recourant à des structures économiques qui avaient fait leur preuve depuis longtemps et qui avaient connu un essor sans précédent au XIXe siècle. Il s’agit des coopératives, organisées selon le principe «one man, one vote», c’est-à-dire selon le principe de la coopération sur pied d’égalité et du respect de la dignité de l’homme, offrant dans le passé et dans le présent actuel d’une part une bonne alternative à l’économie planifiée commu­niste et d’autre part au régime brutal et radical des monopoles, des capitaines de l’industrie et de la haute finance.
Actuellement à l’ère des caisses vides des Etats et face à une inflation imminente, beaucoup de gens se souviennent du travail dans des coopératives volontaires. Les valeurs de celles-ci ont été décrites par l’Alliance coopérative internationale, fondée en 1895 à Londres, de la manière suivante: «Les valeurs fondamen­tales des coopératives sont la prise en charge et la responsabilité personnelles et mutuelles, la démocratie, l’égalité, l’équité et la solidarité. Fidèles à l’esprit des fondateurs, les membres des coopératives ad­hèrent à une éthique fondée sur l’honnêteté, la transpa­rence, la responsabilité sociale et l’altruisme.»
Au cours des années, divers types de co­opératives se sont développés, par ex. la co­opérative productrice, les coopératives de consommation, les coopératives agricoles, les coopératives d’habitation, les coopératives d’épargne et de crédit, (Caisses ­Raiffeisen, Caisses d’épargne et de crédit), ainsi que les sociétés coopératives de droit public.
En Suisse, dans le courant d’une histoire de plus de 700 ans, la démocratie directe s’est développée sur la base de ces coopératives dans les communes.

Résistante aux crises et fondatrice d’identité

Le grand avantage des coopératives, précisément aux temps des bulles financières des Hedge-Fonds, du capitalisme prédateur, ­réside dans le fait que les coopératives ne peuvent ni être reprises ni rachetées, puisque – comme nous venons de le dire – le principe de «one man, one vote» est en vigueur.
De par le monde, il y a quelque 800 millions de membres individuels de coopératives, et c’est ainsi que les coopératives représentent la plus grande organisation non gouvernementale (ONG) du monde, dont l’organisation faîtière est l’Alliance coopérative internationale avec siège à Genève. Rien qu’en Europe, il y a aujourd’hui plus de 250 000 coopératives comptant 100 millions de membres et 20 millions de collaborateurs.
Les avantages des coopératives en temps de crise résident dans leur structure décentralisée, leurs connaissances locales, leur imbrication étroite avec l’économie locale et régionale, et leur coopération dans le système associatif, en Suisse, par exemple, dans l’Association des coopératives agricoles de Suisse orientale VOLG et dans l’association coopérative des banques Raiffeisen.
Les coopératives contribuent ainsi à la prospérité régionale, où leurs membres travaillent et vivent. Elles ne sont pas contraintes à faire des profits à court terme, et les coopératives ne consentiraient jamais au déplacement de la production vers des pays à bas salaires, sans égard aux conséquences sociales – tout au contraire des sociétés anonymes qui convoitent un profit maximal de leur argent placé, sans être liées à une région et ses habitants. C’est justement cet enracinement local qui fait partie de l’identité de la coopérative.
Dans des petites et plus grandes co­opératives et en particulier sur le plan poli­tique communal, cantonal et fédéral, on peut constater que les membres sont liés par un «sentiment d’identité». Un sentiment d’identité qui, cependant, n’exclut ni ne méprise leurs prochains extérieurs au groupe, mais qui cherche le contact avec eux, c’est-à-dire la coopération. Comme la Direction du développement et de la coopération (DDC) en donne l’exemple en Suisse, cet engagement ne se limite pas seulement au propre continent, mais on cherche la coopération avec des êtres humains dans des régions lointaines, de même que leur soutien, comme par exemple la Mongolie.
Sur ce fondement, on peut faire face à une crise économique générale induite par les hommes eux-mêmes, de par la base et partout dans le monde, économiquement et aussi politiquement, car dans l’idée de la coopérative on trouve la cellule de toute véritable démocratie directe. Selon la devise: «Un pour tous, tous pour un.» Et ceci justement et particulièrement en l’an 2010!     •

Les coopératives préservent la dignité humaine

«Les membres d’une coopérative sont reliés par trois ‹principes›: l’effort personnel, l’autogestion et la coresponsabilité. Celui qui y adhère n’est pas soumis, mais copropriétaire et cogestionnaire à part égale. Lors des assemblées, il a le même droit de vote que les autres membres, en opposition à l’ordre ancien selon lequel les riches et les nobles se dotent d’un plus grand pouvoir de vote que les moins lotis, et de la même façon que les sociétés anonymes de l’économie capitaliste moderne garantissent plus d’influence de décision aux propriétaires de gros paquets d’actions qu’aux petits actionnaires. La personnalité, oui, la dignité humaine est préservée dans une coopérative. Chaque individu en tant que membre d’une coopérative est par essence ‹quelqu’un›.»

Georg Thürer. Die Genossenschafts­idee im schweizerischen Staat, 1977. In: Gemeinschaft im Staatsleben der Schweiz. Hauptverlag 1998, p. 193