Horizons et débats
Case postale 729
CH-8044 Zurich

Tél.: +41-44-350 65 50
Fax: +41-44-350 65 51
Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains Journal favorisant la pensée indépendante, l'éthique et la responsabilité
pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains
18 juillet 2016
Impressum



deutsch | english
Horizons et debats  >  archives  >  2013  >  N°20/21, 17 juin 2013  >  Les principes fondamentaux de la psychologie personnaliste [Imprimer]

Les principes fondamentaux de la psychologie personnaliste

par Annemarie Buchholz-Kaiser

Il existe des principes fondamentaux de la psychologie et de la pédagogie, les essentials, qui, parce qu’ils correspondent à la nature humaine, sont centraux pour l’enfant grandissant, valables pour la vie de famille et à l’école, tout comme plus tard dans le vivre-ensemble social, servant le renforcement et le plein épanouissement des êtres humains et s’orientant à leur bien. Nous citons ici les plus importants:
La dignité humaine doit, pour ne pas rester un simple postulat, être une qualité émotionnelle vécue qui ne peut se réaliser et se renforcer que dans les rapports sociaux. Elle repose sur la réciprocité de donner et de recevoir. La famille et l’école ainsi que la société peuvent créer les conditions permettant que la dignité humaine ne soit pas seulement respectée mais vécue. Ce n’est pas par hasard qu’en 1948, suite au désastre de la Seconde Guerre mondiale, ce postulat ait été intégré comme premier point dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies:

«Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.»

La psychologie et la pédagogie, la famille et l’école peuvent en poser les bases dans le cadre de l’éducation et contribuer ainsi à leur réalisation vivante parmi les adultes. La dignité humaine n’est pas un automatisme, elle ne tombe pas toute faite du ciel, elle n’est pas une entité extrahumaine mais elle doit être fondée, renforcée, encouragée renouvelée et transmise dans le vivre-ensemble des êtres humains: elle doit être vécue pour que les enfants et les adolescents puissent la saisir émotionnellement. Pour qu’elle soit protégée en tant qu’un essential de la vie humaine, elle doit également être ancrée irrévocablement dans les constitutions des pays et dans les conventions internationales.
L’attachement social à l’environnement humain proche et élargi est une autre condition fondamentale de la santé psychique et du plein épanouissement de la personnalité humaine. Sans l’interaction sensible et réciproque entre la mère et son bébé – l’empathie – la confiance originelle ne peut pas se former chez l’enfant. Sans attachement sûr et sans ancrage psychique de l’enfant dans toute la famille (y compris le père, les frères et sœurs, la parenté et les amis) l’enfant ne peut développer et consolider pleinement son individualité, ne pourra développer son indépendance, son empathie et son sens des responsabilités. Sans chez-soi émotionnel au sein de sa famille d’origine, l’adolescent en transition vers l’âge adulte, en puberté, est davantage livré aux dangers de la consommation de drogues, de la violence, de perversions, de formes de dissociation ou de séduction politique; il manque en quelque sorte d’un système immunitaire psychique et d’un équilibre intérieure serein. Sans attachement social, l’adulte est mal préparé pour former un couple durable – ce qui est déjà assez difficile –, pour créer une nouvelle famille, tenir bon dans la vie professionnelle moderne et finalement surmonter les crises, les déceptions et les coups bas de la vie sans dépressions, maladies psychosomatiques, suicidalité etc. Dans ce sens de la vie, dans la force et le courage que l’on puise de cet ancrage humain réside finalement aussi toute la différence pour les personnes âgées en ce qui concerne leur état psychique, leur santé et leur contribution à la vie des deux prochaines générations. Pour cette raison, nous sommes entièrement favorables à une renaissance du modèle des trois générations (grands-parents, parents, enfants) et nous faisons d’excellentes expériences avec ce modèle.
L’ancrage dans sa propre culture, l’assimilation des valeurs universelles de cette culture est la condition requise pour avoir une position dans son époque et dans ce monde. C’est une condition préalable pour développer l’estimation mutuelle de personnes venant d’autres cultures et la cohabitation fructueuse des peuples. Mais nous n’entendons par cela explicitement pas la propagande en faveur d’une cohabitation multiculturelle qui ne sert que les manipulations politiques, les «hidden agendas», et qui conspire finalement à l’élimination des valeurs et des objectifs de notre culture chrétienne occidentale. Ce produit funeste de l’Ecole des sciences sociales de Francfort vise un nouveau socialisme purement matérialiste sans valeurs et suscite par conséquent la résistance de peuples tout entiers.
La liberté est une condition tout aussi essentielle pour la vie que l’air qu’on respire. Le volontariat dans la cohabitation humaine est une condition nécessaire pour que les enfants deviennent forts au sein de leur famille et qu’ils puissent assimiler les valeurs. La contrainte est néfaste, la compréhension par contre et l’attachement donnent une motivation beaucoup plus profonde et durable.
Le plus grand degré de liberté possible, tel qu’il est réalisé dans la démocratie directe, doit être remis à l’ordre du jour. C’est inévitable, vu les tendances mondiales menant à une nouvelle forme de soviétisation mais aussi face à la cruauté de l’économie mondialisée qui se développe de manière toujours plus impérialiste, ne visant que le profit et les bénéfices en bourse et sacrifiant l’être humain et le bien commun. L’économie doit servir la vie et non l’inverse: c’est la conclusion du droit naturel, de la doctrine sociale chrétienne, mais aussi de toute éthique orientée vers l’être humain et la vie et de la psychologie personnaliste.

Extrait de: Annemarie Buchholz-Kaiser, «Die Menschen stärken», Zurich 2000

(Traduction Horizons et débats)