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18 juillet 2016
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Horizons et debats  >  archives  >  2015  >  N° 11, 20 avril 2015  >  Les demandes de réparation grecques adressées à l’Allemagne ne sont pas nouvelles [Imprimer]

Cour suprême d’Italie: l’Allemagne doit dédommager les victimes des nazis!

Le 4 juin 2008, la Cour suprême italienne a annoncé sa décision concernant l’affaire Distomo: les victimes grecques des nazis peuvent demander en Italie des réparations de l’Allemagne. Ce jugement de la Cour suprême d’Italie est révolutionnaire!
Contexte: le 10 juin 1944, pendant l’occupation allemande, une unité SS allemande a attaqué le village grec de Distomo situé près de Delphes et a tué 218 habitants dont de nombreux enfants, femmes et personnes âgées. Les survivants et les proches des victimes n’ont jamais obtenu de réparation de la République fédérale allemande.
L’avocat décédé l’année passée Ioannis Stamoulis a exigé et obtenu devant les tribunaux grecs pour les victimes une réparation du dommage d’environ 28 millions d’euros. L’Areopag, la Cour suprême de la Grèce, a confirmé le jugement en 2000. Malgré la décision exécutoire, la République fédérale n’a encore payé aucun centime. Sur intervention de l’Allemagne, le gouvernement grec a même arrêté la saisie de propriétés allemandes en Grèce.
Les plaignants ont donc demandé à des tribunaux italiens de déclarer le jugement grec exécutoire en Italie. Devant les instances inférieures, ils ont obtenu raison. A la suite de quoi l’avocat Joachim Lau de Florence a saisi en 2007 des propriétés allemandes à Como/Italie («Villa Vigoni»). Le gouvernement allemand a intenté un recours.
Aujourd’hui, La cour de cassation de Rome a finalement décidé que les plaignants grecs de Distomo avaient le droit de prendre des mesures d’exécution contre les biens allemands en Italie. Selon la Cour de cassation, l’Etat allemand ne jouit d’aucune immunité dans une telle procédure, car la base du litige était un crime de guerre et parce que de tels jugements doivent trouver la reconnaissance également dans d’autres pays de l’UE.
Par cette décision, la voie est enfin libre pour aider les gens de Distomo à obtenir une réparation équitable. Si l’Allemagne continue à refuser les paiements, les propriétés allemandes en Italie devraient alors être mises aux enchères forcées.
La Cour suprême a également statué que les soldats italiens déportés (généralement appelés internés militaires italiens, IMI) devaient être indemnisés par la République allemande suite au travail forcé qu’ils ont dû accomplir sous les nazis. Les Allemands avaient exclu les IMI des versements du Fonds «Mémoire, responsabilité et avenir».

Communiqué de presse du Groupe de travail Distomo, Hambourg 4/6/08

Demandes de réparation à l’Allemagne

A l’aide d’une résolution acceptée à l’unanimité lors d’une réunion de l’Ordre des avocats de Thessalonique (DSTH), le comité de cette organisation a exigé, il y a quelques jours, des réparations de guerre allemandes. Cette résolution a été rendue publique.
L’Ordre des avocats de Thessalonique y exige du gouvernement allemand, «de remplir leurs engagements face à la Grèce, qui se rapportent à des réparations allemandes résultant des activités du Troisième Reich en Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale». On y souligne qu’il faut y ajouter, notamment pour Thessalonique, le remboursement des rançons que la communauté juive de la ville avait payé pour libérer ses membres des travaux forcés dans les diverses branches et régions de Macédoine.
En outre, dans la même résolution, on souligne l’obligation de l’Allemagne de rendre les trésors archéologiques pillés pendant l’occupation allemande. «Le gouvernement allemand qui se réfère si souvent à l’idée d’une Europe unie et des obligations de ses membres, doit maintenant lui-même également remplir ses obligations envers les Etats de l’UE, notamment si elles résultent de l’action du Troisième Reich pendant la Seconde Guerre mondiale.»

The truth commited du 23/6/12, source d’origine: Newsbeast.gr    

Contexte juridique des demandes de réparation grecques

Dans les Accords de réparations de Paris de 1946, les dettes de guerre allemandes envers la Grèce avaient été estimées à 7,1 milliards de dollars. Quelques années plus tard, sous le signe de l’émergence de la guerre froide, les Alliés occidentaux avaient déjà besoin de l’Allemagne dans leur lutte contre le communisme. C’est pourquoi il a été convenu dans le Traité de Londres de 1953 que les demandes de réparation reconnues à l’Allemagne seront renvoyées – jusqu’à un règlement définitif dans un traité de paix ultérieur. La Grèce – n’appartenant pas aux puissances victorieuses – n’avait pas voix au chapitre.
Dans les années 60, la République fédérale d’Allemagne a bien conclu de soi-disant accords généraux avec des pays d’Europe occidentale pour le paiement de dédommagements globaux. Avec la Grèce, elle a conclu un contrat correspondant de 115 millions de marks allemands, donc une fraction de la dette réelle. Les victimes de crimes de la Wehrmacht, les travailleurs déportés, les membres de la résistance ou les demandes individuelles sont cependant explicitement exclus de ce contrat. Le gouvernement grec a toujours rendu attentif que les règlements de cet accord global n’étaient pas définitifs – et même certains fonctionnaires du ministère allemand des Finances fédérales ont reconnu par écrit que les demandes de réparation grecques ne sont pas remplies par cet accord global.
Après la réunification allemande, il serait temps de négocier un «traité de paix» final – comme mentionné dans l’Accord de Londres de 1953. Mais, on contourne délibérément ce fait en concluant un soi-disant «traité 2?+?4» fixant certes le renoncement aux demandes de réparation – mais seulement avec les quatre «grandes puissances» parmi les anciens Alliés. La Grèce et plusieurs autres pays n’ont pas été impliqués dans cette solution contractuelle. Ils ne peuvent donc pas formuler de revendications – et pas non plus y renoncer.    •

Source: Ein Lied für Argyris, annexe B, Fontana Film

CICR: action de secours contre la famine en Grèce pendant et après l’occupation

Dès leur arrivée en Grèce, en 1941, les occupants italiens et allemands s’emparent de toutes les réserves alimentaires disponibles, rendant la situation catastrophique. Le CICR [Comité international de la Croix-Rouge] entreprend des négociations avec les puissances occupantes, le Royaume-Uni et la Turquie pour organiser une action de secours en Grèce. D’octobre 1941 à août 1942, le CICR fait parvenir dans ce pays 45?000 tonnes de vivres. Mais durant le terrible hiver de 1941–42, ce ne sont que 7500 tonnes qui parviennent sur place. La famine prend alors des proportions terribles; à Athènes et dans plusieurs villes du pays, le taux de mortalité dépasse de quatre ou cinq fois celui de l’hiver précédent.
Le CICR obtient l’autorisation du gouvernement de Londres de faire parvenir, chaque mois, en Grèce, 15?000 tonnes de blé canadien.
Avec le concours du gouvernement suédois – qui fournit les navires de transport – et des autorités canadiennes (qui fournissent les secours), des bateaux effectuent 94 voyages du Canada vers la Grèce; de septembre 1942 à mars 1944, ils y apportent chaque mois 17?000 tonnes de vivres. D’avril à novembre 1944, les envois mensuels passent à 29?000 tonnes.

Le ravitaillement du Dodécanèse

Alors que la Grèce est libérée en octobre 1944, les îles du Dodécanèse restent sous occupation allemande jusqu’au 8 mai 1945. Durant cette période, la population ne reçoit plus aucun ravitaillement de l’extérieur et sa situation devient catastrophique. Avec l’accord des belligérants et de la Turquie, le CICR entreprend de ravitailler l’archipel au moyen de petites embarcations, louées à Izmir. Quatre opérations ont lieu entre février et mai 1945; au total 2700 tonnes de vivres, d’habits et de médicaments, fournies par le gouvernement britannique et par les colonies grecques de l’étranger, sont ainsi acheminées sur place et distribuées à la population.     •

Source: www.icrc.org/fre/resources/documents/misc/5fzgbu.htm  du 20/2/2005